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dimanche 8 janvier 2017
jeudi 1 septembre 2016
Les vespasiennes de Paris
J'ai déjà publié certaines de ces photos dans un article racontant l'histoire des vespasiennes, haut lieu de drague homosexuelle, mais j'ai depuis trouvé ces très belles photos en haute définition. Petite promenade dans ces lieux d'aisance et de plaisir (pour certains), aujourd'hui disparus. Une occasion également de rappeler l'origine de l'expression "l'argent n'a pas d'odeur". C'est l'empereur Vespasien, successeur de Néron, qui, devant les caisses de l'état vides après la guerre civile de 68-69, décide de mettre en place une taxe, non par sur les urinoirs, mais sur la collecte de l'urine qui servait pour le tannage des peaux et la préparation des étoffes pour la teinture. Moqué pour cet impôt curieux, il répondit : pécunia non olet (l'argent n'a pas d'odeur).
La Rolls des vespasiennes : Cabinets water closets Dorion. Champs-Élysées. Paris VIIIe. vers 1874.
Chalet de nécessité du marché aux fleurs de la Cité, Dorion propriétaire. Paris IVe. vers 1875.
Chalet de nécessité du marché de la place de la Madeleine, Dorion propriétaire. Paris VIIIe. vers 1875.
Colonne Rambuteau, pont d’Arcole, c. 1865Urinoir à 1 stalle en maçonnerie. Compagnie Drouart. Quai de l’Hôtel de Ville, Paris IVe. vers 1865.
Urinoir à 3 stalles en ardoise. Chaussée du Maine, Paris XIVe. vers 1875.
Urinoir à 6 stalles en ardoise. Halles centrales, Paris Ier. 1875.
Urinoir à trois stalles, ardoise et maçonnerie. Boulevard Ornano, Paris XVIIIe. vers 1875.
Urinoir à une stalle avec écran élevé. Square des Batignolles, Paris XVIIe. vers 1875
Urinoir en ardoise à 6 stalles avec écran surélevé. Place de l’Église, Paris XVIIe. vers 1875.
Urinoir en ardoise à six stalles avec écran surélevé. Boulevard des Batignolles, Paris XVIIe. vers 1875.
Urinoir en fonte à deux stalles avec écran. Chaussée de la Muette, Paris XVIe. vers 1875.
Urinoir en fonte à deux stalles avec écrans adhérents. Paris Ier. vers 1875.
Urinoir en fonte à deux stalles avec portes. Chaussée de la Muette, Paris XVIe. vers 1875.
Urinoir enveloppé à 6 stalles. Jardin de la Bourse, Paris IIe. vers 1875.
Urinoir kiosque à 6 stalles. Plateau du Théâtre Français. Paris Ier. vers 1875.
Urinoir lumineux à trois stalles. Société Parisienne de Publicité. Paris VIe. vers 1875.
Urinoir lumineux à une stalle. Compagnie Delastre. Boulevard Sébastopol. Paris Ier. vers 1875.
Urinoir sextuplace, théâtre de l’Ambigu, c. 1875
vendredi 30 septembre 2011
L'histoire des vespasiennes
L'histoire des lieux homosexuels se confond bien souvent avec la question de la visibilité au sein de l'espace public. Lieu de drague, de rencontre, de convivialité, mais aussi de tous les dangers, les vespasiennes ont fait partie de l’histoire et de la culture des homosexuels pendant près de cent ans.
La vespasienne doit son nom à l'empereur romain Vespasien, qui a étendu le chrysargyre, un impôt spécial atteignant l'industrie et le commerce, à la collecte de l'urine, utilisée par les teinturiers pour préparer les étoffes avant de les mettre en couleur ou, quelquefois, pour dégraisser les laines, les étoffes, et plus tard à l'usage des latrines publiques. Moqué, il aurait répondu : « L'argent n'a pas d'odeur » (« pecunia non olet »).
