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"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
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vendredi 26 janvier 2018


Anders als die Andern, 1919. Allemagne


 Richard Oswald et Magnus Hirschfeld






Différent des autres (Anders als die Andern) est un film allemand de 1919, réalisé par Richard Oswald, et écrit par Richard Oswald et Magnus Hirschfeld, médecin allemand et cofondateur en 1897 du Comité scientifique humanitaire, le WhK. Ce film est l'un des tout premiers à défendre la cause des homosexuels. Il dénonce le paragraphe 175, qui pénalisait alors toute relation homosexuelle entre hommes en Allemagne.




Magnus Hirschfeld





Le violoniste virtuose Paul Körner (Conrad Veidt) est victime de chantage de la part du prostitué Franz Bollek. Körner refuse de continuer à payer toujours plus d'argent au maître-chanteur, Bollek le dénonce pour infraction au paragraphe 175. Au cours du procès qui s'ensuit, le docteur Magnus Hirschfeld (qui joue son propre rôle), prononce un ardent plaidoyer contre l'intolérance et la discrimination dont sont victimes les homosexuels. Bollek est condamné pour extorsion de fonds, mais Körner est néanmoins condamné pour avoir enfreint le paragraphe 175. Sa réputation est ruinée, il ne supporte pas l'opprobre public et finit par se suicider.




Conrad Veidt













Le synopsis de Anders als die Andern fut élaboré par Richard Oswald avec l'aide du Dr. Magnus Hirschfeld, qui joua un petit rôle dans le film et qui participa au financement de la production par l'intermédiaire de son Institut de sexologie. Hirschfeld souhaitait utiliser l'exemple du film comme argument contre les lois en vigueur en Allemagne et notamment le paragraphe 175. Celui-ci faisait de l'homosexualité un délit passible de poursuites, mettant un grand nombre de personnes dans une situation analogue à celle du personnage incarné par Conrad Veidt.




Conrad Veidt (Paul Körner) et le docteur Magnus Hirschfeld 




Magnus Hirschfeld


La direction de la photographie fut confiée à Max Fassbender, qui avait travaillé sur Le Portrait de Dorian Gray deux ans auparavant, dans une des premières mises en scène du classique d'Oscar Wilde. Richard Oswald n'était pas encore le metteur en scène de renom qu'il allait devenir, de même que son fils Gert. L'acteur principal, Conrad Veidt devait bientôt connaître la célébrité pour son rôle dans Le Cabinet du docteur Caligari.


Le Cabinet du docteur Caligari.


Anders als die Andern a marqué l'histoire du cinéma en présentant pour la première fois un homosexuel auquel le spectateur pouvait s'identifier. L'intrigue principale inspira celle du film anglais Victim, avec Dirk Bogarde. Les lois de censure qui furent votées en réaction à ce genre de film finirent par en limiter les projections à un public de médecins et de chercheurs, et les affiches du film finirent parmi les nombreuses œuvres prétendument "décadentes" qui furent brûlées par les nazis après l'élection d'Hitler en 1933.







Un étudiant allemand et un nazi SA dans la bibliothèque du Dr. Magnus Hirschfeld en 1933



Le film fut censuré en 1920 et les copies détruites. En 1927, Magnus Hirschfeld tourna un document intitulé les lois de l'amour (Gesetze der Liebe) dans lequel il inclut une version courte de Anders als die Andern pour illustrer la question de l'homosexualité. Le documentaire s'attira lui aussi les foudres de la censure ; mais une copie avait été introduite en Ukraine, où elle avait été sous-titrée dans la langue de ce pays. Cette version fut redécouverte à la fin des années 1970 et se trouve au musée de la ville de Munich





















Anders als die Andern






Titre : Anders als die Andern
Réalisation : Richard Oswald
Scénario : Richard Oswald et Magnus Hirschfeld
Photographie : Max Fassbender
Pays d'origine : Allemagne
Format : Noir et blanc - 1,85:1 - Film muet - 35 mm
Genre : Drame
Durée : 50 minutes
Date de sortie : 30 juin 1919
Avec: Conrad Veidt (Paul Körner), Fritz Schulz (Kurt Sivers), Reinhold Schünzel (Franz Bollek), Magnus Hirschfeld (médecin et sexologue) Anita Berber (Else Sivers)





vendredi 14 juillet 2017



Race d’Ep !








Guy Hocquenghem, 1946-1988






Lionel Soukaz, né en 1953



Race d'Ep est un film documentaire français d'une durée d'une heure et demie réalisé par Lionel Soukaz avec la collaboration de Guy Hocquenghem.

