ENTARTETE KUNST
L'ART DÉGÉNÉRÉ
1937
Le début du XXe siècle voit la naissance d'un art nouveau, l'art moderne. Un effervescence inconnue jusque là, initiée par les impressionniste, voit la naissance de courants puissants comme l'art nouveau, le fauvisme, le cubisme, le futurisme, l'expressionnisme, l'abstraction, le constructivisme, le Bauhaus, le dadaïsme, le surréalisme, la Nouvelle Objectivité et biens d'autres. Les artistes voyagent, communiques, se rencontrent, forment des groupes plus où moins poreux, ils se confrontent, parfois se chamaillent. Dorénavant, on pense l'art, on publie des manifestes, des traités, des essais. On discourt, on critique, on fait parfois entrer la science dans le domaine de l'art. On se confronte. Les expositions font le tour de l'Europe. Les artistes aussi, cherchant l'inspiration partout où elle se trouve. La richesse de l'art de ce début de siècle est immense et ne semble pas pourvoir s'arrêter de bouillonner. Et pourtant.
En 1933, en Allemagne, un petit peintre raté, sans talent, va marquer un coup d'arrêt terrible à cette avancée. Ce peintre s'appelle Adolf Hitler. Cet homme, né en 1889 à Braunau am inn, à la frontière austro-allemande se veut artiste. Il rencontre en 1905 un apprenti-tapissier, August Kubizek, passionné de musique. Celui-ci lui donne l'envie de devenir compositeur. Il convainc sa mère de l'inscrire dans une école de musique mais abandonnera rapidement. Qu'a cela ne tienne, il sera peintre. Il s'inscrit à l'examen d'entrée de l'école des Beaux-Arts de vienne en 1907. Il est refusé. Son travail est jugé "insuffisant".
« J'étais si persuadé du succès que l'annonce de mon échec me frappa comme un coup de foudre dans un ciel clair. » écrit'il dans Mein Kampf en 1925.
Sa mère meurt à la fin de l'année 1907 sans que le jeune homme ose lui avouer son échec. Mais il n'en démord pas. Il sera artiste peintre ou architecte. A 19 ans, il retente l'examen d'entrée à Vienne. En octobre 1908, l'École des beaux-arts recale 96 élèves dont Adolf Hitler qui « n'a pas été autorisé à passer l'épreuve ». Non pas qu'il soit mauvais dessinateur mais parce qu'il ne travaille pas assez, il est incapable de se soumettre à une discipline. Mon dieu, s'il avait été accepté, la face du monde en aurait été changé. Cela fait froid dans le dos. Le reste de la carrière de cet homme appartient à l'histoire. Je ne sais si les échecs dans la carrière artistique d'Hitler ont joué un rôle dans ses décisions, mais le monstre n'aura de cesse de détruire cet art et ces artistes qui ouvraient la voix à une ère nouvelle.
Le 30 janvier 1933 vers midi, Adolf Hitler atteint son but : il est nommé chancelier de la République de Weimar après un mois d’intrigues au sommet organisées par l’ancien chancelier Franz von Papen, et grâce au soutien de la droite et à l’implication du Parti national du peuple allemand (DNVP). Le soir même, des milliers de SA effectuent un défilé nocturne triomphal sur Unter den Linden, sous le regard du nouveau chancelier, marquant ainsi la prise de contrôle de Berlin et le lancement de la chasse aux opposants.
Dès l’accession au pouvoir en 1933 d’Adolf Hitler, de virulentes attaques sont sans cesse formulées contre les recherches picturales initiées dans les années 1910 par les artistes expressionnistes allemands, qu'ils appartiennent au courant Die Brücke, der Blaue Reiter ou au mouvement dada. Souhaitant s’éloigner des représentations traditionnelles de l’art, ils proposent des langages esthétiques nouveaux et variés dont certains semblent amplement s’inspirer des arts primitifs africains comme du cubisme.
Le terme Entartung (ou «dégénération») est né en Allemagne à la fin du 19ème siècle, lorsque le critique et auteur Max Nordau conçu la théorie présentée dans son livre en 1892, Entartung . Nordau s'inspire des écrits du criminologue Cesare Lombroso, dont L'Homme criminel, publié en 1876, qui a tenté de prouver qu'il y avait des «criminels nés» et dont les traits atavique de personnalité pouvaient être détectés par la mesure scientifique de caractéristiques physiques anormales. Nordau a développé à partir de cette théorie, les prémisses d'une critique de l'art moderne. Il a expliqué que ceux qui étaient corrompus et affaiblis par la vie moderne avaient perdu la maîtrise de soi nécessaire pour produire des œuvres cohérentes. Il a attaqué l'Esthétisme dans la littérature anglaise et a décrit le mysticisme du mouvement symboliste en littérature française en tant que produit d'une pathologie mentale. Expliquant la picturalité de l'impressionnisme comme le signe d'un cortex visuel malade, il a dénoncé la dégénérescence moderne tout en louant la culture traditionnelle allemande. Malgré le fait que Nordau était juif et un personnage clé dans le mouvement sioniste (Lombroso était aussi juif), les nationaux-socialistes se sont emparés de sa théorie de la dégénérescence artistique pendant la République de Weimar comme un point de ralliement entre leur antisémite et leur racisme et la demande pour une pureté aryenne de l'art.
La montée d'Hitler au pouvoir le 31 Janvier 1933, a été rapidement suivie par des actions visant à nettoyer la culture de la dégénérescence : organisation d'autodafés de livres, des artistes et des musiciens démis de postes d'enseignement, et les conservateurs de musées remplacés par les membres du Parti. En Septembre 1933, le Reichskulturkammer (Chambre de la Culture du Reich) est créé, avec Joseph Goebbels, Reichminister für Volksaufklärung und Propaganda (Ministre du Reich pour l' Instruction Publique et la Propagande) à sa tête. Goebbels disait : " A l'avenir, seuls ceux qui sont membres d'une chambre sont autorisés à être productifs dans notre vie culturelle. L' adhésion est ouverte seulement à ceux qui remplissent les conditions d'entrée. De cette façon, tous les éléments indésirables et nocifs seront exclus... " En 1935, la Chambre de Culture du Reich comptait 100.000 membres.
La théorie était la suivante : l'art héroïque symbolise l'art racial pur, la libération de la déformation et de la corruption, alors que les modèles modernes dévient de la norme prescrite de la beauté classique. Les artistes de races pures ont produit l'art racial pur, et les artistes modernes d'une contrainte raciale inférieure ont produit les travaux qui étaient dégénérés.
Joseph Goebbels
En 1937, le concept de dégénérescence était fermement ancré dans la politique nazie. Le 30 Juin de cette année Goebbels nomme Adolf Ziegler, chef de la der Reichskammer Bildenden Künste (Chambre des arts visuels du Reich), en charge d'une commission de six personnes autorisées à confisquer des musées et des collections d'art à travers le Reich, tout art étant estampillé moderne, dégénéré ou subversif. Ces travaux ont été ensuite présentés au public dans une exposition destinée à inciter davantage de révulsion contre l' « esprit juif pervers » pénétrant la culture allemande.
De juin à novembre 1937, les nazis organisent à Munich une grande exposition d'« art dégénéré », qu'ils présentent comme la production d'artistes bolcheviks et juifs. Le comité de sélection des œuvres d'art est composé par le peintre Adolf Ziegler, apprécié par Hitler, par l'historien d'art Klaus von Baudissin, qui deviendra plus tard Oberführer dans la Waffen-SS, par le dessinateur Wolfgang Willrich, ainsi que par le graphiste Hans Schweitzer. Cette exposition présente 730 œuvres d'une centaine d'artistes, choisies parmi 20 000 œuvres saisies dans les musées allemands.
Adolf Ziegler
Presque tous les grands artistes du XXe siècle, allemands tels que Nolde ou Kirchner, et étrangers, tels que Kokoschka, Picasso ou Chagall, y figurent. Les visiteurs étaient invités à confronter les productions de malades mentaux et celles de représentants de l'avant-garde. Une confrontation destinée à mettre en évidence la parenté entre les deux productions et à stigmatiser la perversité des artistes.
Le succès public est immense, avec plus de deux millions de visiteurs, bien que le local soit mal adapté et mal situé. La file des visiteurs s'étend jusque sur le trottoir. Aujourd'hui, l'exposition nous apparaît comme une impitoyable mise au pilori de créateurs livrés en pâture à l'opinion publique. Tout autre était le but poursuivi à l'époque : « Il s'agit d'abord de présenter le peuple allemand, référent structurel et premier du nazisme, comme la victime d'une gigantesque manipulation destinée à l'escroquer. » L'enjeu de l'opération consistait à faire passer des artistes persécutés et bâillonnés pour des terroristes. Ainsi, dans la cinquième salle de l'exposition, l'« insondable saleté » de Karl Hofer, Ernst Ludwig Kirchner, Max Beckmann ou Oskar Kokoschka est-elle assimilée « aux plus bas instincts du gangstérisme ». Il s'agissait de faire croire que la condamnation de ces artistes rendait, in fine, justice aux Allemands.
