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"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
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samedi 17 mars 2012

Les troublants codes de Monsieur Mizer.





Bob Mizer a orné ses photographies de symboles étranges dont nous ne connaissons encore pas la véritable signification. Ces symboles ne sont pas présents dans les premiers numéros de Physique Pictorial. Au fil des publications, à côté des textes accompagnant les photos et faisant une brève présentation de l'état civil des modèles, de mystérieux symboles faits à la main apparaissent.








Entre 1945 et 1992, Bob Mizer a photographié près de 15 000 modèles et réalisé près d'un million de clichés en noir et blanc et en couleurs. les clichés et les films de Bob Mizer décrivent un univers ultra-masculin à la virilité solide où les modèles aux corps musclés et huilés jouent souvent des situations de domination (esclave/maitre) qui sont prétexte à la bagarre et aux attouchements.

A côté de certains pesonnages parfois un peu "kitsch" comme ses extra-terrestres, la majorité des scènes présentes des cow-boys, des indiens, des policiers et des délinquants évoluant dans un monde carcéral. Tous des symboles de virilité, stéréotypes d'une sexualité brute et d'un homoérotisme intense. Si Mizer a tout d'abord refusé d'aborder la pornographie, il semble assez peu étonnant qu'il y ait "succombé" par la suite.














Mizer était connu pour fréquenter les petits délinquants, les prostitués, les pauvres garçons à la vie tourmentée, parfois avec des problèmes de drogue, près à faire à peu près n'importe quoi pour s'en sortir. Il en faisait ses modèles, les hébergeant parfois. Sa maison, qu'il avait transformée en véritable entreprise familiale et en studio/ferme, ou des animaux participaient aux tournages, est au fil du temps devenu un refuge pour nombreux jeunes de la rue.


Les symboles de Mizer restent d'abord un mystère, le photographe ne donnera les codes que plus tard, après la publication de quelques magazines. "Comme nous l'avons promis depuis longtemps, nous avons enfin dévoilé une clé pour les symboles d'analyse subjective de caractère utilisés sur de nombreuses photos des modèles figurant dans Physique Pictorial" écrit-il.




Joe Cyr



Subjective character analysis




Ces codes sont bien étranges. Les premiers dressent une sorte de liste de traits de caractère (personnalité agréable, socialisé, forte personnalité, personnalité difficile, à problème, agressivité, tendance à être violent, dangerosité), de portraits psychologiques succincts (réceptif aux suggestions, introverti, extraverti, hypochondriaque, menteur pathologique, personnalité humoristique, conformiste, d'esprit fermé, obséquieux, vain, arrogant, glouton!), leur potentiel intellectuel (intelligent, idiot), leur attrait pour la religion, leur parcours judiciaire (petit voleur, enclin à la criminalité), leur santé mentale.

On peut se demander l'intérêt de ces symboles et à qui ils étaient destinés? Quel était leur but? C'est encore un mystère. Mais ils paraissent être bien au-delà de la relation d'un photographe avec son modèle. Dire d'un modèle qu'il est glouton, joyeux, extraverti, intelligent peut passer pour anodin, mais dire de quelqu'un qu'il est un menteur pathologique, dangereux ou violent est une autre chose. Qui était Mizer pour analyser ainsi la personnalité profonde des garçons qui lui servaient de modèle et surtout la dévoiler sur les photos? Quel intérêt pour le lecteur? L'image du photographe débonnaire et généreux s'efface un peu.








Mais une autre série de symboles (réservée à une clientèle plus privilégiée), plus brute, explicitement sexuelle qui décrit les statuts matrimoniaux, les orientations sexuelles, la possibilité de coucher ou non avec lui, leur statut de prostitué avec un codage reposant sur le nombre d'étoiles pour indiqué la hauteur de leurs tarifs, les pratiques orales et anales des modèles (pratique ou non la fellation ou la sodomie, actif ou passif), pose encore plus question.

Les modèles sont traités comme de la viande, avec détail de la taille de leur sexe qualifié de "meat" (viande): "big meat" "small meat" et celle de leur testicules. Ces dénominations peuvent paraitre à bien des égards comme méprisantes.





