Bhupen Khakhar (1934-2003 - Inde)
Bien qu’inspiré par les styles traditionnels de la peinture indienne, le langage visuel de Khakhar est tout à fait original. Au départ il crée une peinture complexe, finement détaillées, aux couleurs vives des scènes de la vie quotidienne, puis il a commencé à peindre des œuvres plus personnelles avec de flagrants thèmes homosexuels dans les années 1980.
Ce type de "coming out" était sans précédent dans la culture indienne, les thèmes homosexuels sont extrêmement rares dans l'art indien moderne.
Beaucoup de ses personnages dans son œuvre se regardent dans les yeux avec un amour mutuel, de la compréhension, et du désir. Bien qu’homosexuelles dans le thème, les œuvres de Khakhar s’adressent aux besoins humains universels tels que la proximité physique, l'interaction et le plaisir.
Khakhar était considéré comme l’enfant terrible de la culture indienne. Il était boudé par les médias. La raison de la timidité des grands médias n'est pas difficile à deviner. Ayant tout fait pour le marginaliser comme un peintre "gay", les médias indiens trouvaient singulièrement difficile de dialoguer avec l'honnêteté pure avec lequelle il avait dénoncé la basse hypocrisie de la classe moyenne; hypocrisie spécifiquement sexuelle.
Khakhar avait provoqué l'ire des sections conservatrices de la société avec ses toiles autobiographiques et auto-confessionnelles, en commençant par "You can’t please them All" (1981), où il célébre des thèmes homoérotiques dans des conditions extrêmement touchantes et sardoniques.
Il est intéressant de voir comment Bhupen a renversé, s’opposant à des siècles de discours légitimés, l’image du nu féminin avec sa fétichisation voyeuriste par des contre-propositions du corps de l'homme - le plus souvent des hommes âgés, difformes, décrépits, ridés, les épaules tombantes et avec organes flasques. Et il se dégage de ses personnages une terrible humanité du fait de cette fragilité.
Le contraste entre l’image qu’il avait dans les médias et celle que ses collègues artiste avaient de lui est frappant. Ils l’idôlatraient.
Son œuvre a été un combat pour lutter contre l’oppression sexuelle dans la classe moyenne, due à la religion. Ses armes : l’humour narratif, l’ironie sarcastique et l’autodérision. Khakar a eu une grande influence sur les jeunes générations d’artistes dans le sens de la révolte et la libération des mœurs.
Khakhar est décédé le 8 août 2003 à Baroda, en Inde, âgée de 69 ans.
You can't please them all, 1981
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