Coïncidant avec l'exposition "Entartete Kunst", la Grosse deutsche Kunstausstellung (Grande exposition d'art allemand) a fait sa première avec beaucoup d'apparat. Cette exposition, tenue au palais Haus der deutschen Kunst (Maison de l'art allemand), affiche le travail des artistes officiellement approuvés tels que Arno Breker et Adolf Wissel. Au bout de quatre mois Entartete Kunst avait attiré plus de deux millions de visiteurs, près de trois et demi le nombre de visiteurs de la Grosse deutsche Kunstausstellung. « La foule devint telle que le Dr. Goebbels, courroucé et gêné, ne tarda pas à la faire fermer ». L'exposition se déplaça par la suite dans onze autres villes en Allemagne et en Autriche.
Hitler avait déclaré lors de son discours d’inauguration de l’exposition de 1937: « Avant que le nationale socialisme ne prenne le pouvoir, il n’y avait en Allemagne que le soi-disant Art Moderne. Chaque année un autre art moderne… Nous, nous voulons un art Allemand d’une valeur éternelle. L’art n’est pas fondé sur le temps, une époque, un style, une année, mais uniquement sur un peuple. »
Pages de Entartete Kunst, un inventaire dactylographié pour Le Reichsministerium für Volksaufklärung und Propaganda de Goebels. Victoria and Albert Museum, Londres
Le seul exemplaire connu d'un inventaire complet des «Entartete Kunst» confisqués par le régime nazi d'institutions publiques en Allemagne, principalement en 1937 et 1938. La liste de plus de 16.000 oeuvres d'art a été produit par le Reichsministerium für Volksaufklärung und Propaganda ( Ministère du Reich pour l'Instruction publique et de la Propagande) en 1942 ou après. Il semble que l'inventaire a été compilé comme un enregistrement final, après les ventes et cessions de l'art confisquées avaient été accomplies à l'été 1941. Deux volumes dactylographiées de l'inventaire fournissent des informations cruciales sur la provenance, l'histoire de l'exposition et le sort de chaque œuvre.
Vous pouvez télécharger les deux exemplaires sur le site du Victoria and Albert Museum, Londres : ICI et ICI
L'inventaire se compose de 482 pages (y compris des pages blanches et une page manquante), répartis en deux volumes. Les entrées sont organisées par ordre alphabétique par ville, institution et le nom de l'artiste. Volume 1 couvre les villes Aachen à Görlitz, tandis que le volume 2 couvre Göttingen à Zwickau. Chaque page donne le nom de la ville et le musée au sommet, suivi de deux groupes de colonnes contenant des informations sur chaque œuvre. Les premières colonnes fournissent un nombre en cours d'exécution, le nom de l'artiste, le numéro d'inventaire et un titre court. Les autres colonnes fournissent des détails supplémentaires, et ont été évidemment ajoutés plus tard. Le contenu comprend des informations sur le moyen et l'acheteur ou le concessionnaire (le cas échéant), un code indiquant l'histoire de l'exposition ou le destin de l'œuvre, et tous les paiements effectués en Reichsmarks ou en monnaie étrangère. Les principaux concessionnaires étaient Bernhard A. Böhmer (ou Boehmer), Karl Buchholz, Hildebrand Gurlitt, et Ferdinand Möller (ou Moeller).
Sur cette page, on peut distinguer les villes, les institutions concernées et le nombre d’œuvres confisquées par institution.
Abkürzungen ou abréviations
Listes des oeuvres confiquées, ici à Berlin au Küpferstichkabinet, le nom de l'artiste, par exemple Beckman, ici 17 oeuvres confisquées avec un titre sommaire
Dans la même institution, Beckmann (7 oeuvres), Braque (1), Campendonk (8), Chagall (20), Corinth (9)
L'exposition.
L'inauguration de l'exposition «Art dégénéré» eut lieu le 19 Juillet 1937 à Munich, un jour après l'ouverture de la «maison de l'art allemand», elle se tint jusqu'au 30 novembre. L'exposition se déroula au deuxième étage d'un bâtiment anciennement occupé par l'Institut d'archéologie. Elle rassemblait plus de 650 peintures, sculptures, gravures et livres des collections de trente deux musées allemands. Les spectateurs devaient atteindre l'exposition au moyen d'un escalier étroit. La première sculpture représentait un Christ surdimensionné accroché à un portail pour délibérément intimider les spectateurs qui devaient littéralement le heurter pour entrer.
Les salles étaient constituées de cloisons temporaires et volontairement surchargées pour donner l'impression d'un Chaos. Les toiles étaient entassées, grossièrement accrochées par une ficelle, la plupart du temps, il n'y avait aucune mention. Lorsqu'il y en avait, étaient noté le nom de l'artiste, un titre erroné, et souvent la valeur du tableau qui était fantaisiste et surestimée dans un but de propagande.
Les chiffres étaient destinés à heurter les spectateurs lorsque l'on sait qu'avec l'hyperinflation de l'après-guerre dans la république de Weimar au début des années 1920, le prix d'une miche de kilo de pain atteignait 233 milliards de marks allemands.Les toiles étaient mises en comparaison avec des dessins de handicapés mentaux. A côté de certaines, on pouvait voir des photos de personnes aux visages déformés par des accidents ou un handicap. Tout ceci pour souligner le côté "malade" de l'art moderne.
Les salles étaient constituées de cloisons temporaires et volontairement surchargées pour donner l'impression d'un Chaos. Les toiles étaient entassées, grossièrement accrochées par une ficelle, la plupart du temps, il n'y avait aucune mention. Lorsqu'il y en avait, étaient noté le nom de l'artiste, un titre erroné, et souvent la valeur du tableau qui était fantaisiste et surestimée dans un but de propagande.
Les chiffres étaient destinés à heurter les spectateurs lorsque l'on sait qu'avec l'hyperinflation de l'après-guerre dans la république de Weimar au début des années 1920, le prix d'une miche de kilo de pain atteignait 233 milliards de marks allemands.Les toiles étaient mises en comparaison avec des dessins de handicapés mentaux. A côté de certaines, on pouvait voir des photos de personnes aux visages déformés par des accidents ou un handicap. Tout ceci pour souligner le côté "malade" de l'art moderne.
Goebels lors de l'inauguration (à gauche, des toiles d'Emil Nolde)
Hitler inaugurant l'exposition
Les trois premières pièces étaient regroupées par thème. La première pièce contenait des œuvres jugées avilissantes pour la religion; la seconde les œuvres d'artistes juifs; la troisième les œuvres jugées insultantes pour les femmes, les soldats et les agriculteurs d'Allemagne. Le reste des salles de l'exposition n'avait pas de thème particulier. Sur les murs des salles on pouvait lire des slogans écrits en grands tels que :
Insolente moquerie du Divin sous la domination Centriste
Révélation de l'âme raciale juive
Une insulte à la féminité allemande
L'idéal-crétin et la putain
Sabotage délibéré de la défense nationale
Agriculteurs allemands, une vue yiddish
Le désir juif pour le désert lui-même, en Allemagne le nègre devient l'idéal racial d'un art dégénéré
La folie devient méthode
La nature vu par des esprits malades
Agriculteurs allemands - une vue yiddish
La folie devient méthode
L'exposition était itinérante et est passée par les grandes villes de l'empire. Après Munich, vint Berlin à l'été 38, après avoir été annoncée le 13 Mars 1938. Après l'annexion de l'Autriche par le Reich allemand, elle se déroula du 7 mai au 18 Juin à Vienne à la Künstlerhaus, puis du 4 au 25 Août à Salzbourg à la Festspielhaus et à Hambourg du 11 Novembre au 31 Décembre 1938. en tout, de Février 1938 à Avril 1941, elle s'est déplacée à Berlin, Leipzig, Düsseldorf, Hambourg, Francfort, Vienne, Salzbourg, Szczecin et Halle.
Affiche de l'exposition de Munich
Affiche de l'exposition de Berlin
Affiche de l'exposition de Hambourg
Affiche de l'exposition de Leipzig
Les salles à Munich
Le catalogue de l'exposition
Otto Freundlich, Der neue Mensch. Cette sculpture en plâtre, de 139 cm, a été réalisée en 1912. Présentée à l'exposition, elle a disparu lors d'un voyage itinérant vers les autres villes.
"Kunstkommunist werden heisst zwei Phasen durchlaufen :
1. Platz in der kommunistischen Partei nehmen und die Pflischten der Solidarität im Kampf über-nehmen;
2. Die revolutionäre Umstellung der Produktion vornehmen."
Der Jude wieland Hersfelde in "der Gegner" 1920/21
"L'Art communiste sera traversé par deux phases qui sont
1.Prendre place au sein du parti communiste et prendre en charge l'obligation de la solidarité dans la lutte;
2. Procéder au changement révolutionnaire de la production."
"Le Juif Wieland Hersfelde dans «l'ennemi» 1920-1921
"Wir ziehen es vor, unsauber zu existieren, als sauber unterzugehen. Unfähig aber anständig zu sein, überlassen wir verbohrten Individualisten und alten Jungfern. Keine Angst um den guten Ruf!”
“Der Gegner” 1920/21
«Nous préférons, plutôt que de vivre impurs, périr purs. Etre impuissants mais honnêtes, nous laissons les individualistes et les vieilles demoiselles malavisés. Ne vous inquiétez pas de la bonne réputation!"
