Amour de l'antiquité : Achille et Patrocle
L’amitié d’Achille et de Patrocle est proverbiale. Dès le Ve siècle av. J.-C. cependant, les Grecs y voient davantage : de manière générale, c’est à cette époque que les auteurs grecs ajoutent à des amitiés célèbres (Oreste et Pylade, Thésée et Pirithoos, Héraclès et Iolaos, etc.) une composante pédérastique. En l’espèce, le débat pour les Grecs ne vise pas à savoir si Patrocle et Achille étaient amis ou amants, mais pourquoi Homère reste si réservé sur leur relation, ou encore si Patrocle est l’éromène (bien-aimé) d’Achille ou l’inverse.
L’orateur athénien Eschine, dans son Contre Timarque (142-143), déclare ainsi :
« Bien qu’Homère évoque à de nombreuses reprises Patrocle et Achille, il passe sous silence leur désir ( érôs) et évite de nommer leur amour (philía), estimant que l’intensité extraordinaire de leur affection (εὔνοια / eúnoia) était transparente pour les lecteurs cultivés. Achille déclare quelque part (...) qu’involontairement, il a enfreint la promesse faite à Ménœtios, le père de Patrocle ; Achille avait en effet assuré qu’il ramènerait Patrocle sain et sauf à Opous si Ménœtios l’envoyait à Troie avec lui et s’il le lui confiait. Ce passage montre évidemment que c’est par désir amoureux (érôs) qu’il a pris soin de Patrocle. »
En effet, pour beaucoup des Grecs, l’émotion démesurée dont fait preuve Achille à la mort de Patrocle et son ardeur à le venger ne laissent aucune doute sur la nature de leurs relations : la réserve d’Homère est perçue comme un signe de discrétion. Le tragique Eschyle développe ce motif dans sa tragédie perdue les Myrmidons. Il représente sans détours (fr. 228b Mette) Achille pleurant sur le corps de son ami, célébrant la beauté de ses hanches et regrettant les baisers qu’ils s’échangeaient. Chez Eschyle comme chez Eschine, Achille est l’éraste et Patrocle l’éromène.
Cependant, Platon n’est pas de cet avis : dans son Banquet (180a), il fait dire à Phèdre que « ce sont des balivernes, ce que dit Eschyle quand il fait d’Achille l’amant de Patrocle. Achille était plus beau que Patrocle, et même plus beau que tous les héros, il est donc bien plus jeune, comme l’indique d’ailleurs Homère. » Malgré ce désaccord, Phèdre non plus n’a aucun doute sur les relations de Patrocle et Achille.
Néanmoins, par la suite, la tradition se stabilise sur la version d’Eschyle, plus conforme au statut social des deux hommes. Ainsi, Élien déclare dans son Histoire variée (XII, 7) : « tandis qu’Alexandre [le Grand] couronnait la tombe d’Achille, Héphaestion couronna celle de Patrocle, laissant ainsi entendre qu’il était le mignon d’Alexandre, comme Patrocle avait été celui d’Achille. »
source:wikipedia
Dirk van Baburen (vers 1594-1624) Achille se prépare à venger la mort de Patrocle 1624
Henry Fuseli (ou Füssli) – Achille tente de saisir l'ombre de Patrocle – 1803
Henry Fuseli (ou Füssli) – Achille tente de saisir l'ombre de Patrocle – 1803
Chiron enseignant à Achille par REGNAULT
Amphore peinte, Quatrième siècle avant Jésus-Christ. Achille et Patrocle jouent au Jeu des Villes (jeu de dames)
Achille(auprès de Patrocle) recevant les ambassadeurs d'Agamemnon Ingres 1801
Achille pansant Patrocle, kylix à figures rouges du peintre de Sôsias, v. 500 av. J.-C.,
Achille dépose le cadavre d'Hector aux pieds du corps de Patrocle Joseph-Benoit Suvée
Patrocle Jacques-Louis David 1780
Les Grecs et les Troyens se disputant le corps de Patrocle Antoine Wierz 1844
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