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"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
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mercredi 24 janvier 2018


Gran Fury



En 1988, Gran Fury était un collectif d'artistes militants contre le sida de New York, composé de 11 membres dont: Richard Elovich, Avram Finkelstein , Amy Heard, Tom Kalin, John Lindell, Loring McAlpin et Marlene. McCarty, Donald Moffett , Michael Nesline, Mark Simpson et Robert Vazquez.
La participation des artistes visuels à ACT UP et d'autres collectifs était essentielle à l'efficacité des campagnes de protestation, d'éducation et de sensibilisation au sida. Le collectif s'est mutuellement dissous en 1995, un an avant la mort de Mark Simpson le 10 novembre 1996 du sida. Gran Fury organisé comme un collectif autonome, se décrivant comme « ... groupe d'individus unis dans la colère et dévoués à exploiter la puissance de l' art pour mettre fin à la crise du sida. »

Produisant des affiches et agitprop en alliance avec ACT UP pour accompagner la démonstration du groupe, Adam Rolston et Douglas Crimp expliquent comment Gran Fury a servi de « ministère de la propagande non officiel d'ACT UP et de graphistes guérilleros ».




Silence=Death-Project, SILENCE=DEATH, offset lithography, 1986.

Why is Reagan silent about AIDS? What is really going on at the Center for Disease Control, the Federal Drug Administration, and the Vatican? Gays and Lesbians are not expendable... Use your power... Vote... Boycott... Defend yourselves... Turn anger, fear, grief into action.



L'équation simple SILENCE = DEATH, imprimée en lettres majuscules blanches sous un triangle rose, devint rapidement la marque emblématique d'ACT UP et devint l'équivalent visuel de l'activisme du SIDA dans le monde entier. Faisant allusion à cet emblème peu de temps après son apparition dans les rues de Manhattan en février 1987, le conservateur du New Museum Bill Olander déclare que " c'était parmi les œuvres d'art les plus significatives qui avaient été inspirées et produites au coeur de la crise "

En plus d'être popularisée par des pins, des pancartes ou des T-shirts distribués par la AIDS Coalition To Unleash Power (ACT UP), SILENCE = DEATH a acquis une crédibilité institutionnelle dans le cadre d'une installation au New Yorker New Museum, à l'hiver 1987 par un collectif jusqu'alors sans nom, qui bientôt se constituerait comme Gran Fury. SILENCE = DEATH n'est donc pas seulement antérieur à ce collectif d'art bien connu mais il précède également la formation d'ACT UP de plusieurs mois.

L'emblème apparut d'abord sur des affiches collées sur tout le territoire de Manhattan par un collectif anonyme, connu sous le nom éponyme Silence = Death-Project et qui avait réalisé le dessin final de l'affiche en décembre 1986. Ses six membres - Avram Finkelstein, Brian Howard, Oliver Johnston, Charles Kreloff, Chris Lione et Jorge Soccaras - étaient eux-mêmes présents à la formation d'ACT UP en mars 1987, où ils ont proposé que leur dessin soit utilisé par l'organisation lors de sa deuxième manifestation au poste principal de New York bureau le 15 avril 1987. Peu après, des T-shirts, des macarons et des autocollants portant l'emblème ont été produits et leur vente a été l'un des premiers moyens de financement d'ACT UP.




Let the Record Show, 1987


En juillet 1987, Gran Fury avait installé les silhouettes en carton pâte de six personnes publiques les accusant d’être des criminels du sida dans la vitrine du New Museum de New York. Parmi eux, le maire de la ville de l’époque, Edward Kock, le sénateur Jesse Helms, le télévangéliste Jerry Falwell, l’éditorialiste du Times William Buckley et Ronald Reagan, bien sûr. Buckley avait proposé de tatouer les séropositifs sur l’avant-bras et les fesses pour éviter de se faire contaminer par eux. derrière eux une grande affiche murale du procès de Nuremberg. Des dalles de béton placées sous chaque personnage offraient la preuve de leurs crimes, depuis les fausses déclarations sur le SIDA jusqu'à l'ignorance totale du problème, comme dans le cas du silence public notoire de Reagan, sous la forme de citations personnelles.