"L'ennemi" 1920-1921
“Das realisch Gebundene wird zerteilt und aufgebrochen zu einem Gefäss für seine aufgestaute, sinnlich brennende Leidenschaft, die - nun entzündet - keine seelische Tiefe mehr kennt und nach aussen schlägt, verzehrend, expansiv, sich mit allen Teilen begattend. Es gibt für ihn keine Widerstände mehr und vorgesetzte Grenzen...”
Zeitgenössisches Literatengeschwätz über solche damals “moderne” Bordellkunst
"Celui qui est attaché au réel est divisé et brisé dans un récipient pour sa passion refoulée, sensuelle, brûlante, qui - maintenant éclairé - ne connaît plus la profondeur psychologique et se bat contre le monde extérieur, consomme, s'expand, et copule de toutes parts. Pour lui, il n'y a pas plus de résistance et plus de limites "
Bavardage littéraire contemporain à propos de cet art de bordel "moderne"
"Der Künstler muss als Künstler Anarchist sein"
Der Jude und Bolchewist Kurt Eisner, Münschen in "Aufruf zum Socialismus"
"L'artiste doit être comme tous les artiste, un anarchiste "
Le Juif et Bolchevique Kurt Eisner, Munich dans "Appel au socialisme"
"Lasst uns Schlagwetteratmosphäre verbreiten! Lernt! Vorbereitet! Übt Euch!"
Der Bolschewist Johann R. Becher in "Aufruf an alle Künstler" 1919, Berlin.
Répandons une atmosphère de coup de grisou ! apprends ! prépare toi ! entraine toi ! "
Le bolchevique Johann R. Becher dans "Appel à tous les artistes" 1919 Berlin.
"Kunst" predigt Klassenkampf !
"Maler Du willst; Du stürzest die Welt um; Du bist Politiker! Oder Du bleibst Privatmann...Malen um des Malens willen ist Ruder-apparat im Zimmer."
Der Anarchist Ludwig Rubiner in "Maler bauen Barrikaden" ("Die Aktion" 1914).
"L'art" prêche la lutte des classes !
"Peintre Tu désires, Tu renverses le monde entier; Tu es politicien! ou Tu restes un particulier ... Peindre pour le désir de la peinture est le gouvernail dans la pièce !."
L'anarchiste Ludwig Rubiner dans "Le peintre construit des barricades" ("L'Action" 1914).
Zwei "Heilige"!!
Die obere heisst "Die Heilige vom inneren Licht" und stammt von Paul Klee.
Die untere stammt von einen Schizophrenen aus einer Irrenanstald. Dass diese "Heilige Magdalena mit Kind" immer noch menschenähnlicher aussieht als das Machwerk von Paul Klee, das durchaus ernst genommen werden wollte, ist sehr aufschlussreich.
Deux "Saints" !!
Celui du haut s'appelle "La sainte de la lumière intérieure» et est de Paul Klee. Celui du bas est d'un schizophrène d'un asile psychiatrique. Que cette «Sainte Madeleine avec enfant" ressemble encore plus à quelque chose d'humain que la créature de Paul Klee, qui voulait être pris au sérieux, est très révélateur.
« Etik der Geisterkrankheit . »
« Der Besessen wahnsinniges Reden ist die höhere Weltweisheit, da sie menschlich ist... Warum haben wir diese Einsicht gegenüber der Welt des freien Willens noch nicht gewonnen. Weil wir äusserlich die Herren des Wahnsinns sind, weil die Geisteskranken von uns vergewaltigt werden, und wir sie daran hindern, nach ihren etischen Gesetzen zu leben... Jetz müssen wir de toten Punkt in unserem Verhältnis zur Geisteskrankheit zu überwinden trachten.”
Der Jude Wieland Herzfelde in “Die Aktion” 1914.
"Etique de la folie. »
"Le discours follement possédé est la sagesse du monde la plus élevée, car il est humain ... Pourquoi avons-nous cette révélation face au monde d'un désir libre qui n'est encore pas gagné. Parce que nous sommes à l'extérieur les maîtres de la folie, parce que les fous parmis nous sont violés, et nous les empêchont de vivre selon leurs lois éthiques ... Maintenant nous devons nous efforcer de surmonter l'impasse dans notre relation à la folie "
Le Juif Wieland Herzfelde dans "L'action" 1914
Dummheit oder Frechheit - oder beides - auf die Spitze getrieben!
Stupidité ou audace - ou les deux - à l'extrême!
Ein wertvolles Geständnis :
"Wir können bluffen wie die abgesottensten Pokerspieler. Wir tun so, als ob wir Maler, Dichter oder sonst was wären, aber wir sind nur und nichts als mit Wollust frech. Wir setzen aus Frechheit einen riesigen Schwindel in die Welt und züchten Snobs, die uns die Stiefel abschlecken, parce que c'est notre plaisir. Windmacher, Sturmmacher sind wir mit unserer Frechheit."
Aus dem Manifest von A. Undo in "Die Aktion" 1915.
Un aveu précieux:
"Nous pouvons bluffer comme des joueurs de poker (abgesottensten?). Nous faisons comme si nous étions des peintres, des poètes ou quoi que se soit d'autre, mais nous ne sommes rien d'autre que de la convoitise coquine. Nous nous arrêtons à l'insolence une énorme escroquerie dans le monde et nous engendrons des snobs qui nous lêchent les bottes, parce que c'est notre plaisir. Faiseurs de vent, faiseurs de tempête sommes nous avec notre impudence ".
Du Manifeste de A. Undo dans "L'Action" 1915
Die Dirne wird zum sittlichen Ideal erhoben!
Was die bolschwistische Jüdin Rosa Luxemburg an der russischen Literatur besonders liebte : "Die russische Literatur adelt die Prostituierte, verschafft ihr Genugtuung für das an ihr begangene Verbrechen der Gesellschaft...,erhebt sie aus dem Fegefeuer der Korruption und ihrer seelischen Qualen in die Höhe sittlicher Reinheit und weiblichen Heldentums."
Rosa Luxemburg in "Die Aktion" 1921.
La prostituée est élevée à l'idéal moral !
Ce que la juive bolschévique Rosa Luxembourg aimait particulièrement dans la littérature russe : "La littérature russe anoblit la prostituée, elle lui procure satisfaction pour le crime commis face à la société..., elle l'élève du purgatoire de la corruption et de ses supplices psychiques à la hauteur de la propreté morale et de l'héroïsme féminin. "
Rosa Luxemburg dans "L'Action" 1921
Selbst das wurde einmal ernst genommen und hoch bezahlt!
Die Titel heissen: "Der Gott der Flieger", "Am Strand", "Merzbild" und "Famielienbild".
Die "Künstler" heissen : Molzahn, Metzinger und Schwitters.
Ceci a été pris au sérieux une fois et hautement payé!
Les titres sont : "Le Dieu des aviateurs", "Sur la plage", "Imabe de mer", "Image de la famille".
Les "Artistes" s'appellent : Molzahn, Metzinger et Schwitters.
"Offenbarungen deutscher Religiosität"
hat die den jüdischen Kunsthändlern feile Presse einmal solchen Hexenspuk genannt.
Die Titel lauten :
"Christus und die Sünderin", "Tod der Maria aus Ägypteh", Kreuzabnahme" und "Christus". Die " Künstler" heissen : Nolde, Morgner und Kurth.
"Revelations religiosité allemande"
La presse vénale des marchands d'art juifs a appelé une fois un tel fantôme de sorcières.
Les titres sont :
"Le Christ et les pècheurs", "La mort de la Vierge d'Egypte", "Descente de croix" et "Christ". Les "Artistes s'appellent : Nolde, Morgner et Kurth.
Gemalte Wehrsabotage
des Malers Otto Dix
Sabotage militaire peint
du peintre Otto Dix
Wenn ein unheilbar Irrsinniger,
Ein Dilettant wohlgemerkt, eine Katze modelliert, si sieht das etwas so aus:
Wenn dagegen der Jude Haizmann,
der seinerzeit als ein "genialer Plastiker" gefeiert wurde, auf die Idee kommt, ein "Fabeltier" zu schaffen, so sieht dieses als Brunnenfigur gedachte Monstrum so aus, wie dieses Bild zeigt :
Das Juden-geschöpf wiegt nebenbei bemerkt etliche Zentner.
Quand un fou incurable,
un dilettante assuré, modélise un chat, il ressemble à quelque chose comme ceci:
En revanche, lorsque le Juif Haizmann,
qui était à l'époque salué comme un «sculpteur de génie» a l'idée de créer une «bête mythique», cela prend l'apparence d'une figure brune imaginaire monstueuse, comme le montre cette photo:
La créature juive pèse façon remarquable plusieurs quintaux.
Jeder Kommentar ist hier überflüssig!
Die "Werke" stammen von Voll, Kirchner, Heckel, Hoffman und Schmitt-Rottluff.
Tout commentaire est ici superflu!
Les "oeuvres" proviennent de Voll, Kirchner, Heckel, Hoffman et Schmitt-Rottluff.
Drei Kostproben von jüdischer Plastik und Malerei
Die Titel lauten : "Selbstbildnis", "Der neue Mensch" und "Kopf".
Die Juden heissen : Meidner, Freundlich und Haizmann.
Trois échantillons de la sculpture et la peinture juive
Les titres sont : "Autoportrait", "Le nouvel homme" et "Tête"
Les juifs s'appellent : Meidner, Freundlich et Haizmann.
