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"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
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mercredi 25 août 2010

Querelle (1982) - Rainer Werner Fassbinder (1945-1982)













Querelle, film germano-français, est un drame posthume de Rainer Werner Fassbinder (1945-1982) fondé sur le roman Querelle de Brest de Jean Genet. Ce film a été présenté à la Mostra de Venise en 1982, mais n’a pas obtenu de prix.

L'affiche originale du film montrait l'acteur principal, Brad Davis, appuyé sur une colonne en forme de phallus. Interdite, l'image du phallus fut remplacée par celle d'un simple mur en pierre. Depuis cette affaire, les affichistes sont tenus de présenter une diapositive à la Commission de contrôle.

Le film est ressorti, en copie neuve, sur les écrans français, en novembre 2009 avec cette affiche phallique.

C'est le dernier film de Fassbinder, qui meurt avant la fin du montage.

"Le Vengeur" vient d'accoster à Brest. Sur le pont, l'équipage s'affaire aux dernières tâches avant de descendre à terre. Parmi eux, Querelle, beau marin à l'immense pouvoir de séduction, ne laisse pas insensible son supérieur, le lieutenant Seblon. Dans le plus grand bouge de la ville, au milieu de la nébuleuse interlope du port, Querelle retrouve son frère Robert. D'étranges rapports de haine et d'amour lient les deux hommes. Fasciné par Lysiane, la maîtresse de Robert, Querelle doit cependant se soumettre au désir de Nono, le tenancier du bordel. Pour povoir posséder lysiane, il doit jouer la rencontre aux dés. S’il pred, c’est Nono qui possèdera Querelle. Querelle perd volontairement.

Sur fond de coucher de soleil perpétuel (en fait une toile peinte), Querelle aime, joue, manipule et souffre, pris entre son frère, madame Lysiane la tenancière (Jeanne Moreau), le mari de cette dernière et son propre supérieur, le lieutenant Seblon (Franco Néro).

« [Querelle] nous contraint à des constatations et à des décisions qui, et je suis tout à fait conscient du pathos, aussi douloureuses que ces constatations puissent par ailleurs nous paraître dans le détail, nous rendent notre vie plus proche. Cela veut dire également : nous nous rapprochons de notre identité ! Et seul celui qui est vraiment identique à lui-même n’a plus besoin d’avoir peur de la peur. Et seul celui qui n’a pas peur peut aimer sans juger ; le but suprême de tout effort humain : vivre sa vie ! » (Rainer Werner Fassbinder remarques préliminaires à propos de Querelle)

Dans ce film très particulier, dans un décor de carton- pâte (décorateur Rolf Zehetbauer), où les lumières font référence à Pink Narcissus, et les personnages et les décors (des phallus turgescents sur le port) à Tom of Finland, le désir homosexuel y est indissociable du meurtre mais aussi de l'art.

Querelle, magnifique Brad Davis, fascine et symbolise le désir (il séduit tous les hommes) et l’obsession du désir qui mène à la destruction.

Dans une atmosphère étouffante, emplie de sueur et de testostérone, les corps se frolent, se désirent, s’aiment et finalement finissent dans la frustration et la mort. Querelle est un film fantasmatique ou se mélangent les fluides, la sueur, le sperme et le sang.

Au milieu de tous ces hommes, Lysiane la patronne du bordel, troublante Jeanne Moreau, seule figure féminine du film, est une allégorie pathétique de la femme, de toutes les femmes que les hommes ont délaissées pour s’aimer entre eux. La chanson phare de Querelle est bien entendu Each man kills the thing he loves, chantée par Jeanne Moreau sur des paroles d’Oscar Wilde.

Dernier film de Fassbinder, dont il ne verra même pas le montage final, Querelle a été tourné très vite, à grand renfort d’alcool et de cocaïne, ce qui peut-être lui donne le ton de ce qu’il est : une pulsion de vie. Ce film montre cependant une vision douloureuse de l’homosexualité par son auteur. L’homosexualité est indissociable de la douleur, du meutre, de la culpabilité et de la mort. Eros et thanatos.

Fassbinder a dédié le film à son ancien amant, El Hedi Ben Salem, qui s’est suicidé en prison après avoir été condamné pour avoir tué trois personnes. Tout comme Abdallah, l’amant de Genet, s’était suicidé. Etrange hasard.
















































































































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