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"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
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lundi 1 novembre 2010

Giorgio De Chirico (1888 -1978)









Autoportrait, 1924-1925




Giorgio de Chirico naît de parents italiens en 1888 à Volos, capitale de la Thessalie en Grèce. Le père est un ingénieur qui travaille pour les chemins de fer.
En 1889, la famille déménage à Athènes. En 1891, sa grande sœur meurt et naît son frère Andréas.

La famille retourne à Volos en 1896. Giorgio prend alors ses premières leçons de dessin avec Mavrudis un employé grec des chemins de fer, originaire de Trieste.
Un nouveau déménagement familial à Athènes survient en 1899. Le peintre italien Carlo Barbiéri ainsi qu’un artiste suisse Emile Gilliéron, professeur de la famille Royale travaillant aussi comme dessinateur pour Heinrich Schliemann à Mycènes et Arthur Evans à Cnossos prendront en charge son éducation artistique.

Giorgio De Chirico débute son éducation intellectuelle dans les années 1900 en étudiant la philosophie à Munich, où il admire les œuvres d’Arnold Böcklin, dont l’influence détermine son style, entre mythe et réalité.

Il part ensuite pour Paris, et fait la connaissance à la veille de la guerre de Pablo Picasso et de Guillaume Apollinaire. Les œuvres qu’il exécute relèvent d’un réalisme onirique fondé sur un illusionnisme figé, peuplé de mannequins inquiétants, reflets de l’inconscient.

Giorgio de Chirico, inventeur de la peinture métaphysique placée sous le signe de la révélation, s’installe en 1911 à Paris. « Un nouvel air a inondé mon âme - j'ai entendu un nouveau chant - et le monde entier me semble maintenant totalement transformé - l'après-midi d'automne est arrivé-les ombres longues, l'air limpide, le ciel gai - en un mot Zarathoustra est arrivé, vous m'avez compris ? » écrit-t’il dans une lettre de janvier 1911 à son ami Fritz Gartz.



Autoportrait nu, 1945



De Chirico expose ses premières œuvres au Salon d'automne de 1912 et 1913. Guillaume Apollinaire le remarque et écrit, pour sa revue Les Soirées de Paris, un compte rendu élogieux où il qualifie la peinture de De Chirico de « métaphysique ». Reprenant cette expression, De Chirico et Carlo Carrà fonde le mouvement Pittura metafisica (1915). Alertés par cet article d'Apollinaire, les artistes d'avant-garde de cette époque : cubistes, orphistes, futuristes, futurs Dadaïste et surréalistes sont impressionnés et admiratifs. De Chirico crée une oeuvre d’où émerge un climat de mystère nostalgique.

Les artistes surréalistes sont très sensibles à sa « peinture métaphysique » qui préfigure celle de leur mouvement.



Le cerveau de l’enfant, 1914




The Song of Love, 1914



Il fascine en premier lieu Guillaume Apollinaire qui, dès 1913, introduit l’artiste dans son cercle – Picasso, Derain, Max Jacob, Braque, Picabia, etc. – ainsi que Paul Guillaume, son premier marchand. L’onirisme, la dimension prophétique, les subtiles incongruités et les décalages observés dans l’œuvre de Giorgio de Chirico ont, dès le début des années 20, d’immédiates résonances sur le surréalisme naissant, de Magritte, Ernst à Picabia et Eluard. André Breton voit en l’artiste le démiurge d’une « mythologie moderne » en formation (1920) avant de l’accuser de régressions anti-modernistes dès 1926.


Il Ritornante, 1917



"Nous avons mis cinq ans à désespérer de De Chirico, à admettre qu'il eût perdu tout sens de ce qu'il faisait." Dit Breton en le répudiant du mouvement surréaliste.
En 1919, De Chirico a « la révélation de la grande peinture » devant une toile de Titien. Il rejoint le groupe futuriste Valori Plastici séduit par le fascisme de Mussolini et son prolongement : le mouvement Novecento. En 1926, il rejoint le mouvement du Novecento qui prend position contre le modernisme.