Ce film militant est tourné à l'automne 1979, à l'époque des grands mouvements de libération homosexuelle et pour la reconnaissance de l'homosexualité (race d'Ep signifie « pédéraste » en verlan). Sur des textes de l'écrivain-philosophe Guy Hocquenghem, qui en est l'un des principaux acteurs, ce documentaire est une reconstitution cinématographique de l'histoire gaie et lesbienne sur une période d'un siècle. Le film affirme que « la libération des homosexuels n'est pas née dans les années 60 », mais elle a eu ses racines au milieu du 19ème siècle. C'est le point de Lionel Soukaz et Guy Hocquenghem, qui ont conçu et réalisé le film, que le développement plus ou moins simultané de la photographie et la naissance d'une conscience homosexuelle sans vergogne au 19ème siècle n'étaient pas une coïncidence. La photographie, dit le narrateur, « a créé une nouvelle définition de « l'humanité » et a donné aux homosexuels les moyens par lesquels il pouvait exprimer leurs désirs « interdits ».

Jugé scandaleux lors de sa sortie, Race d'Ep fut classé X. Mais, grâce au soutien d'intellectuels tels que Michel Foucault, Roland Barthes, Gilles Châtelet et Gilles Deleuze, ou d'un dramaturge comme Copi, le film a pu être projeté, mais dans une version expurgée.

Film culte de Lionel Soukaz, écrit et joué par Guy Hocquenghem, Race d’Ep ! propose un voyage homosexuel dans le siècle en quatre temps. Quatre histoires autour des archétypes de l’inconscient gay.

1900 : Le Temps de la pose, un ancien modèle, Il Moro, évoque le souvenir du baron allemand Wilhelm von gloeden photographiant de jeunes éphèbes dénudés pour en faire un commerce.

1930, Berlin : Des années folles à l’extermination, le récit de la secrétaire lesbienne du Dr Magnus Hirschfeld, fondateur de l’institut de sexologie jusqu'à sa fermeture par les nazis et la déportation de la plupart des homosexuels qui gravitaient autour de l'institut.

L'étape suivante nous plonge au coeur des sixties, dans un Éden hippie pour « jeunes-hommes-fleurs » où la liberté sexuelle commence enfin à poindre. On y retrouve Hocquenghem, à 16 ans qui nous narre ses aventures sexuelles à une époque où apparaissent les premiers magazines gays venus des Etats-Unis.

Enfin, avec Royal Opéra, on suit les déambulations nocturnes de deux hommes, dont Hocquenghem jouant son propre rôle, sur les berges de la Seine pour une nuit de drague dans le Paris des années 70. On remarquera la présence parmi les habitués du café de Copi, le romacier, dramaturge et dessinateur argentin, figure majeur du mouvement gay des années 70 et 80, jouant un toxicomane. On pourra regretter dans cette séquence qu'il ne soit fait aucunement allusion à la lutte politique des homosexuelles durant cette période ni au fameux FHAR (Front homosexuel d'action révolutionnaire) créé pourtant par Hocquenghem lui même et que cette époque ne soit retransmise qu'à travers l'insouciance de la drague, notamment aux tuileries. D'ailleurs on peut reprocher au film dans son intégralité une certaine légèreté et un survol des différentes périodes (sauf peut-être celle consacrée au docteur Hirschfeld, plus grave), chose un peu inattendue quand on connait le combat politique qu'a mené son auteur pour la reconnaissance des droits des homosexuels.




Raúl Damonte Botana, dit Copi (1939-1987) [voir article]




Race d'ep! à la télévision en 1979








Les années 1900 Le temps de la pose




Autoportrait de Wilhelm von Gloeden











Quelques épisodes de la vie du baron von Gloeden sont illustrés par des photographies, notamment des nus d'adolescentes et d'adolescents. Il est né en 1856 sur les bords de la Baltique. A vingt ans, tuberculeux, il décide de visiter la Sicile et s'installe à Taormina. En 1888, ruiné, il fait de la photographie. Il Moro, son modèle préféré, parle de sa rencontre avec le baron. Après avoir observé les adolescents dans leurs jeux, il leur demande de poser nus dans sa maison. Il récite des vers grecs, indique les postures et agrémente leurs têtes de fleurs. A la belle saison, les poses ont lieu sur la terrasse. Il veut parfois représenter la douleur et les attache sur des roues, en imprimant des contorsions à leurs corps. La nuit, les poses ont lieu dans un petit jardin tropical. Avertis, des touristes viennent pour acheter ses photographies.




Pancrazio Buccini (Il Moro), 1879-1963 (voir ses relations avec von Gloeden ici)









Les années 30, le troisième sexe ou des années folles à l'extermination




Magnus Hirschfeld (1868-1935)








Deuxième (les années trente) et troisième parties (les années 60, sweet sixteen in sixties) de cette histoire de l'homosexualité, qui débute au XIXe siècle en Allemagne. Les leaders du mouvement homosexuel sont tous des médecins, dont le plus important est Magnus Hirschfeld. Son mouvement, qui prend son essor dans les années vingt, va médicaliser l'homosexualité, ce qui permet d'adoucir la répression. L'arrivée du nazisme remet en question ce mouvement. Évocation du saccage par les nazis, en 1933, de l'Institut de recherches sexuelles de Hirschfeld à Berlin. Une ancienne secrétaire raconte l'événement. Les nazis arrêtent les médecins, brûlent les livres et déportent les homosexuels.