Ein sehr aufschlussreicher
rassischer Querschnitt
Man beachte besonders auch die unten stehenden drei Malerbildnisse. Es sind von links nach rechts : Der Maler Morgner, gesehen von sich selbst. Der Maler Radziwill, gesehen von Otto Dix. Der Maler Schlemmer, gesehen von E. L. Kirchner.
Une très révélatrice
section raciale
Notez en particulier en dessous de trois photos de peinture. De gauche à droite: Le peintre Morgner, vu par lui-même, le peintre Radziwill, vu par Otto Dix . Le peintre Schlemmer, vu par E. L. Kirchner.
[NDLR : J'ai traduit moi même le catalogue avec les bribes de l'allemande appris il y a fort longtemps durant le secondaire et avec les traducteurs automatiques du Net. La traduction est donc parfois approximative. Si un germanophone pouvait me corriger, il serait le bienvenu.]
Les oeuvres
Les oeuvres présentées ici ont toutes fait partie de l'exposition. Je vous invite donc a pénétrer dans cette magnifique exposition (du point de vue artistique). Sur les 650 œuvres exposées, j'ai réussi à en retrouver 131 (un long travail de recherche). Bonne visite.
Emil Nolde, 1867-1956. Allemagne.
Expressionnisme - Die Brücke, la Sécession berlinoise, la nouvelle Sécession
Emil Nolde en 1929.
En 1935, il adhère au parti nazi dans l'espoir d'être accepté par le régime. Il est défendu dans un premier temps par Goebbels, amateur d'expressionnisme et certaines de ses aquarelles décorent même son appartement. Une salle lui est consacrée à la galerie nationale de Berlin. Cependant son art est critiqué par Alfred Rosenberg qui a les faveurs d'Hitler en matière culturelle, et, dès 1937, il est tenu en suspicion par le régime : le 23 août 1941 Adolf Ziegler lui enjoint de cesser de peindre, ce qu'il refuse de faire. Nolde est alors expulsé de l'Académie des arts. Au cours de la campagne contre « l'Art dégénéré », un grand nombre de ses œuvres (1 052 exactement) exposées dans les musées allemands sont confisquées et certaines sont détruites sur ordre des nazis. Il se retire alors à Seebüll et peint de très nombreuses aquarelles qu'il appelle ses « tableaux non-peints », en référence à l'interdiction d'exercer son art.
Mulâtresse, 1913. Huile sur toile
Jardin de fleurs, 1926. Huile sur toile
Tournesols en fleurs, 1932. Huile sur toile
La Cène, 1909. Huile sur toile, 107 x 86 cm. National Gallery of Denmark (Statens Museum for Kunst), Copenhague, Danemark
Nus et eunuque , 1912. Huile sur toile, 88 x 74cm coll Indiana University Art Museum Bloomington, Etats-Unis
Paradis perdu, 1921. Huile sur toile 106,5 x 157 cm. Fondation Seebüll Ada et Emil Nolde Neukirchen, Allemagne
Stilleben mit Holzfigur (Nature morte avec figurine en bois), 1911. Huile sur toile, 77 x 65 cm. Museum Folkwang, Essen, Allemagne
Le Christ et les enfants, 1910. Huile sur toile
Rothaarige Mädchen (La fille aux cheveux rouges), 1919. Huile sur toile. Art Institute of Chicago
La Vie du Christ (cycle complet), 1911. Huile sur toile 220,5 x 580,5 cm. Stiftung Seebüll Ada und Emil Nolde, Neukirch
Panneau central
Panneau central lors de l'installation pour l'exposition, 1937
Christian Rohlfs, 1849-1938. Allemagne - Expressionnisme
Après l'exposition des nazis consacrée à l'« art dégénéré » à Munich en 1937, de nombreuses œuvres de Christian Rohlfs sont confisquées, parmi lesquelles environ 450 travaux qui se trouvent au musée Christian-Rohlfs à Hagen (de nos jours musée Karl Ernst Osthaus). Le 13 septembre 1937, Joseph Goebbels note dans son journal : « Avec (Heinrich) Vetter [NDLR : un nazi (NSDAP)] sur le sujet de l’art dégénéré. Il voulait défendre Rohlfs. Mais je le soigne. » L'artiste est interdit de peindre et il est exclu de l'académie prussienne des arts le 7 janvier 1938, un jour avant sa mort.
Elie nourri par les corbeaux, 1921. Huile sur toile, 100 x 80 cm. Beverly Hills (Californie), collection Robert Gore Rifkind.
Groteske Köpfe (Leidenschaft und Ruhe), 1915. Linogravure (Voir Der Spiegel)
Christoph Voll, 1897-1939. Allemagne
Expressionnisme, la Sécession de Dresde (Dresdner Sezessionsgruppe 1919)
En 1920, il rejoint la Dresdner Sezessionsgruppe 1919, une société créative des intellectuels et des artistes qui avait pour intention la refonte des commandes du monde selon une forme utopique du socialisme. Le groupe comprenait des artistes contemporains de premier plan tels que Otto Dix , Conrad Felixmüller, Hugo Zehder (architecte), Lasar Segall. Oskar Kokoschka était membre honoraire du groupe, mais jamais réellement exposé avec eux.
Le sculpteur Christoph Voll a travaillé à partir de 1925 en tant que professeur d'art à l'académie de Karlsruheavant, puis les nazis désignèrent son travail comme «dégénéré» ce qui entraîna sa radiation. 43 de ses œuvres ont été confisquées, y compris cette sculpture en bois, qui a été montré en 1937 à l'exposition à Munich. Voll est mort en 1939 à l'âge de seulement 42 ans.
Joseph et Putiphar (voir Der Spiegel)
Photo de l'exposition avec au devant la sculpture de Voll, Schwangere (Femme enceinte)
Selbstbildnis mit Nonne
Cet autoportrait reprend le thème de la religieuse, il a été inclus dans une exposition solo à la Galerie Neumann & Nierendorf (Berlin) en 1927. Dix ans plus tard, en 1937, il sera l'une des images publiées dans la revue nazie SA-Mann, dénonçant Voll comme dégénéré. Beaucoup de ses oeuvres ont été détruites. Après la guerre, la veuve de Voll a essayé de récupérer ce qui restait du travail de son mari en Allemagne, mais ses amis et ses collègues, lui ont appris que les travaux restant à Karlsruhe ont été tellement endommagés - à la fois par la destruction délibérée et à cause de la guerre - qu'il ne restait rien de réelle valeur.
Erich Heckel, 1883 - 1970. Allemagne
Expressionnisme - Die Brücke
En Juin 1905 Heckel fonde avec Ernst Ludwig Kirchner, Karl Schmidt-Rottluff et Fritz Bleyl à Dresde , le groupe d'artistes Die Brücke (Le Pont). Dans le cadre de l'action « Art dégénéré », les nazis confisquèrent 730 de ses oeuvres, et il fut interdit d'exposition. Beaucoup de ses toiles furent brûlées dans la caserne des pompiers de Lindenstraße, le 20 mars 1939 avec d'autres oeuvres de l'"Art Dégénéré". Ce qui restait en Allemagne fut détruit par un attentat à la bombe dans son atelier de Berlin en janvier 1944.
Photo de l'exposition avec en haut à gauche deux toiles d'Heckel, Das Durchlesen (La Lecture) et sitzender Mann (Homme assis)
Barbierstube (Echoppe de barbier), 1913. Huile sur toile. Fondation Moritzburg, Kunstmuseum des Landes Sachsen-Anhalt, Halle.
Barbierstube (Echoppe de barbier), 1912. Pointe sèche, 20 x 17 cm. Yale University Art Gallery
Das Durchlesen (La Lecture). Huile sur toile. 1914 Staatliche Galerie, Moritzburg, Allemagne
Männer am Meer, 1916
Peinte en 1916, cette toile représente des soldats d'un train médical se baignant dans la mer. Cette représentation des soldats, humains et vulnérables ne correspondait pas à la vision du monde du national-socialisme. Les "Hommes à la Mer" a été saisi avec près de 730 autres œuvres d'Heckel. Cette peinture a disparu pendant des années et n'a réapparu qu'en février 2012 à l'Albertinum à Dresde.
Emy Roeder (1890-1971. Allemagne) Schwangere (femme enceinte, maternité), 1918
Emy Roeder, un fragment de la Maternité retrouvé à Berlin
Au cours des travaux d'excavation pour une ligne de métro
souterrain à Berlin, en 2010, ce fragment de sculpture a été découvert par une
pelleteuse avec 10 autres sculptures de divers artistes « dégénérés »
(Otto Baum, Otto Freundlich, Karl Knappe, Marg Moll, Emy Roeder, Edwin Scharff,
Gustav Heinrich Wolff et Naum Slutzky.) Restaurées, les sculptures sont
maintenant exposées au Neues Museum de Berlin.
