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"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
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dimanche 6 octobre 2013




Le 23 avril 2013


La France a honte.








Contre vents et marées, ce soir, l'assemblée nationale française devrait adopter la loi permettant l'ouverture du mariage aux personnes de même sexe. Contre vents et marées car ce débat a soulevé un vent d'homophobie sans précédent. Une homophobie publique, assumée par les homophobes, qui a surpris tant à l'intérieur qu'à l’extérieur du pays. Almodovar a fait part de son étonnement dans les colonnes de Têtu. 

Cette homophobie nous renvoie les relents d'une autre France, la France de l'avant guerre où "Travail, Famille, Patrie" était la devise d'une extrême droite alors au pouvoir. Avec la lutte des mouvements de libération des femmes et des homosexuel(le)s des années 70, avec l'expansion du commerce et des bars gay des années 80, avec le PACS dans les années 2000, on avait pu croire à une certaine libéralisation des mœurs  une généralisation de l'acceptation de ce que nous sommes par une société qu'on avait cru un temps plus tolérante. 

Mais voila qu'a ressurgi le bruit des bottes et des chaines de vélo des ratonnades. On parlait dans ma jeunesse de ceux qui voulaient "casser du PD". Par chance je n'en ai jamais croisé et l'on pensait que la menace s'était éteinte. Mais on voit à nouveau à la Une des journaux le visage défiguré de jeunes gens tabassés pour la seule raison qu'ils sont homosexuels, et que certains, portés par la puissante homophobie qu'a révélé ce débat chez une partie de la population française, se sentent maintenant à nouveau décomplexés et osent passer à l'acte. 

Ce mouvement, porté par les autorités religieuses et l'extrême droite, au début, a ouvert les portes des égouts d'où s'élève l'odeur nauséabonde de l'intolérance, de la haine et de la violence. Les opposants sont allés trop loin, et la France en a assez de ce débat.

 "Que la loi passe et qu'on en finisse!" se disent beaucoup autour de moi. Voila, la loi va passer, même dans quelles conditions, dans quelle ambiance. Il règne dans l'atmosphère une sensation de raz-le-bol qui fait que cette loi sera une victoire, mais une victoire au gout amer. Son principal défenseur, la ministre de la justice, Mme Taubira a été exceptionnelle. Elle a défendu avec hargne et brio cette loi universelle.

Mais que dire du comportement d'une partie de la population, pourtant issue, elle aussi, du siècle des lumières, et dont l'obscurantisme a été observé par le monde entier. 

La où pareille loi a mis deux jours pour être adoptée en Angleterre et où elle a été accueillie par des tombereaux d'applaudissements en Nouvelle-Zélande, la France doit avoir honte du spectacle qu'elle a donné au monde. Et surtout aux pays où l'homosexualité est encore punie et réprimée, parfois de la mort. Que dire maintenant à ceux-ci quand nous nous immiscerons dans la façon dont ils traitent leurs homosexuels, nous qui avons montré de façon internationale le visage de l'homophobie.

Cette loi est une grande victoire, de portée universelle, mais qui réveille une inquiétude quand au vrai sentiment du reste de la population à notre égard. Nous allons peut-être à nouveau devoir nous dire: suis-je encore en sécurité?







Agression des Femen en marge de la manifestation contre le mariage pour tous
















Une banderole signée du mouvement d'extrême droite Action française, derrière laquelle pullulent les drapeaux tricolores. (Cyril Bonnet-Le Nouvel Observateur)








Manifestation de l'institut Civitas 








Manifestation de l'institut Civitas contre le mariage pour tous, le 18-11-12 à Paris. (T. Camus-AP-SIPA)









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