Les années 60. Sweet sixteen in sixties











Dans les années soixante, un homme raconte son adolescence et la libération sexuelle. Il drague d'autres hommes à Berlin, Amsterdam, Paris. Au Maroc se déroule une scène d'orgie entre hommes, entrecoupée de photographies et d'illustrations pop.









Les années 70. Royal opéra










La même nuit est contée par deux voix différentes. Un Américain, représentant en machines agricoles de retour de Singapour, est en escale à Paris pour quelques heures. Il se fait aborder, en achetant des cigarettes, par un Français homosexuel au café Royal Opéra. Ils boivent beaucoup et, au petit matin, déambulent de l'Opéra aux rives de la Seine. Le Français lui parle de Marrakech. Après avoir uriné dans la rue de Rivoli, ils passent par le jardin des Tuileries, puis se séparent, à la grande déception du Français, le long des berges de la Seine. Plus tard, le Français raconte les événements de la nuit au téléphone, mais d'une manière fort différente.

Tu sais on a fait les poubelles à cinq heures du mat’, il a trouvé une pièce de un franc, ça porte bonheur ; on était encore ronds comme des billes, et on s’est mis à pisser en pleine rue. Il a une bite, mais une bite, c’est pas une queue, c’est une trompe…” Guy Hocquenghem







dimanche 30 avril 2017








lundi 24 octobre 2016










jeudi 20 mai 2010

Différent des autres (Anders als die Andern) Film de Richard OSWALD coécrit par Magnus HIRSCHFELD (Allemagne, 1919, Muet, 50’)









Conrad Veidt, Fritz Schulz




Reinhold Schünzel, Conrad Veidt



"Différent des autres" est un film muet rarement diffusé sur grand écran et sans doute l'un des tout premiers à aborder ouvertement la question de l'homosexualité.

Tourné en 1919 par le réalisateur Richard Oswald, qui en a écrit le scénario avec Hirschfeld, le film met en scène l'histoire d'un jeune pianiste, traîné en justice pour infraction au paragraphe 175. Au cours de son procès, le Dr Magnus Hirschfeld (interprété par... lui-même) prend sa défense et livre un vibrant plaidoyer pour le droit à la différence.

Le violoniste virtuose Paul Körner (Conrad Veidt) est victime du chantage d’un prostitué et se fait dénoncer pour infraction au § 175. Au cours de son procès, le docteur Magnus Hirschfeld prononce un ardent plaidoyer contre l’intolérance et la discrimination dont sont victimes les homosexuels. Condamné, Körner voit sa réputation ruinée et se donne la mort.

« C’est peu dire que ce film marque une évolution radicale dans l’histoire des représentations de l’homosexualité : on pourrait même parler de rupture s’il ne s’était avéré une expérience sans le lendemain, un essai de cinéma engagé qui n‘aura pas de descendance durant prés d’un demi siècle». (Didier Roth-Bettoni)

Interdit par la censure, le film a longtemps été perdu avant une reconstruction par la cinémathèque de Munich en 2004.

La direction de la photographie fut confiée à Max Fassbender, qui avait travaillé sur Le Portrait de Dorian Gray deux ans auparavant, dans une des premières mises en scène du classique d'Oscar Wilde. Richard Oswald n'était pas encore le metteur en scène de renom qu'il allait devenir, de même que son fils Gert. L'acteur principal, Conrad Veidt devait bientôt connaître la célébrité pour son rôle dans Le Cabinet du docteur Caligari.

Anders als die Andern a marqué l'histoire du cinéma en présentant pour la première fois un homosexuel auquel le spectateur pouvait s'identifier. L'intrigue principale inspira celle du film anglais Victim, avec Dirk Bogarde. Les lois de censure qui furent votées en réaction à ce genre de film finirent par en limiter les projections à un public de médecins et de chercheurs, et les affiches du film finirent parmi les nombreuses œuvres prétendument "décadentes" qui furent brûlées par les nazis après l'élection d'Hitler en 1933.

Le film fut censuré en 1920 et les copies détruites. En 1927, Magnus Hirschfeld tourna un document intitulé les lois de l'amour (Gesetze der Liebe) dans lequel il inclut une version courte de Anders als die Andern pour illustrer la question de l'homosexualité. Le documentaire s'attira lui aussi les foudres de la censure; mais une copie avait été introduite en Ukraine, où elle avait été sous-titrée dans la langue de ce pays. Cette version fut redécouverte à la fin des années soixante-dix et se trouve au musée de la ville de Munich.

En 1982, cette version courte du film fut projetée dans le cadre du festival du film homosexuel de Francfort, avec l'agrément du musée de Munich. Les sous-titres ukrainiens furent traduits par un interprète pendant la projection.

Depuis le musée du cinéma de Munich a produit une version pratiquement entièrement restaurée du film, distribuée par l'éditeur Salzgeber à Berlin.