Ernst Barlach (1870-1937) Le berserk, 1910. Bronze. Ernst Barlach Haus – Stiftung Hermann F. Reemtsma, Hamburg
Ernst Ludwig Kirchner, 1880-1938. Allemagne
Ernst Ludwig Kirchner, autoportrait dans son studio, 1913-1915
Kirchner est le fondateur avec Fritz Bleyl, puis Erich Heckel et Karl Schmidt-Rottluff, et ensuite Emil Nolde, Max Pechstein, du premier mouvement expressionniste allemand, Die Brücke, le Pont, terme emprunté à Nietzsche pour définir l'homme comme tension vers l'avenir et surtout comme un « pont » entre le passé et le présent. Ce mouvement s’est formé à Dresde en juin 1905. Ils sont en rupture avec les conventions de l’art et de la société, refusant le formalisme et les règles, pour laisser libre cours à leurs émotions, à leurs impressions immédiates. Certes marqués par le fauvisme, par Cézanne et surtout Matisse, ils vont vers la libération des couleurs, très vives, et des formes de plus en plus suggérées plutôt que restituées.
Kirchner rédige un manifeste, qui est gravé dans le bois, et réclamant pour les peintres du groupe « la liberté dans ses œuvres et sa vie ».
" Nous voulons créer une liberté de vie et de mouvement par rapport aux forces anciennes bien ancrées." (Manifeste)
L’expressionnisme a le besoin vital de mettre en avant une subjectivité marquée par le sentiment de la souffrance et du tragique. Ses moyens plastiques sont fondés sur des déformations, des distorsions, et des stylisations qui recherchent un maximum d’intensité expressive,au risquedelalaideur.Leur thématique souvent urbaine laisse libre débordement à leur conscience intuitive.
Souvent porteurs de féroces critiques sur la société et ses hypocrisies, ils bouleverseront tout l’art allemand, et avec plus tard Der Blaue Reiter (1911), ils ont posé le socle de l’art moderne. Mais plus que les problèmes de la société, c’est l’expression de leurs sentiments qui va les préoccuper.
En 1937, 639 de ses œuvres sont confisquées dans les musées publics en Allemagne et sont vendues ou détruites. Lui qui se proclamait le digne héritier de Dürer ne comprenait pas cet acharnement, et pensait à une erreur, car il ne rejetait pas complètement le Troisième Reich, vivant loin de l’Allemagne. Bientôt il comprit le cauchemar nazi et vécut dans la peur.
En 1938, traumatisé par la mise à mort de l’art moderne par les nazis, toujours dépendant de la morphine, malade et angoissé, l'occupation nazie de l'Autriche, si près de son domicile dans les Grisons suisses, à vingt kilomètres, le conduit au suicide par deux balles en plein cœur, le 15 juillet 1938.
Eine Künstlergemeinschaft (Un groupe d'artistes.Karl Schmidt-Rottluff (à droite), aux côtés d'Otto Mueller, de Kirchner et de Heckel), 1925-1926. Huile sur toile. Musée Ludwig, Cologne
Kranker in der Nacht (Malade dans la nuit. Autoportrait), 1920-1922. Huile sur toile, 90,5 × 100 cm.. Sprengel Museum Hannovre, Allemagne
Couple de danseurs russes, 1909–1926. Huile sur toile, 92 x 79 cm. Bielefeld, Kunsthalle
Portrait d'Oskar Schlemmer, 1914. Huile sur toile, 69 x 58 cm. Darmstadt, Hessisches Landesmuseum
A la terrasse du café, 1914 Huile sur toile 70 x 76. Brücke-Museum (Berlin)
Cinq femmes dans la rue, 1913. Huile sur toile, 90 x 120 cm. Museum Ludwig - Koln
Coucher de soleil en montagne, 1919. Huile sur toile, 120,7 x 120,7 cm. Detroit Institute of Arts, USA
Couple de danseur (Tanzpaar), 1914. Huile sur toile, 91 x 65 cm. Museum Folkwang, Essen 'Voir Der Spiegel)
Die Strasse (La rue)1913. Huile sur toile, 120,6 × 91,1 cm. Museum of Modern Art New York
La Baigneuse, une sculpture en bois
Au dessus de cette sculpture, lors de l'exposition de 1937, un slogan écrit en grand ; "La moquerie de la femme allemande"
Nu se peignant, 1913. Huile sur toile, 90 x 125 cm. Brücke Museum, Berlin
Rue de Berlin, 1913. Huile sur toile, 120,6 x 91,1 cm. The Museum of Modern Art, New-York, USA
Bauernmittag (Farmers eating lunch), 1920. Oil on canvas, 133 x 166cm. Anciennement à la Kunsthalle de Hambourg. Collection privée
Auto Portrait, 1931. Huile sur toile, 61 x 84 cm
Autoportrait en soldat, 1915. Huile sur toile, 69,5 x 60,5 cm, Allen Memorial Art Museum, Oberlin, Etats-Unis
Franz Marc, 1880-1916. Allemagne
Expressionnisme, Der Blau Reiter
Franz Marc en 1910
Les animaux sont son sujet de prédilection. En 1911, il rencontre Wassily Kandinsky avec qui il crée Der Blaue Reiter, rassemblement de peintres d'avant-garde. Se joindra à eux August Macke. D’autres artistes comme Alexej von Jawlensky, Paul Klee et Alfred Kubin y ont également participé. Franz Marc abandonne la peinture en plein air et sa palette se fait de plus en plus subjective. Il commence à peindre, dès cette année, ses célèbres Cheval bleu qui inspirent le titre du fameux almanach Le Cavalier bleu, ouvrage fondateur du groupe d'artistes qu'il a fondé.
Puis en 1912, influencé par une exposition consacrée au futurisme italien et par les tableaux de Robert Delaunay, il se tourne vers l'abstraction, sa première œuvre entièrement de ce style étant composition I, peint en décembre 1913. En 1914, il se porte comme volontaire sur le front où il travaille encore et toujours dans un petit carnet et se complaît dans le dessin abstrait. Il est touché par un éclat d'obus lors d'une chevauchée de reconnaissance et meurt en mars 1916 à Braquis, près de Verdun, sans avoir vraiment terminé son cheminement.
En 1936-1937 ont été confisquées à partir de collections allemandes, 130 œuvres de Franz Marc. Cinq tableaux ont été présentés lors de l’exposition sur l’ « Art dégénéré ». Avant la vente des œuvres à l'étranger Hermann Göring a choisi 13 tableaux pour sa collection et notamment Le cerf dans la forêt et Turm der blauen Pferde (La tour des chevaux bleus). Les deux toiles ont disparu depuis 1945.
Blaues Pferd I, 1911. Huile sur toile, 112 × 84,5 cm.Städtische Galerie im Lenbachhaus, Munich
Innerhalb Bohrer mit Vogel (Intérieur de forêt avec oiseau), 1912. Huile sur toile, 101 cm x 90.5 cm. Kunstmuseum Bern. Suisse
Turm der blauen Pferde (La tour des chevaux bleus), 1913. Huile sur toile, 200 × 130 cm.
Wildschweine (cochon sauvage), 1913. Huile sur toile, 73.5 cm x 57.5 cm. Museum Ludwig, Cologne. Allemagne
Zwei Katzen, blau und gelb, 1912. Huile sur toile, 74 × 98 cm. Kunstmuseum Basel, Allemagne
George Grosz, 1893–1959. Allemagne
Dada - Nouvelle Objectivité
George Grosz dans son atelier, en 1928 par Bieber Erich
Adhérant aux idées communistes du Novembergruppe en 1918 et participant à l'insurrection spartakiste, Grosz est arrêté en janvier 1919. Il parvient à s'échapper grâce à de faux papiers d'identité. Avec Heartfield, il rejoint le Parti communiste allemand (KPD). Il participe aux revues politisées berlinoises comme Der Blutige Ernst ou Die Aktion. Son antimilitarisme et son engagement pour un art prolétaire lui causent des démêlés avec la justice : revues saisies ou interdites de parution, condamnation pour insulte envers l'armée impériale, censure de recueils de gravures comme « Gott mit Uns » (1920)
Baptisé « Maréchal Propagandada », Grosz organise avec Raoul Hausmann et Heartfield la Première foire internationale Dada à Berlin, le 5 juin 1920. Il pratique l'exagération caricaturale et montre avec vérisme, l'état du monde de l'après-guerre. Il emprunte aux futuristes et aux dadaïstes, la représentation dynamique et fiévreuse des grandes villes, en particulier dans son œuvre emblématique Les Funérailles d'Oskar Panizza (1917).
Anti-nazi, Grosz quitte l'Allemagne en 1932. Invité à enseigner l'art à l'Arts Students League de New York en 1933, il y travaille de façon intermittente jusqu'en 1955. Il devient citoyen des États-Unis en 1938. Son style s'édulcore et verse dans un romantisme sentimental. Ce changement est généralement considéré comme un déclin.
Dans les années 1950, il ouvre une école d'art chez lui, tout en travaillant pour le centre d'art de Des Moines. En 1954, il est élu à l'Académie américaine des arts et des lettres.
En 1959, il choisit de retourner à Berlin, où il meurt le 6 juillet, victime d'une chute dans les escaliers, après une nuit de beuveries.
En 1937, les 285 oeuvres qui étaient dans les musées allemands sont toutes retirées. Des 170 œuvres de la période de Berlin, environ 70 ont disparu.
