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"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
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samedi 18 juin 2016





Marcel Schwob, 1867-1905. France



VIES IMAGINAIRES



Illustré par George Barbier, 1882-1932. France










Conteur, essayiste, traducteur et érudit français, Marcel Schwob est né à Chaville (Hauts-de-Seine), le 23 août 1867.

Issu d'un milieu lettré (son père, Georges Schwob, a collaboré au Corsaire-Satan et cosigné une pièce avec Jules Verne), il manifeste un goût précoce pour la littérature et les langues.

En 1882, il quitte Nantes pour Paris et s'installe à la bibliothèque Mazarine où son oncle maternel, Léon Cahun, est conservateur. Ce savant orientaliste, auteur de romans d'aventures, est son premier maître. Au lycée Louis-Le-Grand, il a pour condisciples Paul Claudel, Léon Daudet et Joseph Bédier. Il révèle bientôt une sérieuse aptitude à la philologie, assiste aux conférences de Jacob à l'École des Hautes études, avant de suivre les cours de sanscrit de Ferdinand de Saussure et, au Collège de France, les cours de linguistique de Michel Bréal, qui exerce sur lui une influence formatrice déterminante.

Il laisse au tiroir ses premières ébauches littéraires (un Faust, un Prométhée) et publie d'abord des études sur l'argot français (1889), envisagé non comme un langage spontané, mais comme un code rivalisant d'artifices avec l'expression littéraire la plus élaborée, et sur le jargon des coquillards (1890), comparé à la langue de François Villon.

Ces travaux d'érudit se doublent d'une intense activité journalistique et littéraire. Depuis 1887, il collabore régulièrement au Phare de la Loire de Georges Schwob; à partir de 1889, ses chroniques et ses contes paraissent à L'Echo de Paris (dont il dirigera deux ans plus tard le supplément littéraire illustré), puis à L'Événement, au Gil-Blas, et au Journal. Son premier recueil de contes, Coeur double (1891), lui attire les éloges d'Anatole France et le rend célèbre à 24 ans. L'année suivante, dans la même veine fantastique et symboliste inspirée d'Edgar Poe, de Théophile Gautier, de Charles Baudelaire et de Gustave Flaubert, Marcel Schwob publie Le Roi au masque d'or.

Figure marquante du Paris littéraire, il est en relation avec Remy de Gourmont, Paul Léautaud, Georges Courteline, Edmond de Goncourt, Willy et Colette, Marguerite Moreno qu'il épousera en 1900. À L'Echo de Paris, il publie les premiers textes d'Alfred Jarry, qui lui dédie Ubu roi. Paul Valéry lui rendra le même hommage en tête de son Introduction à la Méthode de Léonard de Vinci.

En politique, ses sympathies iront aux anarchistes et, bientôt, aux dreyfusards.

Fin connaisseur du domaine anglo-saxon, Marcel Schwob familiarise les milieux lettrés avec les oeuvres de Robert Louis Stevenson, de George Meredith et de Marion Crawford. Il attire aussi l'attention sur les dramaturges élisabéthains et laisse de précieuses traductions de Wiliam Shakespeare, Daniel Defoe et Thomas De Quincey.

Ses oeuvres les plus significatives restent Le Livre de Monelle (1894), bréviaire du nihilisme et de la compassion, et surtout Les Vies imaginaires (1896), son chef-d'oeuvre, création borgésienne avant la lettre, où l'érudition se mêle à la fiction pour composer un artifice esthétique achevé qui rivalise avec le réel.

Malade, diminué, ses dernières années sont vouées à la détresse et à l'errance: Londres, Jersey, puis, sur les traces de Stevenson, un long périple jusqu'à Samoa, dont il consigne le récit en d'admirables lettres (octobre 1901-mars 1902). Il consent encore à épingler en des pages ironiques les ridicules du Boulevard (Moeurs des diurnales, 1903; Lettres à Valmont, publiées la même année dans L'Écho de Paris), mais, pour ses ultimes travaux, il revient à ses premières amours: en 1904, il inaugure un cours sur le Grand Testament à l'Ecole des Hautes études sociales, prépare un livre sur Villon, publie dans Romania et dans la Revue des études rabelaisiennes. Ses dernières pages, des méditations sur l'art de la lecture, paraissent dans Vers et Prose en mars 1905.

Marcel Schwob meurt à Paris le 26 février 1905, à l'âge de trente-sept ans. Il repose au cimetière Montparnasse.(biographie Jean Pietri pour la république des lettres.)