À Paris, comme dans toutes les grandes cités, "De par le Roi, il était interdit de satisfaire aux besoins naturels". Aussi, vers 1770, le lieutenant général de la police, M. de Sartine, prit la décision de faire "disposer des barils d’aisance à tous les coins de rue" de Paris. Mais ces barils d’aisance disposés sous une porte cochère où au fond des rues, n’offraient que peu d’intimité et sentaient extrêmement mauvais. En 1834, à Paris, le préfet de la Seine, le comte Claude-Philibert de Rambuteau fit installer quatre cent soixante-dix-huit édifices fermés sur les trottoirs de la ville, et profitant des travaux d’Haussmann, les relia aux égouts.
Modèle de vespasienne, dite colonne Rambuteau, quai de l'Hôtel de Ville, vers 1865. (Charles Marville (1816-1878).)
Pour couper court aux railleries de l'opposition, qui a bien vite baptisé l’édicule « colonne Rambuteau », le préfet lance l’expression « colonne vespasienne », en référence à l’empereur. Lieu de rendez-vous des résistants pendant la Seconde Guerre mondiale, ces vespasiennes furent vite adoptées comme lieu de drague pour les homosexuels, ainsi que lieu de rendez-vous des prostitués.
« La Grande Thérèse [un travesti], attendait les clients dans les tasses. Au crépuscule, dans une des pissotières circulaires, près du port elle apportait un pliant, s’asseyait et faisait son tricot, son crochet. Elle s’interrompait pour manger un sandwich. Elle était chez elle » (Genet, 1947).
En 1834, le préfet de la Seine, le comte Claude-Philibert de Rambuteau décide l'installation de 478 édicules. En 1893, à Paris, on compte plus de 3500 urinoirs et presque 4000 en 1904.
« La Grande Thérèse [un travesti], attendait les clients dans les tasses. Au crépuscule, dans une des pissotières circulaires, près du port elle apportait un pliant, s’asseyait et faisait son tricot, son crochet. Elle s’interrompait pour manger un sandwich. Elle était chez elle » (Genet, 1947).
En 1834, le préfet de la Seine, le comte Claude-Philibert de Rambuteau décide l'installation de 478 édicules. En 1893, à Paris, on compte plus de 3500 urinoirs et presque 4000 en 1904.
Très vite les habitués l’affublairent de nombreux sobriquets. Les homosexuels du 16e arrondissement de Paris les appellent « baies », plus convenable que « tasses » (plus argotique, mais terme préféré des homosexuels.). pissotières, théières, protestantes, Tea-room à New-York. Dans les milieux plus populaires, on les avait baptisées « Ginette ». Le terme de pissotière, en référence au « trou dans la muraille d'un navire pour laisser s'écouler l'eau de surface », est resté.
" M. de Charlus portait à ce moment-là - car il changeait beaucoup - des pantalons fort clairs et reconnaissables entre mille. Or notre maître d’hôtel, qui croyait que le mot « pissotière » (le mot désignant ce que M. de Rambuteau avait été si fâché d’entendre le duc de Guermantes appeler un édicule Rambuteau) était « pistière », n’entendit jamais dans toute sa vie une seule personne dire « pissotière », bien que bien souvent on prononçât ainsi devant lui.
Mais l’erreur est plus entêtée que la foi et n’examine pas ses croyances. Constamment le maître d’hôtel disait : « Certainement M. le baron de Charlus a pris une maladie pour rester si longtemps dans une pistière. Voilà ce que c’est que d’être un vieux coureur de femmes. Il en a les pantalons. Ce matin, madame m’a envoyé faire une course à Neuilly. À la pistière de la rue de Bourgogne j’ai vu entrer M. le baron de Charlus. En revenant de Neuilly, bien une heure après, j’ai vu ses pantalons jaunes dans la même pistière, à la même place, au milieu, où il se met toujours pour qu’on ne le voie pas. " - Marcel Proust.
Mais l’erreur est plus entêtée que la foi et n’examine pas ses croyances. Constamment le maître d’hôtel disait : « Certainement M. le baron de Charlus a pris une maladie pour rester si longtemps dans une pistière. Voilà ce que c’est que d’être un vieux coureur de femmes. Il en a les pantalons. Ce matin, madame m’a envoyé faire une course à Neuilly. À la pistière de la rue de Bourgogne j’ai vu entrer M. le baron de Charlus. En revenant de Neuilly, bien une heure après, j’ai vu ses pantalons jaunes dans la même pistière, à la même place, au milieu, où il se met toujours pour qu’on ne le voie pas. " - Marcel Proust.
