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"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
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lundi 22 juin 2009




Egon Schiele, 1890-1918. Autriche




Egon Schiele est né en 1890 à Tulln, dans une petite ville proche de Vienne en Autriche. Dès l'enfance il exprime un réel talent pour le dessin. Son père, qui exerce le métier de chef de gare l'encourage dans cette voie, mais atteint d'une maladie mentale, il meurt en 1905. Ce décès précoce ternit la jeunesse de Egon Schiel, et lui procure une vision du monde qui dès lors sera souvent sombre et torturée. Il décide contre l'avis de son tuteur Leopold Czihaczck, de poursuivre le dessin et d'entrer à l'Académie des Beaux-Arts de Vienne. Mais il trouve que l'enseignement y est beaucoup trop académique, et il quitte les Beaux Arts en 1909 pour créer avec ses amis le 'Seukunstgruppe" ( Le Groupe pour le Nouvel Art).

Ses premiers travaux s'inspirent de l' impressionisme, mais très vite, il est attiré par la Sécession Viennoise. Son travail est alors très marqué par les travaux de Gustav Klimt. Mais d'autres influences telles que celles de Van Gogh, de Hodler, et de Georges Minne jouent aussi un rôle essentiel dans l'évolution et la construction de son style. ll peint des portraits, car ils sont pour lui à l'époque une activité lucrative. L' une des oeuvres qui marque alors un tournant dans l'évolution de son travail pictural est le "Portrait de Gerti Schiele ", sa soeur, qu'il peint en 1909 . Il la représente sur un fond vide, monochrome et uniforme. Cette mise en valeur du sujet sur des fonds monochromes sera l'une des caractéristiques de son style et marquera beaucoup d'oeuvres qu'il réalisera par la suite.

C'est à partir des années 1910 qu'il commence donc à affirmer ce style plus personnel caractérisé par le dépouillement de la forme, la sobriété du contenu, l'utilisation d' arrière plans sans ornement, sur lequel le personnage ou le sujet se détache. De plus, Schiele attache un très grande importance aux autoportraits. Il ne cherche pas à représenter sa condition sociale ni son état émotionnel, mais il cherche à transcrire l'intériorité angoissée du moi, par les positions excentriques du corps ou des mains qu'il peint. Ces positions non conventionnelles, les poses extrêmes,les traits déformés et grimaçants, créent une distance avec le spectateur et lui cause une gêne, voire une tension.

Egon Schiele dessine vite. Il a un "coup de crayon", qui constitue une caractéristique à part entière de son art. Pour lui, le dessin a une valeur pour son côté allusif, immédiat,spontané, inachevé. La coloration des dessins sert qu'à renforcer l' expression qu'il veut donner au sujet. Mais il évoluera progressivement en donnant aux parties arrondies du corps des formes anguleuses soulignées de traits fins,et exacts. Il lui arrive ausi parfois de ne pas achever le dessin, de ne pas traiter le sujet jusqu'au bout, et de laisser le tableau inachevé.

Egon Schiele enferme ses sujets dans des contours soulignés et bien visibles. Ses coloris sont les tons bruns, rouges, noirs et verts qui amplifient l'aspect dérangeant et inquiétant de ses peintures. La pâleur des chairs invoquent la mort. Cette manière d'utiliser les couleurs accentue la force expressive, et froide des compositions.

Dans son oeuvre, le nu occupe une place très importante. Il est en effet fasciné par le corps humain, par sa précarité et par les pulsions dont il est l'objet. Le corps de le femme l'inspire et il peint au cours des années des toiles dont les modèles prennent des positions de plus en plus provoquantes, et exhibant les organes génitaux. Les personnages sont souvent dans des poses figées, sans expressivité, mais remplies d'angoisse. C'est ainsi que le nu érotique et obcène a une place importante chez Schiele qu'il représente le sexe masculin ou féminin, c'est toujours de manière univoque.

Schiele donne aussi aux mains une grande importance. La main, et le geste sont généralement très expressifs et prennent aussi des poses particulières, voire énigmatiques qui influencent profondément le caractère du tableau, ou sa signification. Les mains, tout comme les visages semblent être pour Egon Schiele non pas des moyens de communiquer au sens habituel, mais des moyens d'exprimer son être profond en dehors de toute convention sociale.

L'originalité totale d'Egon Schiele est finalement qu'il fait du corps humain un puissant support de l'expressivité.Au cours de l'année 1910, il peint un grand nombre de nus expressifs.ll quitte Krumau en 1911 et s'établit à Neulenbach pour vivre avec son modèle Valérie Neuziel, dite Wally.En 1912, à la suite d'une comdamnation pour distribution de dessins immoraux, il se voit confisquer quelques-uns uns de ses dessins érotiques, et fait trois jours de prison à la suite du procès de Sankt Polten.Son sentiment d'injustice et de révolte grandit : il réalise un certain nombre de dessins érotiques de plus en plus provoquants. Sa révolte contre la société est exacerbée et trouve son expression dans un certain nombre d'oeuvres comme par exemple "Le Cardinal et la Nonne" ou dans des autoportraits où il se peint en une victime incomprise.

Egon Schiele et Valérie Neuziel se séparent en 1915. Le 17 juin de la même année, il épouse Edith Harms. Il est peu après mobilisé à Prague puis à Vienne.L'art de Schiele évolue et semble devenir plus équilibré : les thèmes ne sont plus les mêmes, les corps sont moins torturés et moins fragiles. Il peint en 1918 un tableau intitulé " La Famille" qui caractérise particulièrement cette évolution Cette année là, son œuvre connaît un véritable succès à l'exposition de la Sécession Viennoise. La plupart des tableaux qui y sont exposés sont vendus. Quelques mois plus tard , le 28 octobre sa femme meurt de la grippe espagnole et lui même succombe de la même maladie trois jours plus tard, le 31 octobre 1918.


source : le monde des arts : site






Selbsportraet (Auto-portrait), 1916





















































Egon Schiele a également écrit des poèmes dont certains ont été traduits par Nathalie Miolon et publiés par Comp'Act sous le titre Moi, éternel enfant (édition bilingue).








J’AIMAIS TOUT
Je voulais regarder les Hommes en colère avec amour
Pour obliger leurs yeux à me rendre la pareille
Et les envieux, je voulais les combler de cadeaux et dire
Que je ne valais rien. …
J’entendais de doux vents - tourbillons
Fendre les lignes d’air
Et la jeune fille,
Qui lisait d’une voix plaintive,
Et les enfants
Qui me regardaient avec de grands yeux
Et répondaient par des caresses au regard que je leur rendais
Et les nuages au loin
Ils posaient leurs bons yeux plissés sur moi.
Les jeunes filles blafardes et blanches me montraient
Leurs jambes noires et leurs jarretelles rouges
Et parlaient avec des doigts noirs.
Mais moi, je pensais aux mondes lointains:
digitales.
Si j’étais là moi-même,
Je l’avais à peine su.

Egon Schiele, extrait, recueil "moi, l'éternel enfant"






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