Adolf Brand (1874-1945) est un écrivain allemand, éditeur (il édita Elisàr von Kuppfer-voir post précédant) anarchiste, militant pour les droits des homosexuels. Il fut membre du WhK, le Comité scientifique humanitaire.
Né à Berlin le 14 novembre 1874, Brand fut enseignant avant de fonder sa propre maison d'édition qui publiait la revue Der Eigene à partir de 1896. Cette revue fut la première publication régulière homosexuelle au monde. Adolf Brand avait certes publié Prometheus en 1870, mais cette revue n'eut qu'un seul numéro...
Le nom der Eigene est une référence aux écrits du philosphe Max Stirner. ce dernier influença profondément le jeune Brand qui fut séduit par le concept stirnerien de "Selbsteigentum".
Der Eigene comptait environ 1500 abonnés.
Der Eigene paraîtra de manière irrégulière à cause des difficultés financières de Brand, et surtout à cause de ses tracas avec la justice. Malgré de nombreuses saisies effectuées par la police et ses multiples condamnations pour diffusion d'écrits immoraux, Adolf Brand publiera Der Eigene jusqu'en 1931, victime de la crise économique et de la montée du nazisme.
En 1903, suite à une scission au sein du WhK de Magnus Hirschfeld, Brand créa la Gemeinschaft der Eigenen (GdE), la Communauté des spéciaux. Dans ce nouveau groupe, l'amour entre hommes était considéré comme un des attributs de la virilité. Le groupe rejetait les théories de Hirschfeld. Le GdE était une communauté qui fonctionnait sur le modèle du scoutisme tout en se réclamant de la Grèce antique - plus particulièrement des guerriers de Sparte et de l'idéal pédérastique qui leur fut attribué. Le GdE organisait des camps et des marches et prônait la pratique du naturisme. Le GdE était similaire à de nombreux autres groupes qui apparurent au début du XXe siècle en Allemagne, comme les Wandervogel.
biographie:wikipédia
Der Eigene - couverture 1906
À partir de 1896, les homosexuels allemands s'organisent progressivement en deux pôles associatifs. Le premier, constitué autour d'Adolf Brand, est exclusivement masculin et de tendance pédophile et se nomme "Gemeinschaft der Eigenen". On y fait l'apologie de "la beauté et de la pureté de la race", de l'élitisme et des confréries guerrières, et pratique le "outing" de personnalités.
Un second pôle, mixte celui-là, se constitue autour de Magnus Hirschfeld, c'est le "Wissenchaftlichhumanitäres Komitee". Sans remettre en cause les fonctions sociales des deux sexes, il présente "l'uranisme" non comme une pathologie mais comme un troisième sexe.
Par voie de pétition, il réclame la dépénalisation et l'égalité en droits, au nom des principes humanistes de la philosophie des Lumières. Pendant la République de Weimar, la loi bismarckienne pénalisant l'homosexualité est peu appliquée et Berlin devient une capitale de la nuit où fleurissent les boîtes homosexuelles.
Brand et Hirschfeld tentent plusieurs fois, en vain, de s'allier pour créer une fédération gaie. En définitive, Brand va lancer une grand campagne contre Hirschfeld qu'il accuse d'être traître aux intérêts des homosexuels. Il dénonce le "comité du Juif Hirschfeld" qui promeut "le féminisme" pour affaiblir "l'Éros germanique".
De son côté, Hirschfeld dénonce la présence de chefs nazis dans l'association de Brand et appelle les gais à défendre la démocratie contre le NSDAP. En réponse, Brand souligne le soutien apporté en 1931 par Hitler à Röhm, accusé de pédérastie par la presse sociale-démocrate, pour dénoncer les amalgames d'Hirschfeld et affirmer la place des gais dans le parti d'extrême droite.
Triangles roses, la persécution des homosexuels sous le régime nazi : http://triangles-roses.blogspot.com/
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