Lieux de consommation sexuelle furtive, les vespasiennes étaient aussi des lieux de convivialité où toutes les couches de la population pouvaient se rencontrer, d’où le terme de parloir qui leur était parfois attribué. « Lieu d’une sociabilité atypique, aujourd’hui disparue, des amitiés et des amours s’y sont nouées. » (Marianne Blidon)
Dans les années 1870, les vespasiennes les plus fréquentées sont celle de la bourse et des Champs-Elysées. C’est d’ailleurs là qu’on lieu la majorité des arrestations. Certaines « tasses » sont ainsi restées célèbres : l’urinoir public du Trocadéro est surnommée la « baie des trépassés », en raison de la répression policière et des agressions perpétrées par des bandes de voyous venues « casser du pédé ».
Certaines latrines sont souvent évoquées dans les rumeurs se nouant autour de cette géographie des lieux de drague (le boulevard Haussmann, l’avenue Gabriel, le boulevard Malesherbes, la rue de la Chapelle, le « parcours sacré », comme disait Jean GENET dans Le journal du voleur, que constituent les vespasiennes des Champs-Elysées).
Certaines latrines sont souvent évoquées dans les rumeurs se nouant autour de cette géographie des lieux de drague (le boulevard Haussmann, l’avenue Gabriel, le boulevard Malesherbes, la rue de la Chapelle, le « parcours sacré », comme disait Jean GENET dans Le journal du voleur, que constituent les vespasiennes des Champs-Elysées).
Mais ces édifices pouvaient s’avérer des endroits dangereux. Ils étaient aussi le lieu de rendez-vous des escrocs, des voleurs, des arnaqueurs, et autres maitres-chanteurs sûrs que leur victime n’irait pas porter plainte après avoir été spoliés.
L’autre danger était les rafles policières fréquentes. Le 6 décembre 1876, le comte Eugène de Germiny, trente-cinq ans, avocat à la Cour d’appel, leader du parti catholique et conseiller municipal de Paris, est surpris dans un urinoir public des Champs-Elysées en compagnie d'un jeune ouvrier, Pierre Chouard, âgé de dix-huit ans. Il fut condamné à deux, mois de prison et deux cents francs d'amende, Chouard à quinze jours de prison.
Pierre Hahn, dans un numéro de "Partisans", témoigne de certaines méthodes incitatives, qui peuvent aussi passer par des complicités dans les milieux homosexuels eux-mêmes : « Des indicateurs de police, homosexuels eux-mêmes, dans certaines vespasiennes, se laissent masturber par un, deux ou trois habitués, jusqu’à l’arrivée d’un car de police. Alors ils désignaient aux inspecteurs les plus imprudents qui les avaient touchés »
Pierre Hahn, dans un numéro de "Partisans", témoigne de certaines méthodes incitatives, qui peuvent aussi passer par des complicités dans les milieux homosexuels eux-mêmes : « Des indicateurs de police, homosexuels eux-mêmes, dans certaines vespasiennes, se laissent masturber par un, deux ou trois habitués, jusqu’à l’arrivée d’un car de police. Alors ils désignaient aux inspecteurs les plus imprudents qui les avaient touchés »
" Les water-closets des Halles, explique Félix Carlier, furent, à une certaine époque, un rendez-vous auquel on venait le soir de tous les quartiers de Paris. C'est par centaines qu'on pouvait compter les gens qui venaient la pour chercher aventure. La police avait opéré, en moins d'un mois, plus de deux cents arrestations pour outrages publics à la pudeur ".
Pour essayer d’endiguer les comportements sexuels dans les vespasiennes, la municipalité décida de leur attribuer des cabines individuelles avec porte et loquet. Comme il était trop dangereux de se rencontrer à deux dans une même cabine, la police pouvant attendre et arrêter les deux protagonistes à leur sortie, les habitués creusèrent très vite des trous dans les parois séparant les cabines, inventant par là-même le « glory-hole ».
