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"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
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lundi 17 mai 2010


Lundi 17 mai 2010 :


journée mondiale contre l'homophobie et la transphobie






Aujourd'hui a lieu la 6éme journée mondiale contre l'homophobie et la transphobie. Lancée en 2004 par l'intellectuel français Louis-Georges Tin, président du comité Idaho (International Day against Homophobia and Trans), cette journée est célébrée dans plus de 50 pays, des centaines d'associations de lesbiennes, gays, bisexuels et transexuels (LGBT), ayant rejoint l'ONG Idaho.

La date du 17 mai a été choisie car c'est à la date du 17 mai 1990, que l'OMS a retiré l'homosexualité de la liste des maladies mentales. La transphobie a été retirée de cette liste en 2009 par la france, elle est toujours classifiée dans cette liste aux Etats-Unis.La France a annoncé son intention de demander à l'Organisation mondiale de la Santé de retirer le transsexualisme de la liste des maladies mentales.

Les ministères de la Santé et des Affaires étrangères écrivent, après leur demande sur la reconnaissance de la transsexualité, lundi, "La lutte contre les violations des droits de l'Homme fondées sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre est l'un des axes de la politique de la France en matière de droits de l'Homme".

La campagne 2010 porte sur le thème "Religions, homophobie, transphobie".





"Notre intention est de combattre l'intégrisme et le fondamentalisme en promouvant des voix progressistes qui refusent l'utilisation d'arguments religieux pour perpétrer la violence et la haine", explique Louis-Georges Tin. En effet, "les violences homophobes et transphobes sont souvent le fait de personnes qui utilisent les religions pour justifier leurs positions", souligne en préambule le texte de cet appel. Pourtant, la religion ne doit pas être un "outil d'oppression" mais plutôt un "instrument de libération et de construction de paix entre les peuples", ajoute le texte, soulignant que "toutes les religions doivent constituer des lieux de sécurité pour tous les êtres humains".

Sept pays punissent l'homosexualité de la peine de mort et 80 d'une peine de prison.
L’homosexualité est partout discriminée ; dans quatre-vingts Etats au moins, les actes homosexuels sont condamnés par la loi (Algérie, Sénégal, Cameroun, Ethiopie, Liban, Jordanie, Arménie, Koweït, Porto Rico, Nicaragua, Bosnie...) ; dans plusieurs pays, cette condamnation peut aller au-delà de dix ans (Nigeria, Libye, Syrie, Inde, Malaisie, Cuba, Jamaïque...) ; parfois, la loi prévoit la détention à perpétuité (Guyana, Ouganda). Et dans une dizaine de nations, la peine de mort peut être effectivement appliquée (Afghanistan, Iran, Arabie Saoudite...). En Afrique, récemment, plusieurs présidents de la république ont brutalement réaffirmé leur volonté de lutter personnellement contre ce fléau selon eux " anti-africain ". Même dans d’autres pays où l’homosexualité ne relève pas du code pénal, les persécutions se multiplient. Au Brésil par exemple, les Escadrons de la mort et les skin heads sèment la terreur : 1960 meurtres homophobes ont pu être recensés officiellement entre 1980 et 2000. Dans ces conditions, il paraît difficile de penser que la " tolérance " gagne du terrain. Au contraire, dans la plupart de ces Etats, l’homophobie semble aujourd’hui plus violente qu’hier. La tendance n’est donc pas à l’amélioration générale, tant s’en faut.



A l'occasion du 17 mai, a été lancé au niveau national, l’appel du 17 mars : concernant les religions, l’homophobie et la transphobie, ce texte a été rédigé au niveau national, et publié le 17 mars, sur LeMonde.fr par quatre intellectuels issus respectivement du protestantisme, du catholicisme, de l’islam et du judaïsme : Olivier Abel (philosophe), Jean-Claude Guillebaud (écrivain), Tarek Oubrou (imam), Rivon Krygier (rabbin).

Nous sommes plusieurs intellectuels de diverses confessions inquiets des discriminations, des violences et des humiliations dont les homosexuels et transsexuels continuent à être l'objet. Bien éloignés de croire à un "sens progressiste de l'histoire" qui serait en quelque sorte irréversible et fatal, nous sommes inquiets de voir cette tendance répressive augmenter. Au-delà des convictions spirituelles, éthiques et même théologiques, nous croyons que nos Eglises et nos confessions religieuses ont une parole publique commune à tenir à ce sujet. Elles en auront l'occasion, d'ailleurs, avec la Journée mondiale de lutte contre l'homophobie et la transphobie, qui aura lieu dans deux mois exactement, le 17 mai prochain, et dont le thème porte justement, cette année, sur les religions.

Il faut le dire, nos sociétés semblent plongées dans une crise qui est tout autant morale qu'économique. C'est peut-être ce qui explique, un peu partout dans le monde, l'appel à rétablir un certain ordre moral, qu'il soit religieux ou laïc. S'il ne s'agissait que d'un appel au sens éthique de chacun, au sens où l'éthique est une parole qui ne tombe pas d'en haut et ne s'impose pas, mais se communique de proche en proche de façon "résistible", nous ne pourrions qu'applaudir. Que la crise en effet réveille des solidarités familiales, conjugales, amicales, qu'elle montre l'importance des fidélités mutuelles par lesquelles nous sommes engagés et attachés les uns aux autres, c'est possible, souhaitable, et important. Mais cet ordre moral risque de se transformer en normes de droit qui légitimeraient plus d'exclusion et de violence, déjà perceptibles dans nos sociétés, à l'égard de ceux qui ont une sexualité différente de celle de la majorité. En effet, nous avons paradoxalement des secteurs entiers qui se "libéralisent", et d'autres où se renforcent des peurs, des cloisons et des murs là même où jadis tout était plus souple, plus ouvert à l'art ordinaire de vivre ensemble. Nous avons le sentiment que dans chaque famille religieuse se trouvent le meilleur et le pire, c'est-à-dire des expressions qui appellent au refus de ces violences et de ces humiliations, et d'autres au contraire qui y incitent.

Il ne s'agit pas de lutter pour un droit : l'homosexualité et la transsexualité sont des faits qui, sous des figures et des noms divers, ont toujours existé et existeront toujours. Ce n'est pas un fait "pathologique" à combattre, mais un fait dont il faut admettre l'existence. Que dans des sociétés où la différence des sexes est troublée par divers bouleversements sociétaux ou culturels, ce fait apparaisse sous un jour nouveau, qui fait peur ou suscite des espoirs irraisonnés, n'est pas non plus la question. Les discriminations, violences et humiliations qui frappent les homosexuels et transsexuels sont de toutes façons injustes à l'égard des personnes qui les subissent.

Nous en appelons à une déclaration commune, ou du moins à une expression claire de chacune des différentes confessions, ici en France, qui ne vise pas à demander pour les homosexuels et transsexuels le droit de se marier ou d'avoir des enfants, mais pour rappeler de façon solennelle l'importance de la lutte contre les violences homophobes et transphobes. C'est au plus haut niveau interreligieux que nous devons prendre la parole, rappeler les règles universelles des droits de l'homme, et ne pas laisser croire que nos Eglises et confessions religieuses sont complices de ce nouveau discours violent qui se répand, appelant à un ordre moral fantasmatique discriminatoire, et qui jamais n'avait existé comme tel.

Olivier Abel est philosophe, Jean-Claude Guillebaud est essayiste, Tarek Oubrou est théologien, Rivon Krygier est rabbin


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