Portrait de Marcel Schwob par Sacha Guitry




Vies imaginaires



Comme dans La Légende des gueux (1891), Marcel Schwob nous propose, dans Vies imaginaires (1896), de survoler l’histoire de l’humanité. Mais, au lieu de raconter des tranches de vies de fiction, il s’attache cette fois à la biographie de personnages réels, aux destins souvent tragiques: poètes, artistes, princesses ou pirates célèbres (Lucrèce, Pétrone, Paolo Uccello, Pocahontas ou le Capitaine Kid), mais aussi des figurants de l’Histoire, dont la mémoire n’a subsisté qu’associée à un nom plus célèbre (Cecco Angiolieri et Dante Alighieri, Nicolas Loyseleur et Jeanne d’Arc, Gabriel Spencer et Ben Johnson) ou encore des inconnus, n’ayant laissé qu’un nom dans des documents d’archives (Katherine la dentellière, Alain le Gentil).

Partant des faits réels, forcément insuffisants pour saisir la vérité d’un personnage, Marcel Schwob comble les lacunes laissées par l’Histoire en imaginant des détails infimes et des anecdotes, composant ainsi une série de vingt-deux tableaux singuliers, empreints de poésie.



« Le biographe, comme une divinité inférieure, sait choisir parmi les possibles humains, celui qui est unique »


Les protagonistes:


EMPÉDOCLE, DIEU SUPPOSÉ
EROSTRATE, INCENDIAIRE 
CRATÈS, CYNIQUE 
SEPTIMA, INCANTATRICE 
LUCRÈCE, POÈTE 
CLODIA, MATRONE IMPUDIQUE 
PÉTRONE, ROMANCIER 
SUFRAH, GÉOMANCIEN 
FRATE DOLCINO, HÉRÉTIQUE 
CECCO ANGIOLIERI, POÈTE HAINEUX 
PAOLO UCCELLO, PEINTRE 
NICOLAS LOYSELEUR, JUGE 
KATHERINE LA DENTELLIÈRE, FILLE AMOUREUSE 
ALAIN LE GENTIL, SOLDAT 
GABRIEL SPENSER, ACTEUR 
POCAHONTAS, PRINCESSE 
CYRIL TOURNEUR, POÈTE TRAGIQUE 
WILLIAM PHIPS, PÉCHEUR DE TRÉSORS 
LE CAPITAINE KID, PIRATE 
WALTER KENNEDY, PIRATE ILLETTRÉ 
LE MAJOR STEDE BONNET, PIRATE PAR HUMEUR 
MM. BURKE ET HARE, ASSASSINS








George Barbier, 1882-1932. Nantes, France








George Barbier (né à Nantes, le 16 octobre 1882 et mort à Paris, le 16 mars 1932) est un peintre, dessinateur de mode et illustrateur français.

Georges Barbier est né dans la rue Contrescarpe à Nantes, le 16 octobre 18821.

Élève de Jean-Paul Laurens à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris il expose au Salon des humoristes de 1910 sous le nom d'Édouard William Larry2, puis l'année suivante, à la galerie Boutet de Monvel.

De 1912 jusqu'à sa mort, il figure régulièrement au Salon des artistes décorateurs. Il travaille pour des journaux satiriques tels que Le Rire ou La Baïonnette puis pour des revues de mode : associé à Tommasso Antongini, il reprit le titre du Journal des dames et des modes (1797-1839), qu'il relança en juin 1912 et qui prit fin en août 19143, la Gazette du Bon Ton, à laquelle il livre non seulement des illustrations de mode mais aussi des textes, Modes et manières d'aujourd'hui, Les Feuillets d'art, Femina, Vogue France, Comœdia illustré. Il réalise l'ex-libris de Jacques de Nouvion, directeur de cette dernière revue.

Il crée de nombreux décors et costumes pour le music-hall, le théâtre ou le cinéma. On lui doit les costumes de Rudolph Valentino dans le film Monsieur Beaucaire (1924).

Il illustre des catalogues publicitaires et de nombreux livres, notamment ceux de Baudelaire, Théophile Gautier, Pierre Louÿs, Alfred de Musset, Verlaine. Son chef-d’œuvre est Falbalas et fanfreluches. Almanach des modes présentes passées et futures en cinq volumes, publié entre 1922 et 1925.

L'influence des vases grecs, des miniatures indiennes, d'Aubrey Beardsley et de Léon Bakst marqua profondément son style précis et élégant, typique de la facture Art déco.

George Barbier est mort à Paris en 1932. Il est enterré au cimetière Miséricorde à Nantes. (wikipédia)





Vies imaginaires de Marcel Schwob, illustrations par George Barbier, gravées sur bois par Pierre Bouchet, Livre Contemporain, Paris, 1929



Pour écourter la longueur de ce billet, le livre faisant 179 pages, j'ai choisi de ne présenter que les pages comportant les illustrations de Barbier. Même si cela peut s'avérer long de tout télécharger, je pense que lire Vies imaginaires dans cette version est nettement plus agréable que sur le projet Gutenberg. Bonne lecture. (Le livre ICI) Source Bunka Gakuen Bibliothèque/Bunka Gakuen University Library/Musée du Costume Bunka Gakuen, Japon


















































































































































































































































































































































































































Pour aller plus loin:

Vies imaginaires de philosophes: Marcel Schwob lecteur de Diogène Laërce par Bruno Fabre, sur Cairn Info




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