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"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
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jeudi 1 août 2013





Jean Cocteau







Francis Picabia, Portrait de Jean Cocteau, 1921, 
Aquarelle, crayon, encre sur papier contrecollé sur carton, 26,8 x 20,7 cm, Paris, Centre Pompidou.




Le secret professionnel, 1922



« Le vrai écrivain est celui qui écrit mince, musclé. Le reste est graisse ou maigreur. Il y a dans le tireur excentrique, toujours si à la mode, un terrible mélange de graisse et de maigreur. »













En 1921, année où Cocteau commence l'écriture de "Le secret Professionnel", l'artiste est en pleine romance avec Raymond Radiguet, jeune poète rencontré en 1919 lors d'un hommage à Apollinaire donné à la galerie « L’effort moderne » de Léonce Rosenberg. Le coup de foudre est immédiat. Cocteau prend sous son aile le jeune homme de 16 ans (Cocteau en a trente), il le fait travailler, le conseille, l'encourage et le présente aux cercles littéraires.

Au mois d’août et septembre, les deux hommes partent au Piquey. Ils sont en pleine émulation artistique. Tandis que Radiguet s'attelle à l'écriture du Diable au Corps, Cocteau se penche sur "un bilan de l'esprit poétique" qui deviendra, en 1922, Le secret professionnel. Cocteau est influencé dans ce retour au classicisme par Radiguet.

Cocteau et Radiguet fréquentent assidûment Le Bœuf sur Le Toit, rue Boissy-d’Anglas, tenu par Moysès.

Les amours des deux hommes sont tumultueuses. L'année de la parution du Secret Professionel, Radiguet s'enfuie à Marseille et en corse avec Brancusi. Leur séparation va durer quatre mois. Puis après s'être réconciliés, il partent pour le Lavandou toujours emprunts de ferveur créatrice.

(source: site officiel de Jean cocteau)







Edition de 1922, Chez Delamain, Boutelleau & Cie, Librairie Stock, Coll. Paris.
Collection Les contemporains, 1922 14 x 9,8 cm, broché, 79 pp.

Autographe de Cocteau à Darius [Milhaud] : "A mon cher Darius tendre souvenir de Jean Cocteau, 3 sept 1922





LE SECRET PROFESSIONNEL, 

édition de 1925 à laquelle on a joint Le Monologue de l'Oiseleur & douze dessins en couleurs de l'auteur reproduits en fac-similé. ‎









Au Sans Pareil, 1925. In-4 broché, 105 pp. Edition de luxe, en partie originale, illustrée de douze dessins hors texte de l'auteur reproduits en fac-similé. Tirage limité à 530 exemplaires












"On a coutume de représenter la poésie comme une dame voilée, langoureuse, étendue sur un nuage. Cette dame a une voix musicale et ne dit que des mensonges.

Maintenant, connaissez-vous la surprise qui consiste à se trouver soudain en face de son propre nom comme s'il appartenait à un autre, à voir, pour ainsi dire, sa forme et à entendre le bruit de ses syllabes sans l'habitude aveugle et sourde que donne une longue intimité. (...)

Il arrive que le même phénomène se produise pour un objet, un animal. L'espace d'un éclair, nous voyons un chien, un fiacre, une maison pour la première fois. Tout ce qu'ils présentent de spécial, de fou, de ridicule, de beau nous accable. Immédiatement après, l'habitude frotte cette image puissante avec sa gomme. Nous caressons le chien, nous arrêtons le fiacre, nous habitons la maison. Nous ne les voyons plus.

Voilà le rôle de la poésie. Elle dévoile, dans toute la force du terme. Elle montre nues, sous une lumière qui secoue la torpeur, les choses surprenantes qui nous environnent et que nos sens enregistrent machinalement.

Inutile de chercher au loin des objets et des sentiments bizarres pour surprendre le dormeur éveillé. C'est là le système du mauvais poète et ce qui nous vaut l'exotisme.

Il s'agit de lui montrer ce sur quoi son coeur, son oeil glissent chaque jour sous un angle et avec une vitesse tels qu'il lui paraît le voir et s'en émouvoir pour la première fois.

Voici bien la seule création permise à la créature.

Car, s'il est vrai que la multitude des regards patine les statues, les lieux communs, chefs-d'oeuvre éternels, sont recouverts d'une épaisse patine qui les rend invisibles, et cache leur beauté.

Mettez un lieu commun en place, nettoyez-le, frottez-le, éclairez-le de telle sorte qu'il frappe avec sa jeunesse et avec la même fraîcheur, le même jet qu'il avait à sa source, vous ferez oeuvre de poète.

Tout le reste est littérature."








Je ne me compare à aucun des princes de la terre.

C'est l'unique fois où Cocteau se représente nu.







Il est difficile de s'entendre sur le sens de la réalité.








Que vous ai-je promis?




« À chacun de mes livres, j’ai la sensation de continuer un même dessin que des amis, penchés sur mon épaule, regardent sortir de ma plume sans comprendre sa signification. »







Donc, les ridicules d'écrire nous sautent aux yeux.








Si ce mouvement ralentissait, sans doute apparaîtrait-il.








Ils peuvent attendre.








Chaque fois que le poète en coupe une, son cœur bas.








Attention! A qui se trouve dans cette état, tout peut devenir miracle.








Le moindre joueur déplace plus de mystère qu'il n’apparaît.








Je retourne aux jeux qui me consolent.








Revenons à l'arrivisme...








...et qu'on ne leur demande aucun mysticisme en dehors des exercices religieux.






