Ces trous bouchés dans la journée par les maçons étaient très vite recreusés dans la même journée. A la fin du XIXe siècle, certaines tasses sont dotées d'un bec de gaz pour les éclairer la nuit et les rendre moins propices aux dérapages. Becs de gaz très fréquemment éteints par les habitués ou des complices.
Ces trous bouchés dans la journée par les maçons étaient très vite recreusés dans la même journée. A la fin du XIXe siècle, certaines tasses sont dotées d'un bec de gaz pour les éclairer la nuit et les rendre moins propices aux dérapages. Becs de gaz très fréquemment éteints par les habitués ou des complices.
Chez les homosexuels, le mouchoir était un signe distinctif essentiel. Un élément de reconnaissance immédiat; Porté sur le devant il indiquait les actifs, et dans la poche arrière des vêtements, les passifs. C’était là encore, les prémices du langage codé du Bandana chez les homosexuels des années 70.
Après la libération, les autorités commencent alors à décider la suppression de ces lieux de débauche. « Les vespasiennes les plus proches des casernes disparurent les premières : il y allait du salut de la France. On supprima aussi aux abords des usines des vespasiennes prolétaires où de jeunes apprentis prodiguaient des joies coupables aux ouvriers syndiqués. » (Des Français, Roger Peyrefitte).
Urinoir (système Jennings 1858-1878) devant le théâtre de l'Ambigu, boulevard Saint-Martin, Paris Xème arr., vers 1860
La législation se durcit. En 1945, la loi de Vichy est reconduite par l’ordonnance de De Gaulle du 8 février 1945, à l’instigation de Pierre Henri Teitgen. En ce qui concerne les outrages publics à la pudeur, l’article 330 punit de peines d’emprisonnement de 3 mois à 2 ans, et à une amende de 1 000 à 12 000 francs quiconque est pris en flagrant délit.
Dans les années 50, devant les plaintes des bourgeois, Paris supprime les tasses des quartiers chics.
Mais c’est au début des années soixante qu’une volonté déterminée de faire disparaitre ces édifices apparait. Les plus prisées, les circulaires à trois places, sont les premières à disparaître.
A la fin des années 70, un nouveau mobilier dont le nom sera déposé en 1980 va remplacer peu à peu les tasses : La sanisette de la société Decaux. Le Conseil de Paris vote le 28 janvier 1980 la fin de la gratuité des toilettes publiques parisiennes. Les homosexuels sont condamnés à draguer ailleurs.
Mais c’est au début des années soixante qu’une volonté déterminée de faire disparaitre ces édifices apparait. Les plus prisées, les circulaires à trois places, sont les premières à disparaître.
A la fin des années 70, un nouveau mobilier dont le nom sera déposé en 1980 va remplacer peu à peu les tasses : La sanisette de la société Decaux. Le Conseil de Paris vote le 28 janvier 1980 la fin de la gratuité des toilettes publiques parisiennes. Les homosexuels sont condamnés à draguer ailleurs.
Cimetière de latrines
La dernière vespasienne de Paris, boulevard Arago, dans le 14e arrondissement, devant la prison de la santé
La dernière vespasienne de Paris, boulevard Arago, dans le 14e arrondissement, devant la prison de la santé
(sources:
Wikipédia
Homosexualité et prostitution masculines à Paris : 1870-1918 par Régis Revenin
HAHN Pierre, Partisans, n°66-67
Le discours militant sur l’homosexualité masculine en France
(1952-1982) : de la discrétion à la politisation Alexandre MARCHANT (Mémoire de Maîtrise d’Histoire contemporaine)
Hexagone gay
Blog.& après.)
vendredi 26 juin 2009
C'est la dernière vespasienne (du nom de l'empereur romain Vespasien) de Paris, située boulevard Arago.Ces édicules avaient été implantés au 19ème siècle par le préfet Rambuteau.En ces temps où la parité n'existait pas, ces wc publics n'étaient utilisables que par les hommes.Pour les homosexuels, c'était l'un des seuls moyens de se rencontrer : il y eut quelques affaires de moeurs mémorables car, selon les régimes politiques, la "police des moeurs" (dite aussi "la mondaine") faisait le guet autour de ces édifices très fréquentés (il y avait même des "heures de pointe !".
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