Homodesiribus

dimanche 6 décembre 2015

Antonio Lopez, 1943-1987. Porto Rico

Antonio Lopez, illustrateur et photographe, est né en 1943 à Utuado à Porto Rico. Il s'installe à New York, à Spanish Harlem à l'age de huit ans, en 1950. Pour garder son fils loin de l'influence de la rue, la mère d'Antonio, une couturière, lui demande de dessiner des esquisses de fleurs pour sa broderie. Dix ans plus tard, il étudie au Fashion Institute of Technology. C'est là qu'il rencontre celui qui deviendra son compagnon et son collaborateur, Juan Ramos.

A sa sortie du FIT, s'orientant vers l'illustration de mode, il travaille au magazine Women's Wear Daily. Il quitte ensuite le magazine pour travailler pour le New York Times, puis pour Vogue, Harper’s Bazaar, Elle ou le magazine Interview lancé par Andy Warhol en 1969.

Au début des années 60, l'illustration de mode est en plein déclin, les magazines lui préférant la photographie. Capable de changer son style, il réalise alors des portraits de personnalité en free-lance pour diverses magazines. En 1964, il aborde dans un restaurant le couturier américain Charles James. Les deux hommes se lient d'amitié et il s'ensuivra 10 ans de collaboration où Lopez illustrera les modèles du couturier. En 1969, il part pour Paris où il rencontre Karl Lagerfeld qui lui prête un appartement. Il y restera sept ans et vivra avec le mannequin Jerry Hall, qu'il avait découverte à l'age de 15 ans, et son compagnon.

Pat Cleveland, Karl Lagerfeld et Antonio Lopez, Paris, 1970

Son travail explore toutes les influences du pop art, de l’op art ou du surréalisme. Il est l’une des figures du Peacock Movement, ces hommes élégants à outrance dans leurs costumes aux imprimés exubérants et aux couleurs criardes.

Antonio Lopez est un touche-à-tout. Habitué du Studio 54 et des fêtes débridées entre Paris et New york, il représente l’esprit sex, drug and rock’n’roll des années 70 et 80. Il perçoit les styles et les modes qui naissent et s'en influence. Ses dessins s'en ressentent, légèreté, kitch, flamboyance, couleurs criardes sont au rendez-vous. Il cherche toujours, expérimentant de nouvelles techniques, crayon, plume et encre, fusain, aquarelle. Il immortalise également le monde de la mode et de la fête par des instamatics. On y retrouve Karl Lagerfeld, Grace Jones, Jerry Hall, Yves Saint-Laurent, Pierre Bergé, Andy Warhol. Il réalise également des dessins érotiques pour Playboy, Viva, Mandate.

Dans son entourage, il aura pour muses des femmes comme Grace Jones, Donna Jordan, Jane Forth, Jessica Lange, Pat Cleveland ou Marisa Berenson.

A son retour à New York en 1975, il est à l'apogée de sa gloire. Il travaille alors pour Versace, Missoni, Valentino, les Jeux olympiques d’été à Montréal, Armani, Fiorucci. Il édite des livres dont « Antonio’s Girls » les instamatics des femmes qui l'entourent, et « Antonio’s tales from the thousand and one nights », une version illustrée des mille et une nuits. En 1984, il apprend qu'il a le sida et parcours alors le monde à la recherche de traitements expérimentaux. Son art change alors brutalement, il abandonne la couleur et ne dessine plus qu'en noir. Il meurt trois en plus tard en 1987 à l'age de 44 ans emporté par un sarcome de Kaposi. Avec lui un « illustrateur de mode, novateur et provocateur » s'éteint, comme l'avait défini David Downton.