Portrait de l'écrivain Walter Mehring, 1926. Huile sur toile, 90 x 80 cm. Koninklijk Museum voor Schone Kunsten, Antwerp, Belgique
Portrait du poète Max Hermann-Neisse, 1925. Huile sur toile. Kunsthalle, Mannheim, Allemagne
Métropolis, (1916-1917). Huile sur toile. Stuttgart, Staatsgalerie
Hanns Ludwig Katz (1892–1940. Allemagne. Expressionisme) Portrait d'homme en rouge, 1919. Huile sur toile
Après l'arrivée des nazis au pouvoir, Katz a fui en 1936 en Afrique du Sud. Mais même là, son travail a été refusé. Katz a beaucoup souffert de l'isolement intellectuel et est mort en 1940 d'un cancer. Le monde de l' art n'a commencé à s'intéressé à ce peintre oublié que dans les années 90.
Hanns Ludwig Katz et Jankel Adler lors de l'exposition de 1937
Jankel Adler, 1895-1949. Pologne
Juif polonais, Jankel Adler, pendant la campagne électorale allemande de juillet 1932, s'associe à un groupe d'artistes et d'intellectuels de gauche et publie un appel contre la politique du Parti national-socialiste et pour le communisme. De par son statut d’artiste moderne, de communiste et de personne de confession judaïque, il subit fortement la persécution instaurée par le régime d'Hitler qui prend le pouvoir en 1933.
Cette même année, deux de ses œuvres sont exposées par les Nazis au Centre d'Arts de Mannheimer comme exemples d'art dégénéré, Adler quitte alors l'Allemagne, et se réfugie à Paris où il considère son exil comme un signe de résistance politique contre le régime fasciste en Allemagne. Durant les années qui suivent, Adler voyage à de nombreuses reprises en Pologne, Italie, Yougoslavie, Tchécoslovaquie, Roumanie et Union soviétique. En 1937, vingt-cinq de ses œuvres sont retirées des collections publiques par les Nazis et quatre sont présentées à L'exposition Entartete Kunst (Art Dégénéré) à Munich.
Cleron, l'eleveur de chats, 1925. huile sur toile, 110,2 x 70,3 cm. Pinakothek der Moderne, München
Jean Metzinger (1883-1956. France. Cubisme) , 1913, En Canot (Im Boot) , huile sur toile, 146 x 114 cm
Cette toile du cubiste français Metzinger présentée lors de l'exposition a disparu depuis, peut-être détruite. Ou bien la reverra-t'on ressurgir un jour.
Karel Niestrath Fille affamée, 1925
La sculpture de Karel Niestrath, Fille affamée, présentée lors de l'exposition de la Neue Galery à New York sur l'exposition Entartete Kunst (derrière à droite une partie d'un triptyque de Max Beckmann)
Karl Hofer, 1878-1955. Allemagne
Expressionnisme
Karl Hofer en 1946
Lorsque Hitler accéda au pouvoir, Karl Hofer était alors un artiste reconnu et un professeur respecté. Mais sa position anti-nazie clairement affirmée dans de nombreux textes et publications, ainsi que sa peinture en contradiction avec le naturalisme glorificateur de la nation germanique défendu par le régime hitlérien, le rendirent suspect aux yeux du gouvernement nazi. Considéré comme dégénéré, il perdit son poste de professeur, fut interdit de création et d'exposition. Cependant durant cette guerre Karl Hofer resta en Allemagne ce qui le confronta à une situation difficile et à des événements douloureux, tels que la déportation de son ex-femme, et en 1943 à la disparition de 150 de ses toiles, brûlées dans son atelier lors d'un bombardement.
Zwei Freunde (Deux ami), 1926. Huile sur toile. Städel, Frankfurt am Main, Germany
Schafende Menschen (Hommes endormis), 1919. Huile sur toile, 154.7 × 217cm. Berlin, SMB, Nationalgalerie.
Karl Schmidt-Rottluf , 1884-1976. Allemagne
Die Brücke
Karl Schmitt-Rottluff, milieu des années 10
Le 7 juin 1905, Karl Schmitt-Rottluff fonde, à Dresde, avec Ernst Ludwig Kirchner, Fritz Bleyl et Erich Heckel, un groupe d'artistes, qu'il baptise Die Brücke (Le pont), indiquant ainsi l'intention des jeunes participants de bâtir un pont entre les éléments révolutionnaires de l'époque7,8. Le nom vient d'une phrase de Nietzsche, dans Ainsi parlait Zarathustra. Le groupe, issu du Jugendstil, est influencé par Hermann Obrist. Karl Schmitt-Rottluff participe, en 1910, aux expositions de la Nouvelle Sécession, à Berlin. Il découvre la sculpture de l'Afrique.
En 1911, il effectue un voyage en Norvège, au cours duquel il peint un certain nombre de paysages. Il fréquente également le groupe Der Blaue Reiter, participant à la seconde exposition de ce dernier, en 1912, à Munich. Il rejoint la Nouvelle Sécession en 1914, ce qui lui permet d'organiser ses premières expositions particulières. En 1916, il participe activement à la fondation, à Berlin, du Groupe de novembre (allemand : November Gruppe). Traumatisé par la brutalité des combats et incapable de peindre, il pratique alors la gravure sur bois, créant notamment un cycle de huit œuvres religieuses sur des thèmes du Nouveau Testament, en 1917 et 1918, inspiré par les horreurs de la guerre et où les plages noires prédominent.
En 1938, 608 œuvres d'art de Karl Schmidt-Rottluff sont qualifiées d'art dégénéré (Entartete Kunst), par les nazis, et retirées des musées allemands. 25 d'entre elles sont présentées dans l'exposition Entartete Kunst. Plusieurs de ses œuvres sont détruites par le feu, lors de l'autodafé de peintures du 20 mars 1939, dans la cour de la caserne centrale des pompiers de Berlin.
En 1941, Karl Schmidt-Rottluff est interdit d'exercice de la peinture et exclu de la Chambre de la Culture du Reich (allemand : Reichskammer der bildenden Künste). La lettre de renvoi est rédigée par Adolf Ziegler, le dirigeant de cette institution. Cette mise à l'écart est, en fait, la fin d'un long processus, commencé en 1933 par son exclusion de l'Académie des arts de Prusse, lors de l'avènement du nazisme, et poursuivi, en 1936, par une interdiction d'exposition. À partir de 1941, le peintre est surveillé par la police nazie. Il quitte alors Berlin pour se retirer à Rottluff. Cette même année, les bombardements de Berlin détruisent son appartement et son atelier, ainsi qu'une partie importante de son œuvre. D'autres peintures, stockées en Silésie, sont détruites en 1945
Trois toiles de Rottluff lors de l'exposition (dans l'angle droit)
Selbstbildnis mit Einglas (Autoportrait au monocle), 1910. Huile sur toile (curieusement daté de 1924 sur la photo de l'expo)
Les Pharisiens, 1912. Huile sur toile. Museum of Modern Art - New York
Lupins a la fenêtre, 1922. Huile sur toile
Vase avec dahlias, 1912. Huile sur toile
Nu, 1914. Huile sur toile, 90.5 cm x 76 cm. Neue Galerie New York
La vie du Christ, 1918. Gravure
Portrait d'Emy, 1919. Huile sur toile, 71,9 x 65,4 cm. VG Bild-Kunst, Bonn (voir modigliani comparaison photo d'handicapés)
Comparaison des oeuvres de Karl Schmidt-Rottluff et Amedeo Modigliani avec des photographies de malformations faciales, de Paul Schultze-Naumburg, Kunst et Rasse, 1928.
Amédéo Modigliani (1884-1920. Italie) Portrait de jeune femme, 1916-1919. Huile sur toile, 64.8x50.2 cm. Dallas Museum Foundation
Alexej von Jawlensky, 1864- 1941. Russie
Expressionnisme- Neue Künstlervereinigung München ( NKVM ), puis Der Blaue Reiter
Tête de la vie et de la mort, 1923 et Face du Sauveur, Lumière d'étoile, 1921. Huile sur toile
Demi nu, 1912. huile sur toile
Lasar Segall (1891-1957. Lituanie) Die ewigen Wanderer (Les éternels marcheurs), 1919. Huile sur toile, 138 x 184 cm. Musée Lasar Segall, Sao Paulo, Brésil
Lovis Corinth, 1858-1925. Allemagne
Impressionnisme, Expressionisme
On considère généralement son œuvre comme une synthèse réussie entre l'impressionnisme et l'expressionnisme. Nombre des œuvres de Corinth ont été très critiquées sous le Troisième Reich. Ses œuvres tardives ont été considérées comme dégénérées. 295 tableaux ont été saisis et la plupart vendus à l'étranger, surtout en Suisse.
Les oeuvres de Lovis Corinth lors de l'exposition de 1937
Ecce Homo, 1925. Huile sur toile. Kunstmuseum Basel, Suisse (Voir Der Spiegel)
Portrait du peintre Bernt Grönvold. 1923. Huile sur toile, 80,5 × 60 cm. Bremen. Kunsthalle.