Robert Mapplethorpe, 1946 - 1989. USA

















Autoportrait devant un poster de Patti Smith


























Arthur Rimbaud, A Season in Hell. 1986

















Robert Mapplethorpe et sa femme Patti Smith








Leatherman II, 1970








Christopher Holly








Nathaniel, 1988









Autoportrait











Bob Anthony, New York, USA, années 60








Champ Magazine, Ray Randall








Bob Hover








Tommy Haxton








Tommy Haxton








Tommy Haxton








Bob Brooks








Bob Brooks








Charlie Baunhoe








Ed Bianco








Henry Lasurge








John Rutko








Ray Randall








Tommy Haxton








Sinbad








Inconnu








Inconnu








Inconnu








Inconnu








Inconnu








Inconnu






mercredi 31 juillet 2013






BARBETTE , 1899 -1973. USA












"N'oubliez pas que nous sommes dans cette lumière magique du théâtre, dans cette boite à malice où le vrai n'a plus cours, où le naturel n'a plus aucune valeur"  Barbette










Le plus célèbre des travestis des années 20 et 30 fut Barbette. De son vrai nom, Vander Clyde Brodway où Vander Clyde, il est né à Round Rock en 1899 (même si la date de 1906 est parfois citée) au Texas d'un père hollandais et d'une mère américaine. Il eu, entre 1920 et 1930, une fabuleuse notoriété tant aux États-Unis qu’en Europe. Mais il obtenu son grand succès surtout à Paris.






Barbette, 1926, photo par Madame d'Ora




Très tôt, le jeune homme s'intéresse à l'acrobatie, attiré par les spectacles de voltige qu'il voit au cirque où l'amène sa mère. A 14 ans, il intègre l'équipe d'un numéro de cirque réputé de haute voltige intitulé "Les Sœurs Alfaretta". L'une des sœurs Alfaretta lui demanda de remplacer au pied levé sa sœur qui venait de se tuer à Austin. D'après ses confidences à Michel Georges-Michel, il aurait commencé à se déguiser en fille dans une troupe trop exclusivement masculine, parce qu'il était le seul à pouvoir faire illusion. Il développa par la suite un numéro solo et pris le nom de Barbette pour son exotisme français. Il commença sa carrière solo à la Harlem Opera House en 1919.






Vander Clyde, 1926, photo par Madame d'Ora



Il était un trapéziste de talent, chorégraphe et danseur sur trapèze. Il se produisait habillé en femme, maquillé, après avoir exécuté un numéro sensuel très féminin, puis redescendait sur scène et saluait le public en retirant sa perruque et reprenant une attitude masculine.

Il tourne alors avec le Keith Vaudeville Circuit et est désigné comme "versatile specialty" (spécialité versatile).





Vander Clyde, 1926, photo par Madame d'Ora



Barbette fait ses débuts en Europe en 1923, envoyé par le William Morris Agency. Il tourne d'abord en Angleterre puis en France, à Paris où il triomphe au Casino de Paris, au Moulin Rouge, à l'Empire, au cirque Médrano, au Théâtre de l'Alhambra et aux Folies Bergères.

Jean Cocteau parlait de son numéro en ces termes:

"Le rideau s'écarte sur un décor utile: fil de fer entre deux supports, système de trapèze et d'anneaux pendus au cadre de la scène. Au fond, divan recouvert d'une peau d'ours blanc sur lequel, entre l'exercice du fil et l'exercice de trapèze, Barbette, enlevant sa robe gênante, jouera une petite scène scabreuse, véritable chef d'oeuvre de pantomime, où, parodiant, résumant toutes les femmes qu'il a étudiées, il devient la "femme-type", au point d'éteindre les plus jolies personnes qui le précédent ou le suivent sur l'affiche".

Il lui confiera un rôle dans "Le sang d'un poète" en 1930.












Paris, théâtre de l'Empire, 1937, Gaston Paris



Cocteau explique également son succès.

"La raison du succès de Barbette vient de ce qu'il s'adresse à l'instinct de plusieurs salles en une, et groupe obscurément des suffrages contradictoires. Car il plaît à ceux qui voient en lui la femme, à ceux qui devinent en lui l'homme, et à d'autres dont l'âme est émue par le sexe surnaturel de la beauté (...) Il me fera comprendre que les grands pays et les grandes civilisations ne confiaient pas seulement par décence les rôles de femmes à des hommes."






Paris, théâtre de l'Empire, 1937




En 1926, Cocteau écrit un essai influent sur la nature et l'artifice du théâtre appelé "Le Numéro Barbette" qui a été publié dans la Nouvelle Revue Française . Il commanda une série de photographies de Barbette au photographe surréaliste Man Ray portant sur les aspects de la performance mais surtout sur son processus de transformation.





Paris, théâtre de l'Empire, 1937, Gaston Paris



Barbette retourne aux USA en 1924 et apparaît en vedette chez Barnum, puis il part en tournée à Londres, Bruxelles et Berlin. Lors d'une tournée au Palladium de Londres, il est surpris alors qu'il a des relations sexuelles avec un homme. Il est expulsé du pays et condamné à ne plus pouvoir travailler en Angleterre.

Victime d’une chute en 1937, il se reconvertit comme directeur artistique dans de nombreux Cirques et Music-halls et servit de consultant sur le film "Certains l’aiment chaud" de Billy Wilder où il conseillait Jack Lemmon et Tony Curtis pour leurs scènes de travestis. Il se retire ensuite chez sa sœur où il se suicide d’une overdose en 1973.





Paris, théâtre de l'Empire, 1937








Paris, théâtre de l'Empire, 1937








Man Ray, 1926








Man Ray, 1926








Man Ray, 1926








Man Ray, 1927








Man Ray, 1927








Man Ray, 1927








Man Ray, 1927