Silence=Death-Project, AIDSgate, offset lithography 1987.



mercredi 10 janvier 2018



120 BATTEMENTS PAR MINUTE










Préparez vos mouchoirs,


J’ai vu 120 battements par minute. Le film relate l’histoire de militants d’Act Up Paris, fondé en 1989, selon le modèle américain né 2 ans plus tôt. L’action se situe dans les premières années du mouvement et peu avant l’apparition des trithérapies. On y suit l’histoire de Nathan (Arnaud Valois), jeune homosexuel séronégatif et de Sean (Nahuel Perez Biscayart), jeune séropositif, dont la sentence mortelle de la maladie pousse la radicalité militante. Le film nous propulse dans leur action contre les laboratoires, le gouvernement et tous ceux qui ferment les yeux sur l’urgence de la lutte contre l’épidémie. Les Zaps, occupations, Dye-in et autres encapotages d’obélisque rythment la vie de ceux qui voient tomber un à un leurs coreligionnaires. 






Deux mots semblent porter les protagonistes, colère et amour. Colère de se sentir invisible, condamné et sans espoir. Et amour, car l’urgence de la vie à vivre fait naître les passions. L’amour de Sean et Nathan est beau, fort et désespéré jusqu’au geste ultime de Nathan. Le film est triste mais pas pathos. Peut-être parce qu’on en connait de toute façon la fin inéluctable. Fin qui nous fait rager, car il s’en est fallu que de quelques mois, avec la sortie de la première trithérapie en 1996, pour qu’elle soit tout autre. Juste quelques mois. Combien n’ont pu atteindre de quelques mois, quelques semaines, quelques jours, la frontière entre la mort et la survie qu'un médicament miraculeux rendait soudainement franchissable. On a d’ailleurs appelé « médicaments de Lazare » la première trithérapie efficace tant elle arrachait in extremis à la mort ceux qui étaient en passe de succomber.






Le film de Robin Campillo fait la part belle aux réunions d’Act Up dans un amphithéâtre. L’ambiance est foutraque, pleine de l'énergie de la jeunesse, mais incroyablement maîtrisée. Ces jeunes gens, parfois très jeunes, ont réussi à se fédérer, unir leurs forces, leur énergie, instaurer des règles de fonctionnement admirables. Admirables et drôles, comme le claquement de doigts qui remplace les applaudissements. Le groupe s’organise en différents comités, dédiés aux prostitués, aux prisons, aux toxicomanes et même aux connaissances scientifiques parfois très poussées sur les mécanismes de réplication virale et les avancées des recherches. Ces malades savaient qu’ils allaient mourir et semblaient tout vouloir savoir sur ce qui allait les tuer. Des personnes en danger imminent de mort ont trouvé la force, malgré ceux qui tombaient au champ d’honneur, de lutter contre les pouvoirs publics qui, on le sait maintenant, ont été totalement en dessous de la réponse qu’on était en droit d’attendre de leur part face à cette maladie qui fauchait sa jeunesse.









Ces enfants qui mourraient n’avaient d’autre moyen que de répandre du faux sang dans les locaux des laboratoires pour qu’on les écoute et qu’on les entende. Même des homos étaient choqués de leur campagne d’affichage pour la prévention et fuyaient effrayés. Tout comme ces propriétaires d’établissement dont le chiffre d’affaire s’effondrait et qui voyaient d’un mauvais œil toute allusion à ce virus qui décimait leur clientèle. On se rappelle des propos de David Girard, le roi de la nuit gay parisienne de cette époque, sur le plateau d’Apostrophe qui, devant Bernard Pivot minimisait d’une façon outrageuse ce qui était en train de se passer.






David Girard Apostrophes 1986


Dans 120 battements par minute, malgré tout, l’humour est là, présent partout, même dans les pires moments, un humour qui réconforte, qui protège et qui fait que l’on est toujours vivant, un humour qui conjure la mort que l’on sent venir, un humour fait dans l’urgence, car il faut vivre. Il faut vivre cette vie qui va s’arrêter si brusquement. Essayer, malgré le temps qui court, d’en faire une totalité de vie.