En haut: Ralph Pfundstein, hétérosexuel, prostitué, peut-être sucé, ne sait pas trop ce qu'il veut. En bas: Jerry Richard, hétérosexuel, prostitué un peu cher, peut être sucé et sodomisé.




Cela signifie d'abord que bob Mizer couchait avec bon nombre de ses modèles, les payant probablement parfois pour cela. Mais pourquoi donner des indications si précises? A qui étaient-elles destinées? Le fait d'indiquer le statut et le tarif des prostitués pose question et dérange.




Doug Carter, gros sexe (tatoué de surcroit), hétérosexuel, prostitué bon marché, actif, peut être sucé




Bob Mizer a d'ailleurs eu des soucis avec la justice le soupçonnait d'être impliqué dans un réseau de prostitution. Les clients se servant des codes des magazines pour recruter les gigolos.

L'un des témoins-clé de ce procès fut l'un de ses modèles qui accusait Mizer de lui avoir proposé de l'argent pour des relations sexuelles. L'accusation tomba faute de preuves.

Le département de police de Los-Angeles soupçonnait Physique Pictorial d'être un catalogue de recrutement de prostitués dont les codes indiquaient aux clients les pratiques sexuelles.

Mizer rétorqua étrangement que même s'il savait que certains de ses modèles étaient des prostitués, leur vie privée ne le regardait pas. Etrange réponse de la part d'un homme qui s'attache à dresser une liste de leurs pratiques sexuelles.

Il n'a jamais été prouvé que Mizer ait participé à un réseau de prostitution.








Certains disent que Mizer était un naïf, qu'il était sincèrement et honnêtement impliqué dans la définition d'un nouveau modèle masculin et que ses intentions étaient pures. Les codes étaient destinés à ses amis photographes si ceux-ci avaient eu l'intention de coucher avec les modèles, connaissant ainsi leurs pratiques sexuelles à l'avance. A moins que ce ne soit le tableau de chasse d'un hypersexuel qui aimait afficher ses trophées.




Dennis Lavia, hétérosexuel, prostitué, peut être sucé, accepte la sodomie.





Dennis Lavia





Dennis Lavia





Bill Simons, hétérosexuel, drogué, peut être sucé et sodomisé.




Il était fugitif lorsque ces photos ont été prises. Selon Bob Mizer, il s'était enfui de prison avant son entrée à l'AMG. Il se cachait parmi les arnaqueurs et petits criminels d'Hollywood, avant de décrocher un travail en tant que chauffeur pour le gouverneur de la Californie, Ronald Reagan. C'était probablement un inflexible macho, mais s'est montré réceptif à l'anal. Il fumait de la drogue et ne supportait pas l'autorité.




Anthony J. Wilson




Ce cliché est sans doute le modèle le plus titré de l'histoire de Physique Pictorial. Avec une telle collection complexe de symboles subjectifs d'analyse de caractères. Le texte qui accompagne son apparition dans l'édition d'avril 1973 de Physique Pictorial indique:

"ANTHONY J. WILSON, 20 ans, 5'10 £ 160, St Louis, MO. Français Indien. USMC Vietnam vétérinaire. Date de naissance le 14 janvier. Weighttrains: MP 200, CJ 300 ".

Un vétérinaire du Midwest exhibitionniste, Wilson est apparemment aussi "Gay and Proud", légèrement instable, et un fan de sucrerie.

Gay and proud, religieux tendance fanatique, prostitué, drogué, il suce et accepte de se faire sodomiser.




Bob Miller





Prostitué, se faisant sucer et sodomiser





Brian Hunt





Hétérosexuel, prostitué, pratiquant la fellation et la sodomie.





David Boyle





Hétérosexuel, prostitué cher, pratiquant la fellation et la sodomie, "a lover"





Garry Hammond





Se fait sucer, actif, ne sait pas très bien ce qu'il veut (pas sûr de son orientation sexuelle?).





John Davidson








Hétérosexuel, prostitué, gros testicules, se fait sucer et sodomiser, ne sait pas très bien ce qu'il veut.






John Virgin







N'aime pas travailler, prostitué, personnalité difficile, arrogant, gros testicules, ne sait pas ce qu'il veut, se fait sucer et sodomiser.






Ron Baldwin





Prostitué se faisant sucer, peu sûr de ce qu'il veut, vaniteux





John Winship et Joe Walker

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