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"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
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mercredi 20 décembre 2017



Marc Martin, 1971. France


FENSTER ZUM KLO


Public Toilets & Private Affairs


SCHWULES MUSEUM, BERLIN
16 novembre 2017- 5 février 2018


Les toilettes publiques sont maintenant l’un des derniers bastions des liaisons homosexuelles secrètes. Souvent fréquentées par des hommes qui ne peuvent pas assumer leur sexualité librement, ou par d’autres qui aiment juste le plaisir d’un petit coup vite fait dans un espace public, les toilettes publiques sont pour beaucoup un monde avec ses propres codes. Un photographe français en a fait le sujet de son plus réçent projet de photos qui est exposé jusqu'en février 2018 à Berlin.

En anglais, le fait d’avoir une relation sexuelle entre hommes dans des toilettes publiques a même un nom ! Ça s’appelle le « cottaging ». C’est dire si cette activité est source d’inspiration et de questions.

C’est en tout cas certainement le cas pour l’artiste français Marc Martin, qui a décidé d’y consacrer une exposition complète.

« Ces endroits, où les hommes allaient et venaient constamment, ont joué un rôle dans ma sexualité, ont éveillé mes désirs et étanché ma curiosité », écrit Martin. « Là-bas, j'ai aussi eu des rencontres improbables et inattendues. »

Public Toilets & Private Affairs – comprenez « toilettes publiques et liaisons privées » – vient d’ouvrir au musée LGBT Schwules de Berlin, avec pour but de retracer une partie de l’histoire gaie qui est souvent passée sous silence. Le photographe a déclaré que ce type d’activité sexuelle restait plus une honte qu’une fierté dans la communauté gaie : « Et pourtant, ces édicules publics, qui abritent les escapades de nombreux hommes gais, de travestis, de prostitués et de libertins, ont aussi été les lieux d’une liberté débridée. » (source : Fugues)

« La pissotière n’a jamais eu bonne réputation...

Les activités détournées dans les toilettes publiques auront laissé davantage de traces dans les registres de la police des mœurs que dans les pages de la littérature. Elles seront davantage synonyme de honte que de fierté au sein même de la communauté homosexuelle. Et pourtant, ces édicules, qui se confondent avec les aventures de nombreux gays, travestis, prostitués, libertaires, abritaient aussi une sacrée liberté. Ces lieux de passage et de sociabilité atypique voyaient les classes sociales s’estomper, les différentes cultures se mélanger. Ces lieux, dits glauques et sales, offraient l’avantage de pratiques sexuelles immédiates et anonymes. Ils ont rendu bien des services à tous ceux qui ne pouvaient recevoir chez eux et afficher leur tendance au grand jour. Les « tasses » d’antan avaient bien ce mérite-là.

On a souvent reproché aux hommes qui fréquentaient les pissotières d’être lâches, qualifié de sordides leurs rencontres en ces lieux publics. Or, n’ont-ils pas osé braver les interdits ? N’ont-ils pas, depuis plus d’un siècle, osé affronter des plaisirs défendus ? J’aimerais qu’on reconnaisse à ces hommes un certain courage. Je voudrais rendre à ces endroits, qui ont abrité tant de frissons, leur part troublante de sensualité. Notre vieille pissotière n’a pas à rougir de son passé. »


L'exposition des photos de Martin est accompagnée de citations sur des urinoirs de Jean Genet et Rimbaud. Se déroulera également une conférence de l'historien de cinéma et journaliste Marc Siegel sur 'Toilettes, cinéma et désir'. Celui-ci déclare : « [l'exposition est] une exploration en retard d'une partie importante de la culture queer et de la culture du sexe homosexuel plus largement ».

Il dit que bien que les temps aient bougé, et que beaucoup d'hommes se rencontrent maintenant pour le sexe via des applications, le sexe dans les toilettes publiques offrait certains avantages.

« L'une des grandes choses à propos du sexe dans les toilettes publiques est que c'est gratuit, cela permet de rencontrer des personnes d'une autre classe et d'une autre race, et vous n'avez pas besoin de signer une identité sexuelle avant de vous engager ».

Il dit que l'exposition soulève des questions sur la nature changeante des espaces urbains.

« Explorer la culture du sexe dans les toilettes publiques est aussi un moyen de penser aux dommages causés par le développement urbain, l'embourgeoisement, la privatisation, la surveillance de l'existence et de l'utilisation de l'espace public.

Cela dit, nous ne devrions pas penser que le sexe dans les toilettes publiques est complètement relégué au passé. Heureusement, les hommes se rencontrent encore pour des relations sexuelles avec des étrangers dans les toilettes des universités, des hôtels, des gares et d'autres lieux publics et semi-publics. »

« En raison du remplacement des pissoirs historiques et des toilettes publiques par ces latrines toilettes payantes aseptisées, le nombre d'emplacements possibles pour les relations sexuelles en public a diminué. Mais ceux d'entre nous intéressés à poursuivre le plaisir sexuel dans les toilettes ne permettront pas à ces espaces désodorisés de nous barrer la route. »

Le Dr Kevin Clarke, porte-parole du Schwules Museum, a déclaré: « La nécessité pour les homosexuels de se « cacher » et de se rencontrer dans des lieux « secrets » comme les parcs et les toilettes publiques est un aspect important de l'histoire gay. »

« Il est donc important pour nous, en tant que musée, de présenter ce sujet avec autant de contexte que possible, pour une jeune génération habituée à Grindr et d'autres applications, pour comprendre comment les hommes homosexuels ont organisé leur vie sexuelle il y a des décennies, les dangers incroyables auxquels ils ont été confrontés par la police, les criminels et les maîtres chanteurs. »
(Source : gaystarnews)
















Berlin Schoeneberg - 1987 BuelowKlappe BulowStrasse




























































Paris, 1959. Pissoir Boulevard des Capucines




















Livre de l'exposition








  • Fenster zum Klo (Klo pour toilettes) fait allusion au film allemand autobiographique de Franck Ripploh. Voir l'article sur ce blog.

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