Ludwig Meidner (1884-1966. Allemagne. Expressionisme) Autoportrait 1912. Huile sur toile, 79,5 x 80 cm.Hessisches Landesmuseum, Darmstadt, Germany
Lyonel Feininger, 1871-1956. USA
Sécession berlinoise - groupe Les Quatre Bleus
Lyonel Charles Feininger est un peintre, graveur, caricaturiste et auteur de bandes dessinées américain, principalement actif en Allemagne. Ce n'est qu'en 1911, à Paris, qu'il trouve sa voie vers sa propre forme artistique, grâce aux œuvres des cubistes qu'il découvre au Salon des indépendants à Paris. Il se détourne presque totalement d'éléments figuratifs dans ses toiles, dont le thème principal devient la ville et l'architecture des villages thuringiens. Un haut clocher d'église est souvent omniprésent dans les compositions qui datent de la guerre ou la suivent, comme un symbole d'espoir en un monde plus paisible. Le régime nazi le force à s'exiler aux États-Unis en 1937. Ses œuvres sont exclues des musées et condamnées pour leur style moderne. Vingt-quatre de ses tableaux sont exposés, peu après son départ, à la Entartete Kunst.
Der Turm über der Stadt Halle, 1931. Huile sur toile
Hopfgarten, 1920. Huile sur toile, 63,5 x 81,28 cm. The Minneapolis Institute of Arts
Teltow II, 1918. huile sur toile, 101 x 126. Staatlische Museum, Berlin
Marc Chagall, 1887-1985. Russie
Marc Chagall vers 1920, photographie de Pierre Choumoff.
En 1937, Chagall vivait à Villeneuve-les-Avignon, en France et a voyagé la même année en Italie. 59 œuvres de Chagall furent confisquées par le régime nazi, elles furent vendues ou brûlées. À partir du 7 juillet 1937, il prend la nationalité française pour fuir l'antisémitisme de l'Europe centrale. À la fin du printemps 1941, Chagall est arrêté et doit son salut au journaliste américain Varian Fry, qui lui permet de rejoindre les États-Unis.
Le marchand de bestiaux, 1922-1923. Huile sur toile, 99,5 x 180. Musée de Grenoble
La maison bleue, 1917-1920. Huile sur toile. 66 X 97 cm. Musée d'Art Moderne et d'Art Contemporain, Liège
Le Rabbin, 1912, Huile sur toile. Collection particulière
Pourim , c. 1916-1917 Huile sur toile 50,5 x 71,9 cmLe Louis E. Stern Collection, 1963
Hiver, 1911. Huile sur toile
Max Beckmann, 1884-1950. Allemagne
Max Beckmann, par Hans Möller, 1922
Une dizaine d’oeuvres de Beckmann figurent dans l'exposition "Art dégénéré" organisée par les nazis dans les locaux de l’institut archéologique à Munich en 1937. Le 18 juillet, Beckmann entend à la radio le discours d’Hitler, prononcé à Munich lors de l’inauguration de la "Grande Exposition d’art allemande" qui a lieu parallèlement à l’exposition "Art dégénéré". Le lendemain, Beckmann quitte l’Allemagne avec Quappi laissant leurs biens et ses oeuvres qu’il récupèreront un peu plus tard. Le peintre ne remettra plus les pieds dans son pays natal. L’historien d’art Hans Ludwig C. Jaffé, directeur-adjoint du Stedelijk Museum d’Amsterdam, lui procure un appartement. Il connaît la misère, l’anonymat brutal après la notoriété, les horreurs de la Deuxième Guerre mondiale.
Descente de la croix et Le Christ et la femme adultère lors de l'exposition de 1937
Descente de la croix, 1917. Huile sur toile, 151.2 x 128.9 cm. MoMA, New York
Le Christ et la femme adultère, 1917. Huile sur toile, 149,2 x 126,7 cm. The Saint Louis Art Museum
Le bétail dans une grange, 1933. Huile sur toile. Museum Wiesbaden
Carnaval (Le peintre et sa femme), 1925. Huile sur toile, 160 x 105,5 cm. Kunstmuseum Düsseldorf, Düsseldorf
Löwenbändiger (Le dompteur de lion) - Zirkus, 1931. Gouache et pastel sur papier vélin 90 x 59,3 cm
Départ, Frankfurt 1932, Berlin 1933-35. Huile sur toile, trois panneaux, 215.3 x 99.7 cm. MOMA
Autoportrait Avec Foulard Rouge (Selbstbildnis mit roten Schal), 1917. Huile sur toile, 80 × 60 cm. Staatsgalerie, Stuttgart, Allemagne
Der Strand (La plage), 1927. Huile sur toile, 175 x 300 cm (Toile présentée lors de l'exposition et perdue depuis)
Fastnacht in Paris, 1930. Huile sur toile, 32 x 24 cm. Munich, collection privée
Triptyque de la Temptation de St. Antoine, 1936-1937. Huile sur toile
Accrochage du triptyque pour l'exposition
Max Pechstein Nach dem Bade Après le bain, 1923. Lithographie
Max Pechstein était professeur à l'Académie prussienne des Arts. En 1933 il reçut l'interdiction d'exposer. Au cours de la période nazie ses toiles en Allemagne ont été uniquement visibles lors de l'exposition « Art dégénéré ».
Max Sauerland (1880-1934. Allemagne) Le couple
Oskar Schlemmer, 1888-1943. Allemagne
Bauhaus
Oskar Schlemmer est un peintre, décorateur de théâtre et scénographe de ballet allemand. Après des études auprès de Willi Baumeister à l'Académie des Beaux-Arts de Stuttgart où il rencontre le peintre suisse Otto Meyer-Amden(1885-1933) en 1907, il intègre le Bauhaus de Weimar de 1921 à 1929 en tant que professeur de peinture puis décorateur et scénographe, avant d'achever son parcours académique par une année d'enseignement à l'École de Beaux-Arts de Breslau (aujourd'hui Wrocław). Ses œuvres peintes ou sculptées témoignent de son souci d'allier l'immobilité hiératique de la rigueur géométrique et de la pureté des contours à la vivacité des formes et la mobilité de l'espace. Il en résulte une peinture qui rappelle à la fois le futurisme ou le constructivisme par son aspect analytique et le surréalisme par son aspect onirique.
La prise du pouvoir d'Adolf Hitler au début de 1933 annonce la dernière décennie de Schlemmer. Peu à peu, Schlemmer a été éliminé de la scène publique. En Mars sa première grande rétrospective au Württembergische Kunstverein Stuttgart a été fermée par les nazis avant son ouverture. La presse nazie le qualifiait de Kunstbolschewisten (artiste bolchévique). En mai, il a été renvoyé de son poste d’enseignant. Il s’est exilé dans un endroit relativement plus sûr, à Baden près de la frontière suisse. 5 de ses toiles ont été exposées lors de l’exposition de l’Art dégénéré.
Quelques semaines plus tard, un de ses tableaux est apparu à Berlin dans le spectacle de propagande le bolchévisme sans masque.
Escalier de femmes, 1925. Tempera et huile sur toile. Kunstmuseum, Basel, Suisse
Roemisches-Vier Figuren im Raum (Quatre personnages dans une piece), 1925. Huile sur toile
Grotesque I, 1923. Neue Nationalgalerie - Staatliche Museen zu Berlin SPK
Oskar Kokoschka, 1886-1980. Autriche
Expressionnisme
Oskar Kokoschka en 1909
Peintre, graveur, dessinateur, décorateur de théâtre, mais aussi écrivain et auteur dramatique, Oskar Kokoschka compte parmi les figures les plus marquantes de l'art contemporain. Sa personnalité est difficilement réductible à un courant artistique : son œuvre est en effet souvent cataloguée comme expressionniste. Pour Kokoschka, l'expressionnisme ne peut se conformer à un style : il constitue plutôt un authentique « modus vivendi » artistique. « Je pense que je suis le seul véritable expressionniste, précisait le peintre ; le mot expressionnisme est un mot commode qui veut tout dire de nos jours. Je ne suis pas expressionniste parce que l'expressionnisme est un des mouvements de la peinture moderne. Je n'ai pris part à aucun mouvement. Je suis expressionniste parce que je ne sais pas faire autre chose qu'exprimer la vie... La quatrième dimension dans mes toiles est une projection de moi-même. »
De 1903 à 1909, Kokoschka suit les cours de la Kunstgewerbeschule de Vienne (il présente le concours d'entrée en même temps qu'Adolf Hitler et, à la différence du futur dictateur, le réussit). L'un de ses professeurs est Gustav Klimt et l'une de ses condisciples Elsa Oeltjen-Kasimir. Kokoschka rejette rapidement le Jugendstil, ce qui a des conséquences sur son travail. Pour cette raison, il s'établit en 1910 à Berlin, puis ne revient à Vienne qu'en 1911.
En 1907, il rejoint le Wiener Werstätte, Atelier de production d'objets d'ameublement, issu de la Sécession créée quatre ans plus tôt, dont font partie la plupart de ses professeurs (Josef Hofmann, Koloman Moser, Czesshka). Il expose avec la Sécession viennoise pendant l'été 1908 et sa petite salle est qualifiée de « cabinet des horreurs ». Il y montre, en autres choses, ses premiers autoportraits.
En 1933, se sentant de plus en plus mal à l'aise dans une ville gouvernée par l'administration fasciste du chancelier Dollfuss, après la mort de sa mère cette année là, il décide de s’installer à Prague et prend la nationalité tchèque.
À l’exposition munichoise Entartete Kunst (Art dégénéré), il est représenté par huit œuvres. Durant cette période, plus de quatre cents de ses œuvres ont été retirées des musées allemands. En réaction, il fait la peinture "Selbstbildnis als entarteter Künstler" (Self-Portrait comme dégénérée Artiste). En 1947 , Kokoschka prend la citoyenneté britannique.