Comme ils ont dû avoir peur ces jeunes gens. Se voyant tomber les uns les autres. Observant la courbe de leurs T4 qui chute inéluctablement. Remarquant sur leur peau une tache noire qui s’étend, le sarcome de Kaposi, quel affreux nom, qui signait l’entrée dans la maladie. Entendant les médecins leur dire qu’on ne pouvait rien pour eux, ou si peu, et qu’il n’existait pas de médicament. Voyant l’ami qui part et se demandant si on sera le prochain sur la liste.






Alors il y a l’amour, l’humour, le sexe et la danse, techno à cette époque, à 120 battements par minute, qui libère, épuise et empêche de penser.






Les anciens membres d’Act Up toujours vivants doivent tout de même bien sourire de voir que leur mouvement a d’une certaine façon été primé à Cannes et le sera peut-être aux Oscar, eux qui, jugés trop radicaux, y compris par d’autres associations, ont été les parias de la lutte contre le SIDA. Je me souviens avec délice de l’encapotage de l’obélisque de la concorde en 1993. Les regards courroucés, les réflexions hostiles, les cris d’orfraie alors que devant eux, Act Up lançait avec désespoir le message de santé publique le plus important des années 80 et 90.

En tout cas, le film est beau, très beau, et, je vous aurai prévenus, préparez vos mouchoirs.












Le virus du Sida (en jaune) peut infecter les cellules du système immunitaire grâce à leur récepteur CD4. Microscopie électronique à balayage (MEB).



vendredi 1 septembre 2017



Robin Campillo, France

120 battements par minute, 2017





















Act Up : guérilla antisida



En 1989, l’association importe un militantisme transgressif, fait d’actions spectaculaires comme le célèbre encapotage de l’obélisque à Paris. Il s’agit alors de marquer les esprits au moment où le pouvoir reste attentiste face à l’apparition de l’épidémie de sida qui tue en masse. Quitte à diviser.






Quel étonnant retour et retournement du passé. A travers l’acclamation dont fait l’objet, depuis le Festival de Cannes, 120 Battements par minute, voilà donc célébré un mouvement qui s’est, lui, toujours voulu en rupture, loin des honneurs, et en conflit ouvert avec l’ordre établi. Voilà aussi que ces années-là remontent d’un coup. Ces années où est apparue la génération Act Up, bruyante, insolente, gonflée, sans foi ni loi, mais terriblement vivante.

La naissance d’Act Up, c’est la génération «séropo». En 1989, année où Didier Lestrade, entouré de Pascal Loubet et de Luc Coulavin, créent Act Up-Paris, le paradoxe de l’épidémie du sida éclate au grand jour : une situation nouvelle émerge, impossible et intenable, celle du séropositif, porteur du virus, à l’avenir cassé, pouvant contaminer à tout moment lors de relation sexuelle ou à la suite d’une seringue partagée. Trois ans après que s’est révélé en France le drame du sang contaminé transfusé à des milliers d’hémophiles, on est déjà loin des premières années de l’épidémie.

En 1984, à la mort de Michel Foucault, son compagnon Daniel Defert fonde l’association Aides, tournée vers l’accompagnement des malades. Là était l’urgence : à l’époque il n’y avait pas de tests, il n’y avait pas de séropos, la plupart des volontaires ne se savaient pas malades. Didier Lestrade est, lui, d’une autre génération que celle des fondateurs d’Aides (chez qui il a d’ailleurs milité). Il a 23 ans quand les premiers cas de sida apparaissent en France au début des années 80. Spécialiste de musique soul, qu’il chronique dans Libé, il séjourne souvent à New York. Ce n’est pas un militant politique. Il est gay et vit à fond l’émergence de cette communauté. Il est aussi marqué par les nouvelles formes d’activisme, où le visuel s’impose sur les autres formes de luttes.