Comme partout en Europe, à l'issue de la première guerre dont tous les pays ressortent meurtris, en parallèle à Dada, au Surréalisme et au développement de l'abstraction, on assiste, dans le milieu culturel, à une volonté de " retour à l'ordre ", autour de laquelle se rassemble un alliage hétérogène d'artistes confrontés à cette période sans espoir de l'entre-deux guerres.

C'est particulièrement le cas en Italie où problèmes économiques, sociaux et politiques bouchent un horizon bien noir. Dans le prolongement de la peinture métaphysique, les Valori Plastici et le Novecento s'inscrivent tous deux dans ce désir de retour au réel, au formalisme d'une figuration souvent représentative d'un art officiel. Ils prônent un retour à la tradition de l'art italien, le primitivisme du quattrocento notamment et sont sensibles à l'attrait de l'idéologie fasciste.



La Comédie et la Tragédie, 1926



De Chirico exécute alors ses séries de Villes romaines, Fils prodigue et Argonautes au grand désespoir de Breton : « Chirico, en continuant de peindre, n'a fait depuis dix ans que mésuser d'un pouvoir surnaturel… Cette escroquerie au miracle n'a que trop duré. » En 1928, les surréalistes organisent une exposition Chirico consacrée à la seule période métaphysique, à laquelle ils donnent pour titre « Ci-gît Giorgio De Chirico ».


Le Fils Prodigue, 1926



Un ensemble d’œuvres de 1920 à 1935 marque le retour du « Pictor Optimus » (le peintre le meilleur comme il se définit lui-même) à un certain classicisme, non sans une mise à distance théâtrale. Désormais occupé par la technique picturale, l’alchimie des maîtres du passé et la « belle matière », Chirico se fait « dépaysagiste » (Jean Cocteau) : meubles hors échelle ou fruits déplacés dans des paysages de ruines (Meubles dans la vallée, Nature morte aux tomates).



Palfreniere con due cavali, 1937



Les Archéologues, hybrides métaphysiques, accroissent le peuplement du monde chiriquien. Ils sont bientôt rejoints par des centurions romains, des gladiateurs dignes de « peplum », ou par des chevaux et des Dioscures au bord de la mer. La suite des gladiateurs, réalisée pour la demeure parisienne de son marchand Léonce Rosenberg, n’appartient pas au courant de « romanité » triomphante du Novecento. Ce sont au contraire des amoncellements humains dérisoires et pantelants, très loin de la célébration fasciste, annonçant la désagrégation de l’anthropomorphisme en peinture.


Série I Gladiatori













1969














1949








La lutte, 1929




En 1934, Cocteau demande à De Chirico une série de dix lithographies pour illustrer son ouvrage intitulé Mythologie. Ces compositions étranges montrent des hommes en costume, gilet et cravate, la veste boutonnée, entrant ou sortant d'une cabine de bain montée sur pilotis, ou bien ramant dans une barque, - parmi d'autres hommes entièrement nus. Certains sont assis au bord d'étroits canaux, dans lesquels d'autres marchent, immergés jusqu'à l'abdomen, ou jusqu'aux cuisses. Les canaux relient entre eux de petits bassins ronds qui entourent les cabines. Dans toute cette série l'eau est figurée comme une sorte de parquet à chevrons.

De Chirico a repris ce thème dans un ensemble de compositions à l'huile qui va de 1934 à 1973.



Série Les Bains mystérieux



Les Cabines mystérieuses (avec trois baigneurs), 1935




Les Bains mystérieux II, 1935-1936




Les Bains mystérieux II , 1935-1936




Les Bains mystérieux (La vasque aux trois baigneurs), 1936-1937




Bains mystérieux avec statue ou L'Idole des bains mystérieux , vers 1948









Les Bains mystérieux




Les Bains mystérieux

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