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"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
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dimanche 4 octobre 2009

Le Gay Poulenc*


*titre du futur livre de Simon basinger (musicologue & rédacteur en chef des cahiers Poulenc)





Francis Poulenc est né le 7 janvier 1899 à Paris, c’est un compositeur et pianiste français, membre du groupe des Six.
Son père fut l’un des fondateurs des établissements Poulenc Frères, (qui devinrent Rhône-Poulenc) Poulenc est considéré comme un compositeur autodidacte. Après une scolarité au lycée Condorcet, il connaît à dix-huit ans une première réussite avec une Rhapsodie nègre. Avec la Première Guerre mondiale, sa production n’est pas importante. Il compose Le Bestiaire, un cycle de mélodies sur des poèmes de l’œuvre de Guillaume Apollinaire.

Ricardo Viñes lui fait rencontrer Isaac Albéniz, Claude Debussy et Maurice Ravel. Poulenc fait partie, avec Georges Auric, Louis Durey, Arthur Honegger, Darius Milhaud et Germaine Tailleferre du groupe informel de musiciens que le critique Henri Collet surnommera en 1920 le Groupe des Six, Leur esthétique commune,est influencée par Satie et Cocteau.

En 1926, Francis Poulenc rencontre le baryton Pierre Bernac, pour lequel il eut un attachement affectif, il en sera son amant, et compose pour lui un grand nombre de mélodies. Il l’accompagne au piano, à partir de 1935 (et jusqu’à sa mort en 1963), dans des récitals de musique française donnés autour du monde. En 1928, le compositeur écrit Le Concert champêtre, œuvre pour clavecin et orchestre destinée à la grande claveciniste Wanda Landowska et dédié à son autre compagnon, le peintre Richard Chanelaire, qu’il rencontre alors qu’il prend pleinement conscience de son homosexualité et qui devient son premier amant. C’est pour Raymond Destouches, son deuxième amant, qu’il écrit la Figure humaine et les Mamelles de Tirésias, dans la propriété de Noizay héritée de ses parents.

Il créa son Concerto pour deux pianos en 1932 avec Jacques Février, fidèle interprète de ses œuvres. En 1935, de passage à Rocamadour et consécutivement à la mort accidentelle de son ami, le compositeur et critique Pierre-Octave Ferroud, il vit un profond retour à la foi catholique de son enfance et se tourne vers des compositions d’inspiration religieuse. Après cet événement ses œuvres pour piano se font beaucoup plus rares et sont empreintes d’une profonde mélancolie. En 1936 il compose ses Litanies à la Vierge noire de Rocamadour, pour chœur de femmes et orgue (qu’il orchestrera ultérieurement), suivi en 1937 de la messe en sol majeur pour chœur mixte a cappella, d’un Stabat Mater (1950) et d’un Gloria (1959). Le compositeur écrira aussi son fameux Les Dialogues des Carmélites en 1957. Ses deux dernières compositions (simultanées) sont la Sonate pour hautbois et piano créée par Pierre Pierlot et Jacques Février et la Sonate pour clarinette et piano créée par Benny Goodman et Leonard Bernstein.

Le critique Claude Rostand, pour souligner la coexistence ou l’alternance chez Poulenc d’une grande gravité et de la foi catholique avec l’insouciance et la fantaisie, a forgé la formule célèbre « moine ou voyou ». Ainsi, à propos de son Gloria, qui provoqua quelques remous, le compositeur lui-même déclara : « J’ai pensé, simplement, en l’écrivant à ces fresques de Gozzoli (Benozzo Gozzoli) où les anges tirent la langue, et aussi à ces graves bénédictins que j’ai vus un jour jouer au football ».

Il a laissé plusieurs enregistrements comme pianiste soliste ou accompagnateur. On dispose aussi d’enregistrements parfois supervisés par lui et interprétés par des artistes qu’il privilégiait de son vivant, comme le baryton Pierre Bernac, la soprano Denise Duval ou le chef d’orchestre Georges Prêtre.
Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise à Paris.


