LE NU MASCULIN DANS L'ART . . . . Homosexualité masculine et culture art peinture dessin photographie cinéma littérature sculpture histoire et bien d'autres choses...
vendredi 25 février 2011
Au cinéma, il s'imposera avec des films comme Rocco et ses frères ( 1960 ), Le Guépard ( 1962 ), Sandra ( 1965 ), Les Damnés ( 1969 ), tous couronnés par de nombreux prix. Après Mort à Venise en 1971, il tournera encore Le Crépuscule des dieux ( 1972 ), une biographie de Louis II de Bavière avec Helmut Berger et Romy Schneider et Violence et passion ( 1974 ) avec Burt Lancaster et Silvana Mangano. Il s'éteint à Rome le 17 mars 1976.
Scénario : Luchino Visconti et Nicola Badalucco, d'après le roman de Thomas Mann
Avec : Dirk Bogarde (Gustav von Aschenbach), Silvana Mangano (la mère de Tadzio), Björn Andressen (Tadzio), Marisa Berenson (Frau von Aschenbach).
Le film a obtenu le prix du festival à Cannes en 1971.
A lire: l'article d'Olivier Bombarda sur Arte.TV
Mort à Venise - scène finale [1971]
A la recherche de Tadzio (documentaire). Luchino Visconti
Visconti fit un casting extrêmement long dans de nombreuses villes d'Europe centrale et du nord à la recherche du Tadzio idéal. il faillit renoncer, jusqu'à ce qu'il trouve à Stockholm, Björn Andresen, la figure idéale de la beauté inaccessible.
Gustave Mahler- symphony no.5 (IV) - Adagietto.Dirigé par Herbert von Karajan
Quiconque a de ses yeux contemplé la beauté
est déjà livré à la mort,
n'est plus bon à servir sur terre,
et cependant il frémira devant la mort,
quiconque a de ses yeux contemplé la beauté.
A jamais durera pour lui le mal d'aimer,
car seul un insensé peut espérer sur terre
ressentir un tel amour et le satisfaire.
Celui que transperça la flèche de beauté,
à jamais durera pour lui le mal d'aimer!
Hélas, que ne peut-il tarir comme une source,
humer dans chaque souffle aérien un poison,
respirer la mort dans chaque pétale de fleur!
Quiconque a de ses yeux contemplé la beauté,
hélas, que ne peut-il tarir comme une source!
August von Platen (1796 - 1835).
(«von Platen fut historiquement le premier grand poète homosexuel au sens moderne, dont on ne saurait édulcorer la personne et l'oeuvre», note Dominique Le Buhan et Eryck de Rubercy dans leur introduction aux Sonnets d'Amour et Sonnet Vénitiens paru chez Orphée/La Différence).
jeudi 24 février 2011
Extrait de l'article de Corinne Bensimon: "Braguettes, l’empire du mâle" pour Libération.fr
Vittore Carpaccio. Jeune cavalier dans un paysage, 1510
George Pencz. Portrait d'un jeune homme assis, 1544
Pieter Brueghel Le Vieux. Le pays de cocagne, 1567
Giuseppe Arcimboldo. L'empereur Maximilien II de Habsbourg (1527-1596), sa femme Marie, ses trois enfants Anne, Rodolphe et Ernest, vers 1563
Giovanni Battista Moroni. Portrait d'un tailleur, 1565-68
Giovanni Battista Moroni. Portrait d' Antonio Navagero, 1565
Pieter Brueghel I, le Vieux - L'Eté. 1568
Agnolo Bronzino - portrait de guidobaldo II della rovere, 1531-1532
Extrait du livre (première page):
Paris, 1467. Indigné, messire Mathieu de Coucy, bon bourgeois et chroniqueur de son époque, regagne son domicile. Tandis qu'il descend la montagne Sainte-Geneviève, fief de la Sorbonne et de ses étudiants, il croise plusieurs passants, et pas seulement des jeunes hommes, qui ne portent plus la robe ou la longue tunique, vêtement de pudeur et de dignité ni même les braies du petit peuple et des paysans. Ils arborent des pourpoints courts surmontant des hauts-de-chausses moulant si étroitement le bas du corps que l'on peut voir, comme il l'écrit d'une plume courroucée : «des hommes vestus plus court qu'ils n'eurent oncques fait. Tellement que l'on voit la façon de leurs culs et de leurs génitoires».
Plume en main, cependant, il réfléchit et s'avise que si son courroux a toute raison d'être, il n'a pas lieu d'être surpris de l'entorse à la vertu qu'il vient de constater. Les sociétés passent par heurs et malheurs. À chaque fois qu'elles entrent dans une ère de paix, les moeurs se relâchent, accompagnées par un grand appétit de jouissance. La lecture des chroniques de ses prédécesseurs lui a appris, par exemple, qu'au siècle précédent, sous Charles VI - qui n'a pas encore vingt ans- durant une accalmie de la guerre de Cent Ans, la cour du roi menait joyeuse vie, s'ébaudissant le soir en bals costumés où les hommes portaient des robes «déguisées».
