Kouzma Sergueïevitch Petrov-Vodkine
Kouzma Sergueïevitch Petrov-Vodkine (en russe : Кузьма Сергеевич Петров-Водкин) est un peintre, graphiste et décorateur de théâtre russe puis soviétique né à Khvalynsk (oblast de Saratov) en 1878 et mort à Léningrad en 1939.
Certains tableaux de Kouzma Petrov-Vodkine ont un caractère religieux, c'est le cas de : "La Madone de la Compassion qui touche le cœur des plus mauvais" de 1914-1915, Musée russe, Saint-Pétersbourg. D'autres comme : La Mère ou Petrograd traitent de sujets laics mais n'en sont pas moins empreints de spiritualité. Ainsi que l'a dit John Milner : son enthousiasme pour les œuvres de Matisse et des cubistes fit place à son admiration pour l'art traditionnel des icônes et le résultat fut une série de peintures où la puissance et la précision des icônes s'allient à un caractère narratif prononcé. Il est le créateur du mouvement symboliste à Pétrograd où il enseigna.
… Et tout l’Art, n’est-il pas une répétition de l’homme même en Art?
Kouzma Petrov-Vodkine, Samarcandia.
À la différence de la plupart des artistes dont les biographies sont liées à l’Asie centrale, Kouzma Petrov-Vodkine est relativement connu en Occident. Presque toutes les monographies sur l’avant-garde russe contiennent des pages qui lui sont consacrées. Pourtant son œuvre n’a pas suscité autant d’intérêt que celui des pères fondateurs de l’avant-garde. Il est possible que la peinture de Petrov-Vodkine, semblant aller dans le sens inverse de celle des avant-gardistes les plus radicaux, c’est-à-dire vers les origines plutôt que vers des horizons inconnus, n’ait pu surprendre les critiques occidentaux qui l’ont perçue comme étant néo-académique. En Russie domine un autre point de vue. Petrov-Vodkine y est considéré comme un innovateur majeur, tant sur le plan pictural que théorique. Ses ouvrages sont cités par les spécialistes russes de façon plus régulière que les écrits de Kazimir Malevitch. Cet intérêt public s’explique probablement par la quête d’origines nationales poursuivie par Petrov-Vodkine tout au long de sa carrière artistique. On pourrait ajouter que la méfiance éprouvée par l’Occident à l’égard de cet artiste était tout aussi réciproque. Au cours ses nombreux voyages à travers l’Europe, l’artiste arrive à la conclusion que les rapports entre l’homme et l’environnement sont profondément dénaturés par la culture européenne. Il constate en effet que « la science, privée de la totalité des organes perceptifs liant l’homme au monde, produit des fantasmagories qui piquent la curiosité. Elle lâche des monstres inattendus et inapprivoisables; et les roues, les leviers, les analyses et les télégraphes dévorent leurs inventeurs qui s’agitent au sein des rapports sociaux absurdes et hostilement bestiaux ».
En refusant le rationalisme et la technique qui séparent l’homme de l’univers, Petrov-Vodkin cherche de nouvelles voies vers « le divin » et … retourne à l’art iconique. En résumant ses réflexions consacrées au peintre, l’historien de l’art russe Dmitriy Sarabyanov écrit : « Petrov-Vodkine est un phénomène unique, sans précédent dans les écoles d’art européennes. Bien sûr, nous pouvons rappeler des expressionnistes allemands inspirés des icônes gothiques primitives sur verre et du style gothique, ou Rouault dont le système pictural s’est formé sous une influence des vitraux français du Moyen Âge, ou d’autres fauves français. Pourtant dans tous ces cas, il s’agit de la perception plutôt de certains éléments séparés, quoique importants, de l’art national médiéval. Quant à l’artiste russe, il cherche à reconstruire les qualités essentielles de la peinture russe ancienne comme un tout ». Pourtant, « jamais il n’imite une icône ni n’emprunte de simples éléments dans l’art iconique. Il crée un système proche des icônes sans cependant les reproduire ».
L’importance de Petrov-Vodkine dans la peinture russe des années 1910-1920 ne se limite pas au rôle-clé qu’ont joué ses célèbres tableaux dans le patrimoine artistique de la Russie – nommons par exemple Baignade du cheval rouge (1912). Mais elle est due aussi au fait que l’artiste, tout comme Kazimir Malevitch et Pavel Filonov, a fondé une école caractérisée par une nouvelle vision de la perspective et de l’espace pictural. L’idée de base de cette école est la lutte contre les artifices de la géométrie euclidienne associées aux règles de la perspective qui se sont établies dans la peinture européenne à partir de la Renaissance. Petrov-Vodkine oppose à ces règles l’idée de l’ «espace vacillant » et de la « perspective sphérique », qui font perdre les verticales et les horizontales et, par conséquent, « abolissent la loi de l’attraction universelle ». Ainsi, tout phénomène présenté dans un tableau se voit non pas comme un fait isolé dans son contexte, mais dans une perspective transcendante et « planétaire ». Petrov-Vodkine présente souvent des sujets à caractère religieux (Vierge 1915) ou des scènes quotidiennes auxquelles il apporte une tonalité biblique (Mère, 1913 et 1915; Madonna de Petrograd, 1918; Mort du commissaire, 1928), associée au renouvellement révolutionnaire de la société russe.
source: musée d'art centre-asiatique :site
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