Le 26 juin 1989, lors du défilé de la Gay Pride à Paris, une quinzaine de «pédés, séropos, en colère» s’allongent sur le sol. Ils portent tous des tee-shirts marqués d’un triangle rose, sur lesquels est écrit : «Silence=Mort», reprenant la scénographie conçue par les activistes d’Act Up-New York, fondé en 1987. C’est la première action publique, et ce sera la marque du collectif. Le 1er décembre, Act Up-Paris frappe encore. Par l’image, en accrochant une gigantesque banderole sur les tours de la cathédrale Notre-Dame de Paris pour dénoncer l’attitude de l’Eglise catholique sur le préservatif. Des actions spectaculaires, toujours visibles, provocantes et transgressives, accompagnées d’un engagement physique des «combattants». L’association «la plus turbulente» de France est née, dans le conflit et la tension, et va profondément marquer le paysage de la lutte contre le sida porté par trois associations : Aides, incontournable et puissante, représentante des malades et de leurs droits ; Arcat-sida, qui se veut surtout un lieu d’expertise ; et Act Up donc, le petit frère qui emmerde les aînés, en a marre des bonnes manières, et use de l’outrance pour faire bouger les lignes.






«Ce qu’il faut, c’est une image pour la télé»

En 1989, au début du second septennat de François Mitterrand, peu de perspectives se dessinent et la France s’ennuie. Il y a, cette année-là, 4 000 cas diagnostiqués de sida et l’on commence à parler de séropositifs qui vont vivre des années terribles avant de se déclarer malades. Claude Evin, alors ministre de la Santé, met en place des structures inédites de lutte contre le virus, avec des agences de recherche et de prévention, ainsi qu’un Conseil national du sida, investi des questions éthiques.

La France se montre formellement en pointe mais, dans les faits, avec beaucoup de mots et peu d’actions, la situation reste compliquée et tendue. Les blocages sont nombreux, à l’image de ces campagnes de prévention policées à l’extrême. Le sida - maladie publique et virus privé - se révèle alors en miroir des dysfonctionnements de la société : l’exclusion, la discrimination. La mort, aussi. On meurt du sida et on en meurt massivement. Dans certains services de maladies infectieuses, ce sont plus de 10 décès par semaine. Les malades sont jeunes. Peu de traitements pour les soulager, et souvent, si souvent, la petite planète sida se retrouve au crématorium du Père-Lachaise : on estime qu’entre 1982 et 2002, le virus aura causé près de 40 000 décès en France.

C’est dans cet environnement contrasté qu’une fois par semaine, dans l’amphi des Beaux-Arts, quai Malaquais à Paris, ils se retrouvent. L’assemblée des activistes d’Act Up. Au mieux, ils sont 200. Mais indéniablement une nouvelle forme de militantisme émerge, au point que certains parlent de secte. Tout y est codifié. On n’applaudit pas, on claque des doigts. Il y a un facilitateur qui passe la parole. Au début de chaque réunion, on fait état des morts. Puis vient l’ordre du jour. Didier Lestrade s’énerve souvent car il a le sentiment que la réunion traîne. Il impose la théâtralisation des actions, répétant : «Ce qu’il faut, c’est une image pour la télé.» Ces réunions sont aussi des lieux de défouloirs, on y rit comme on y pleure. L’un lâche : «Je cherche un mec, le mien est mort.»




Keith Haring



Peu importe la réalité, «nous, on va mourir»

Act Up innove, Act Up s’impose mais Act Up fait peur aussi. Avec son discours très politique où l’Etat est systématiquement mis en accusation pour la faiblesse de sa réponse, où les gays sont accusés de complaisance et les labos d’être «des criminels». Dans ce combat, tout est bon, y compris l’exagération, voire quelques mensonges. Le nombre de séropos comme celui des morts se trouve systématiquement gonflé. Peu importe la réalité des chiffres, «nous, on va mourir», répètent les activistes. En revanche, les actions sont préparées au millimètre. Et se révèlent particulièrement bien ciblées, comme le «zap» (action brève et spectaculaire) de janvier 1993 au laboratoire d’analyses d’Artois, qui pratique alors le poolage (regroupement de différents sérums) du sang lors des tests, soupçonné de multiplier les risques d’erreurs de dépistage. Cette action entraînera la fermeture dudit labo et de cinq autres. Le 1er décembre 1993, c’est l’apogée de l’activisme visuel avec l’encapotage de l’obélisque de la Concorde, image qui fera le tour du monde.