Pendant ce temps, les bourgeois s'enrichissaient et Paris vivait un tel âge d'or commercial et intellectuel qu'elle était surnommée «la Nouvelle Athènes» de l'Occident. Quant aux étudiants, ils s'affranchissaient des vieux dogmes et découvraient avec volupté les écrivains de l'Antiquité, prenaient la nature comme objet d'études et s'exerçaient au plein exercice de la critique objective. À moeurs plus légères, mode plus libre. L'extravagance s'affichait alors au bout des souliers à la poulaine, dont la pointe était si longue qu'elle pouvait, soutenue parfois par des baleines, atteindre plus de 60 cm.
Mais, surtout, l'inconvenance prenait droit de cité avec les chausses. Jusqu'alors, sous la robe, les jambes masculines étaient protégées par des bandes molletières. Mais voilà que cette robe qui engloutissait les formes est remplacée par un long pourpoint, les molletières par des bas, les chausses, montant jusqu'aux cuisses, soulignant la finesse de la jambe : le goût était à la silhouette longiligne. Ces chausses exigeaient de bons artisans : pour qu'elles adhérent parfaitement à la jambe, sans plisser disgracieusement, ces façonniers devaient les tailler clans le biais.
mardi 15 février 2011
Les Amants d’Antinoopolis (130 à 140 apr. JC). Artiste inconnu. Le Caire, Egypte, Musée égyptien.
Double portrait funéraire trouvé à Antinoé (où Antinoopolis) probablement par Albert Jean Gayet, qui mis au jour de nombreux portraits peints dans la région de 1896 à 1911. Il a été exposé à l'Exposition Universelle de 1900 à Paris.
Référencé comme « le Tondo des Frères », mais certains chercheurs pensent maintenant que les deux hommes représentés étaient amants, car ils sont trop différents physiquement. Mais encore plus significatives sont les petites images des dieux gréco-égyptienne placées au-dessus de leurs épaules. Le vieil homme est gardé par Hermanubis, un dieu des enfers adoré dans la ville voisine d'Hermopolis, le plus jeune est gardé par une divinité d'abord identifié comme Harpocrate, mais à présent considéré comme Osiris Antinoüs, le dieu patron d’Antinoopolis.
vendredi 11 février 2011
En 1970, Derek Jarman travaille sur les décors du film «Les diables» pour Ken Russell et collabore aussi à la production. Fasciné par les techniques cinématographiques, il participe au montage financier du «Messie sauvage» (1972) toujours de Russell. Parallèlement, Derek se fait la main en réalisant des courts métrages, des films publicitaires, des clips en super-huit et des vidéos.
En 1976, il coréalise, avec Paul Humfress, «Sebastiane», une œuvre sulfureuse qui fantasme sur la vie supposée de Saint-Sébastien, en mélangeant d’une façon très iconoclaste la religion à la sexualité. Le film fait scandale mais apparaît comme un véritable hymne au corps masculin et devient très vite une oeuvre culte pour la «gay community».
En 1977, il récidive en solo avec «Jubilé» avec Ian Charleson, un étrange voyage entre le sexe et la drogue sur une musique punk-rock. Deux ans plus tard, il revisite très librement «The tempest», la pièce de William Shakespeare.
Au cours des quinze années suivantes, le travail de Derek Jarman est sans compromis et illustre parfaitement le mouvement homosexuel, alors en pleine affirmation. Parmi ses réalisations les plus marquantes, nous pouvons citer: «Caravaggio» (1986) avec Dexter Fletcher, biographie anti-conventionnelle et hallucinée du célèbre artiste italien; «The last of England» (1987) avec Nigel Terry, un poème beau et déroutant, portrait pessimiste de l’Angleterre et «War Requiem» (1988) avec Laurence Olivier, un réquisitoire contre la guerre. Ses films présentés dans des festivals récoltent de nombreux prix.
En 1986, il apprend sa séropositivité. Il se retire dans une petite maison de pêcheur, dans le Kent et se consacre au jardinage lorsque qu’il ne tourne pas. En 1987, il participe à l’œuvre collective «Aria», aux côtés de réalisateurs aussi prestigieux que Jean-Luc Godard, Bruce Beresford et Robert Altman.
Derek Jarman par Steve Pyke
Dans les années quatre-vingt-dix, Derek Jarman dépeint toujours avec provocation la société anglaise, à travers sa préoccupation récurrente du fait homosexuel. Dans «The garden» (1990) il s’attaque de nouveau au christianisme en faisant une relecture très personnelle de la Passion du Christ au travers d’un couple d’homosexuels. Dans «Edward II» (1991) il relate les amours du roi et de son favori contrariées par la reine Isabelle, incarnée par Tilda Swinton, son amie et actrice fétiche. «Wittgenstein» (1992), est une biographie érotique du philosophe autrichien mort à Cambridge. Enfin il fait avec «Blue» (1993) son autoportrait face au SIDA et à sa mort annoncée. Tilda Swinton lui donne la réplique
En 1994, Jarman presque aveugle, trouve la force de monter son dernier film «Glitterburg» (1994), un documentaire d’une heure, d’images inédites de sa vie et des ses tournages. Très affaibli par des complications liées à sa maladie, Derek Jarman décède le 19 février 1994, à Londres. Le 2 mars, il est enterré au pied d’un vieil if, dans le cimetière de Old Romney dans le Kent. Il est désormais considéré comme l’un des grands cinéastes britanniques du vingtième siècle.
Biographie: Philippe PELLETIER
Derek Jarman - Sebastiane - 1976
Le film est en latin sous-titré en anglais