Les péchés capitaux
Dans la religion catholique, les péchés capitaux correspondent aux péchés dont découlent tous les autres. Ainsi, le mot capital n'est pas en rapport avec la gravité (par exemple, le meurtre n’y figure pas ; le blasphème non plus). Il vient du latin caput (« tête »), par comparaison à cette partie du corps qui dirige l’ensemble : le péché capital conduit à d’autres péchés. Pour cette raison, la Somme théologique de saint Thomas d’Aquin indique que l’appellation de « vices » serait plus appropriée que celle de « péchés ».
L'histoire des péchés capitaux ou mortels débute dans le désert égyptien. Evagre Le Pontique, ermite érudit du IVe siècle, élabore un catalogue de huit vices constituant les méchantes pensées, induites par des démons, visant à le détourner de son but contemplatif.
Pour parvenir à faire silence et réussir à connaître Dieu, le chrétien doit chercher à analyser et à canaliser ses pensées. Évagre en distingue huit qu'il appelle des « logismoï », (qu'on pourrait éventuellement traduire par penchants) : gourmandise, impureté, avarice, mélancolie (= acédie), colère, paresse, vaine gloire et orgueil.
Ce modèle est repris par Cassien (360-435) et transmis à l'Occident. Deux siècles plus tard, la théorie des vices est fondamentalement transformée par Grégoire le Grand (540-604) dans ses Moralia in Job. Il supprime la vaine gloire (qu'il identifie à l'orgueil) et l'acédie (qu'il identifie à la tristesse), mais rajoute l'envie, ramenant ainsi les passions capitales à sept.
Grégoire le Grand, Moralia in Job, Liste des vices, XII° siècle, Vendôme, BM, manuscrit 48, f. 241v.
Au XIIe siècle, les différents modèles sont uniformisés et une version corrigée du catalogue de Grégoire s'impose. Les sept vices - l'orgueil (superbia), l'envie (invidia), la colère (ira), la tristesse ou la paresse (acedia), l'avarice (avaritia), la gourmandise (gula) et la luxure (luxuria).
Les péchés capitaux sont ceux qui entraînent tous les autres, qui ne sont que véniels. Les premiers amènent les âmes en enfer, tandis que les seconds les amènent au purgatoire.
Pieter Brueghel l'Ancien, vers 1525-1569. Pays-Bas espagnols
Autoportrait
Malgré de longues recherches, je n'ai pu trouver que deux planches originales de Pieter Brueghel l'Ancien de sa série sur les péchés capitaux, la paresse et l'avarice (que je présente sous les planches de son suiveur). En revanche, j'ai pu trouver la série complète au Metropolitan Museum of Art, réalisée par un suiveur, Pieter van der Heyden, semblable à la série originale en dehors du fait étonnant que les planches sont inversées. Les planches de cette série présentées sur le Net, sont donc la plupart du temps faussement attribuées à Pieter Brueghel l'Ancien.
Pieter van der Heyden, vers 1525–1569. Pays-Bas.
Les sept péchés capitaux,
d'après Pieter Brueghel l'Ancien, 1558. Editeur Hieronymus Cock (vers 1510–1570). The Metropolitan Museum of Art New York.
Acedia
Pieter Brueghel l'Ancien, Acedia, 1557. Crayon et encre gris-brun. Palais Albertina, Vienne, Autriche
Avaritia
Pieter Brueghel l'Ancien, Avaritia, 1556
Gula
Invidia
Ira
Luxuria
Superbia
Antoine Roegiers, 1980. Belgique
Les sept péchés capitaux, d'après Pieter Brueghel l'Ancien, 2011
Jheronimus Bosch, vers 1450-1516. Pays-Bas bourguignons
Les Sept Péchés capitaux et les Quatre Dernières Étapes humaines, date inconnue (vers 1500?). Huile sur panneau, 120 x 150 cm.Musée du Prado, Madrid (Attribution discutée)
Citations.
En haut.
Gens absque consilio est et sine prudentia / Utinam saperent et intelligerent ac novissima providerent
Car c'est une nation dépourvue de jugement, et il n'y a en eux aucune intelligence. Oh ! s'ils étaient sages! Ils considéreraient ceci, ils réfléchiraient à ce qui leur arrivera à la fin. Deutéronome 32:28-29
En bas.
Anscondam faciem meam ab eis et considerabo novissima eorum
Je cacherai ma face, je verrai quelle sera leur fin. Deutéronome 32.20
Cave Cave Deus Videt (Attention, Attention, Dieu vous voit)
Mort du pécheur (ange et démon pèsent l'âme d'un mourant)
Jugement dernier
L'Enfer et la punition des sept péchés capitaux
Paradis
Acedia
Avaritia
Gula
Invidia
Ira
Luxuria
Superbia
Paul Cadmus, 1904 - 1999. USA
Les sept péchés capitaux (The Seven Deadly Sins), 1945 - 1949. Huile sur toile
Anger (Ira)
Avarice (Avaritia)
Envy (Invidia)
Gluttony (Gula)
Lust (Luxuria)
Pride (Superbia)
Sloth (Acedia)
Otto Dix, 1891-1969. Allemagne
Les sept péchés capitaux sont réalisés en 1933, année où Hitler accède au pouvoir. Otto Dix, qui occupe une chaire de professeur de peinture à l’Académie des Beaux-Arts de Dresde, est destitué de ses fonctions. Certaines de ses œuvres sont exhibées par les nazis dans les expositions dites d’« art dégénéré » (dès 1933, mais surtout lors de celle de 1937 à Munich où huit de ses œuvres seront exposées – au total 260 œuvres d’Otto Dix seront retirées des musées allemands et certaines seront même détruites).
Les 7 péchés capitaux, 1933, Matériaux mixtes sur bois, 179 x 120 cm Staatliche Kunsthalle Karlsruhe
Louis Léopold Boilly, 1761-1845. France
Les sept péchés capitaux, 1824. Lithographies rehaussées à la couleur.
Ira
Avaritia
Acedia
Gula
Superbia
Luxuria
Invidia
Livre des Heures, pour l'utilisation de Rome (Heures de la Vierge, Office des morts) et Poitiers (calendrier, litanie); écrit et enluminé à Poitiers, France, vers 1475. Artiste: Robinet Testard
Les sept péchés capitaux
Paresse et Astaroth, 1475
Avarice et Mammon, 1475
Colère et Léviathan, 1475
Envie et Belzébuth, 1475
Gourmandise et Berith, 1475
Luxure et Asmodée, 1475
Orgueil et Lucifer, 1475
André Lambert, 1884-1967. France
Les sept péchés capitaux, 1918. Gravures en couleurs
Avaritia
Invidia
Luxuria
Superbia
Acedia
Gula
Ira
Et surtout, succombez à certains d'entre eux...