Membre du Groupe des Six, son style est en décalage avec la tendance dominante, marquée par le sérialisme de l’Ecole de Vienne ; il est intelligent, naturel et extrêmement mélodieux, pouvant passer du bouffon le plus gras – il admirait les chansonniers parisiens comme Maurice Chevalier au mystique le plus dramatique et au plus épuré. Il admire un certain nombre de compositeurs anciens : Schumann, Schubert, Mozart et Chopin, mais est également influencé par des créateurs plus modernes, dont Debussy qui le séduit par son langage harmonique et Stravinski avec son incontournable Sacre du Printemps. Satie également, qu’il rencontre grâce à Ricardo Vines et qui est le parrain du Groupe des Six avec Cocteau. En 1921, son professeur d’orchestration est Kœchlin et il fait connaissance avec les phares de la Seconde Ecole de Vienne. C’est également un ami d’Henri Sauguet. L’œuvre de Poulenc est riche en pièces de musique de chambre, notamment pour piano seul et de mélodies. Très croyant, il compose de la musique sacrée, des motets, un Gloria ainsi qu’une musique sur le Dialogue des Carmélites de Bernanos. Son goût poétique est très sûr, lui permettant de choisir les meilleurs textes à mettre en musique ; il est éclectique : ses auteurs de prédilection sont Apollinaire, Max Jacob, Cocteau, Louise de Vilmorin, Charles d’Orléans, Aragon, Malherbe, Garcia Lorca (les Trois Chansons en 1944), Ronsard ou encore Paul Eluard. Il est à noter qu’un bon tiers de ces auteurs sont homosexuels et une telle prédilection se retrouve chez des compositeurs tels que Britten et Ned Rorem. La dédicace de ses œuvres est souvent, elle aussi, à placer dans un contexte homosexuel. En 1923, il compose les Biches, ballet commandé par Diaghilev. Ses concerti pour deux pianos (1932) et pour orgue (1938) le sont par la princesse lesbienne de Polignac, dont le mécénat artistique était alors sans égal à Paris. Ses mélodies sont pour la plupart dédiées au chanteur Pierre Bernac, qu’il rencontre en 1926, devenant un ami très intime.

Poulenc commence à vivre son homosexualité après ses vingt-cinq ans et après une dépression qui est sans doute due pour une part à ses sentiments religieux, à la non-reconnaissance par la société de l’homosexualité, naturellement, mais aussi par la difficulté, sinon l’impossibilité, de fonder une famille : Raymonde Linossier, la seule femme qu’il ait pensé épouser, est d’ailleurs morte en 1930.

La correspondance de Poulenc –tenue de 1910 à 1963, éditée par Myriam Chimènes chez Fayard en 1994, permet de retracer l’évolution de ses sentiments :
Ses amants : Richard Chanlaire (peintre) Raymond Destouches, Stéphane Audel (comédien) , Lucien Roubert etc…
Il souffre d’une pleurésie, dont il meurt en 1955, juste après que Poulenc ait terminé son Dialogue des Carmélites. Le compositeur trouvait naturellement les tournées éprouvantes, car elles l’obligeaient à se séparer de son amant. Lors d’un déplacement aux Etats-Unis, il rencontre un couple de pianistes, Arthur Gold et Robert Fizdale, qui jouent la Sonate pour deux pianos en 1953. Il lui devient alors difficile de composer, mais la rencontre de son dernier grand amour Louis Gautier, en 1957, l’aide à retrouver son inspiration : il écrit alors sa Sonate pour flûte et la Voix humain, sur un livret de Cocteau (1958.) C’est une époque où il reprend contact avec Britten et Pears. Roger Peyrefitte écrit, dans ses Propos secrets, que Poulenc a fait de Gautier son héritier : "Poulenc était homosexuel, il vivait avec un maçon à qui il a laissé sa fortune. Son avarice était connue, bien qu'il fût apparenté au trust Rhône-Poulenc." De cette façon, Poulenc fait partie de ces homosexuels qui ne se laissent pas faire par la société et qui affirment leur droit à une reconnaissance de fait de leur couple ; il est en cela le continuateur de Custine et de Humboldt, qui a tout laissé à son fidèle domestique.
Poulenc n'était pas plus radin que la majorité des citoyens en France à l'époque. Au contraire même, dans une lettre à Denise Duval, il lui explique à un moment donné que sa fortune s'élève à 6 francs 56, il a connu la traversée du désert.














Poulenc et Cocteau

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