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"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
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mercredi 7 septembre 2016




Arman, 1928 - 2005. Franco-américain






Home, Sweet Home, 1960. Accumulation de masques à gaz dans une boîte sous Plexiglas, 160 x 140,5 x 20,3 cm. Centre Pompidou, Paris





Poursuivant ses expérimentations autour de l’objet, Arman réalise en 1959 la première de ses « Accumulations » : un entassement d’ampoules de postes de radio dans une boîte en bois peinte en noir et recouverte d’un Rhodoïd. 

Son langage s’élabore à partir d’objets banals ou insolites, utiles, usagés ou agressifs, dont la liste est quasiment inépuisable : cafetières, théières, marteaux, clefs à molette, clefs, revolvers… À la suite de son exposition « Poubelles et Accumulations » à Düsseldorf, en juin 1960, il énonce ses idées dans un texte-manifeste ( Réalisme des accumulations ) : 

« J’affirme que l’expression des détritus, des objets, possède sa valeur en soi, sans volonté d’agencement esthétique les oblitérant et les rendant pareils aux couleurs d’une palette ». 

Toutefois, l’arrangement des objets accumulés n’est pas aléatoire et relève d’« une décision, même minime, de composition », comme le dira Arman en 1997. Les « Accumulations » sont de véritables tableaux, leur qualité picturale résultant du choix des objets, de leurs couleurs et reliefs, de la variété des matières et des formes de l’ensemble. 

« Ce procédé de travail est en corrélation avec les méthodes actuelles : automation, travail à la chaîne et aussi mise au rebut en série, créant des strates et des couches géologiques pleines de toute la force du réel », conclut-il dans son manifeste de 1960. 

C’est précisément cette « force du réel » dans toute sa brutalité qui surgit avec Home, Sweet Home. En dépit de l’ironie distanciée du titre, l’entassement morbide des masques à gaz évoque en effet la guerre, la tragédie et l’horreur.

Alice Fleury

Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007




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