Préservatif rose géant placé par Act Up sur l'obélisque de la Concorde, à Paris, 1er décembre 1993



Le Ministère tétanisé

Mais tout n’est pas consensuel. En avril 1991, lors d’une table ronde, des militants étaient intervenus brutalement pour tenter - en vain - de menotter Dominique Charvet, ex-magistrat qui dirige alors l’Agence française de lutte contre le sida, dont Act Up dénonce la faiblesse des campagnes de prévention. En juin 1996, a lieu le fameux Sidaction où le président d’Act Up d’alors, Christophe Martet, invité sur le plateau, lâche un «La France, pays de merde» catastrophique pour les collectes de fonds. Et en 1999, Act Up vote le principe de l’outing, qui consiste à révéler l’homosexualité de certains responsables publics aux agissements hostiles à la communauté gay. Dès février, pour la première fois, elle menace de révéler le nom d’un député de droite présent lors d’une manif anti-pacs aux relents homophobes. Si l’association renonce finalement, les débats auront été violents.

Dans les années 90, Act Up est ainsi un mélange unique : gays en majorité, «séropos» comme «séronegs», chômeurs, étudiants, filles comme garçons. Il y a beaucoup de passage, et si l’on n’y reste pas forcément longtemps, on y apprend beaucoup. Le ministère de la Santé est tétanisé devant ses actions. Les activistes ne sont pas très nombreux, mais leur impact s’avère maximum. Act Up apparaît quasi intouchable. En 1999, le collectif se fond dans un appel de 40 associations claironnant à la face des politiques : «Nous sommes la gauche.»




«Die-in» géant d’Act Up dans une rue de la capitale à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida de 1994. Photo Jean-Marc Armani



Tout change avec l’arrivée des trithérapies, en juillet 1996 au congrès de Vancouver : des traitements qui bloquent le virus et empêchent sa reproduction. Ces molécules marchent, et même de mieux en mieux, bouleversant toutes les perspectives en profondeur. La génération de combattants - à Aides, à Act Up ou ailleurs - croyait qu’elle allait mourir, elle va survivre. Beaucoup de militants ont enduré le poids de ce mot. Survivre. Mais à quoi ? Le combat n’aura plus, en tout cas, cette intensité vitale qui avait fait sa force. Il reste certes d’autres défis, comme celui de se battre pour l’accès aux médicaments des pays du Sud. Ou celui d’imposer la présence de malades ou d’activistes dans les sphères importantes du monde de la santé et de la recherche. Ce sera le cas avec la constitution du groupe TRT-5, pour «traitement et recherche thérapeutique». A l’initiative d’Act Up, cette entité interassociative réalisera pendant près de quinze ans un travail inouï de surveillance des médicaments et des essais thérapeutiques, obligeant les grandes firmes à privilégier la santé publique à leurs profits. Le groupe poursuit toujours son travail de vigie.

Vingt-huit ans après sa naissance, Act Up est toujours vivante. Elle a survécu. L’association, constituée pour la guerre et non pour la paix, tourne certes au ralenti. Elle n’est plus force de transformation sociale. Il manque, aujourd’hui, bien des noms, bien des visages. La génération Act Up s’est dispersée. Certains ont investi d’autres fronts. Des mouvements comme les Femen ou les associations LGBT se sont, à l’évidence, inspirés de son histoire - jusqu’à Nuit debout, avec son affichage de démocratie directe. C’est la vie, en somme, qui se poursuit, sur d’autres fronts.





Gran Fury, Silence = Death, 1987. Neon, 123 x 194 cm.