Selbstbildnis als entarteter Künstler, 1937. Huile sur toile (cette toile n'était pas présente lors de l'exposition de Munich)
Affiche avec un autoportrait pour le magazine Der Sturm, 1910. Lithographie en couleur. Neue Galerie, New York. Don de Leonard A. Lauder
Monte Carlo, 1925. Huile sur toile, 73 x 100 cm. Musee des Beaux-Arts de Liege
Alter Mann (Vater Hirsch), 1909. Huile sur toile, 71 x 63 cm. Lentos Kunstmuseum Linz
Die Freunde (Les amis), 1917. Huile sur toile. Lentos Kunstmuseum Linz, Autriche
Victoire de Montesquiou-Fezensac, 1910, huile sur toile, 94.6 x 48.9 cm, Cincinnati Art Museum
Les émigrants, 1916-1917. Huile sur toile, 95 x 164 cm. Pinakothek der Moderne, Münch
Otto Baum, Stehendes Mädchen. 1930, Bronze. Vorkriegszustand, hauteur, 65 cm.
Otto Dix, 1891-1969. Allemagne
Otto Dix, peintre et graveur allemand, est associé aux mouvements de l'expressionnisme et est un des fondateurs de la Nouvelle Objectivité. Il est formé à l'École des arts appliqués de Dresde entre 1909 et 1914. Dix s'essayera au cubisme, au futurisme et plus tard au dadaïsme. Après la première guerre mondiale, il a en tête des images d'horreur qu'il essaie d'oublier en peignant, comme en témoigne Les Joueurs de skat en 1920où le portfolio de cinquante eaux-fortes, Der Krieg en 1924. Il adhère au mouvement réaliste et satirique Neue Sachlichkeit (Nouvelle objectivité, 1918-1930). L'objectivité se développe dans plusieurs grandes villes de l'Allemagne et réunit alors beaucoup de grands artistes et intellectuels qui, provenant souvent du mouvement Dadaïste, ont fortement pris conscience de leur responsabilité politique et de leur « devoir contestataire ».
Cette appellation a été inventée en 1925, à la suite d'une exposition très médiatisée et qualifiée de post-expressionniste, qui s'est tenue à la Kunsthalle de Mannheim. Les principaux artistes exposants sont Max Beckmann, Otto Dix, Georg Grosz, Alexandre Kanoldt, Georg Schrimpf.
La Nouvelle Objectivité n'a ni programme ni manifeste, contrairement au surréalisme qui se développe à la même époque en France. Elle se divise toutefois en deux branches bien distinctes qui, chacune à sa manière, affichent une même volonté, après certains débordements expressionnistes, de revenir au réel et au quotidien. Le clivage s'inscrit d'abord sur le plan politique : la branche dite « de droite », raccordée à Karlsruhe et Munich, retourne ainsi à un classicisme harmonieux et intemporel alors que, la branche de gauche, centrée sur « Berlin la rouge », s'engage radicalement dans une vision froide et cynique de la société. Vers 1930, le mouvement dépasse les frontières de l'Allemagne.
Après la prise du pouvoir par les nazis en 1933, Dix, alors enseignant à l'université, est l'un des premiers professeurs d'art à être renvoyé, persécuté parce qu'il est considéré comme « bolchévique de la culture » par les nationaux-socialistes. La même année, menacé de prison et de camp d'internement, il commence une « émigration intérieure » dans le sud-ouest de l'Allemagne (à Randegg en 1933 puis à Hemmenhofen en 1936), près du lac de Constance, où il se met à peindre des paysages.
En 1937, ses œuvres sont déclarées « dégénérées » par les nazis. Quelque 170 d'entre elles sont retirées des musées et une partie est brûlée ; d'autres sont exposées lors de l'exposition nazie « Art dégénéré » (Entartete Kunst). À titre d'exemple, Dix peint la toile intitulée La Tranchée en 1923 ; déclarée « art dégénéré », elle a probablement été détruite par les nazis.
Il compose également son triptyque La Guerre entre 1928 et 1931. Le but de cette œuvre n'est pas de provoquer angoisse ou panique, mais de « simplement transmettre la connaissance du caractère redoutable de la guerre, pour éveiller les forces destinées à la détourner ». Ce triptyque, vu comme une prolongation du tableau précédent, est présenté une seule fois dans une exposition à Berlin en 1938 ; il est ensuite interdit par les autorités nazies.
En 1938, Dix est arrêté et enfermé pendant deux semaines par la Gestapo. Durant ces temps difficiles, il peint une représentation de Saint Christophe dans le style des grands maîtres à la demande de la brasserie de Köstritz.
Il participe par obligation à la Seconde Guerre mondiale. Il sert sur le front occidental en 1944-1945. Il est fait prisonnier en Alsace par les Français.
Kriegskrüppel (Mutilés de guerre). Huile sur toile (Photographie lors de l'exposition)
Cette toile violemment antimilitariste a été présentée à l'exposition de 1937. Elle a disparu, probablement détruite. Ci-dessous, ce à quoi elle devait ressembler.
Mutilés de guerre (Kriegskrüppel) 1922. Pointe sêche 32,5 x 49,8 cm. MoMa, NY
C'est la seule trace qu'il reste de l'oeuvre, une pointe sèche préparatoire.
Der Juwelier Karl Krall (Le joallie Karl Krall), 1923. Huile sur toile, 90.5 × 60.5 cm. Collection Von der Heydt-Museum Wuppertal, Germany
Le Businessman Max Roesberg, Dresden, 1922. Huile sur toile, 94.3 × 63.8 cm. Metropolitan Museum, New York
Portrait de l’avocat Dr. Fritz Glaser, 1921. Huile sur toile, 105.9 x 78.75 cm. Collection privée, New York
Portrait du peintre Franz Radziwill, 1928. Huile sur toile. Museum Kunstpalast
Portrait du peintre Adolf Uzarski, 1923. Huile sur toile, 43 x 61 cm. Museum Kunstpalast de Düsseldorf
Le Portrait du peintre Adolf Uzarski lors de l'accrochage de l'exposition.
Otto Freundlich, 1878-1943. Allemagne
Petite tête en plâtre, 1924 Art Abstrait
Otto Freundlich, né le 10 juillet 1878 à Stolp, et mort le 9 mars 1943 au camp de concentration de Lublin-Majdanek, est un sculpteur et un peintre constructiviste juif-allemand de Poméranie.
Otto Freundlich, l' un des premiers représentants de l' art abstrait vivait à Paris depuis 1924. Il a été interné au début de la Seconde Guerre mondiale. Il a été rapidement libéré grâce à l'intervention de Picasso. Mais, dénoncé, alors qu'il était caché par une famille de paysans à Saint-Martin-de-Fenouillet, il est arrêté à nouveau en 1943. Déporté le 4 mars, il disparaît, à son arrivée le 9 mars en Pologne, au camp d’extermination de Sobibor (Lublin-Maïdanek).
En 1912, il avait créé la sculpture « Der neue Mensch (l'Homme nouveau) », une tête de pierre géante, symbole de l'espoir d'une nouvelle ère. Cette sculpture, acquise en 1930 par le musée de Hambourg, a été montré par les nazis dans l'exposition «Art dégénéré», mais aussi a illustré la première page du catalogue de l'exposition. Lors de son déplacement pour l'exposition itinérante à travers l'Allemagne, la sculpture a disparu. Quatorze œuvres de Freundlich sont saisies dans des musées allemands et détruites.
Otto Mueller, 1874-1930. Allemagne
Expressionnisme - Die Brücke
Ses premières œuvres sont influencées par l'Impressionnisme, le Jugendstil et le Symbolisme. Il va se tourner de plus en plus vers l'expressionnisme après s'être installé à Berlin en 1908. C'est à cette époque qu'il fréquente Wilhelm Lehmbruck, Rainer Maria Rilke et Erich Heckel et qu'il commence à peindre les corps de jeunes filles nubiles qui caractérisent son art, tout comme les détrempes qu'il aime à utiliser dans ses œuvres.
En 1910, il rejoint le groupe d'artistes expressionnistes dresdois « Die Brücke », auquel il appartient jusqu'à leur séparation en 1913 en raison de dissensions artistiques. Dans le même temps, Mueller entretient également des contacts avec les artistes du « Blaue Reiter ». Il développe son goût pour les couleurs tamisées à l'effet lyrico-décoratif.
Otto Mueller meurt en 1930 à Breslau.
En 1937, les nazis saisissent 357 de ses œuvres dans les musées allemands, qu'ils considèrent comme de l'Art dégénéré. Treize seront exposées lors de l'exposition "Art Dégénéré".
Knabe vor zwei stehende nunde inem sitzenden Mädchen,vers 1918. Détrempe sur toile, 120 × 88,2 cm. Kunsthalle, Emden, Allemagne
Das Zelt (La tente), vers 1927. Détrempe sur toile. Institut des Arts de Détroit, USA
Liebespaar, ca 1920. Détrempe sur toile de jute, 98,5 x 75 cm. Sprengel Museum Hanovre, Allemagne
Sitzende Zigeunerin (Gitane assise), ca 1926. Détrempe sur toile de jute, 100.5 × 75 cm. LWL-Museum für Kunst und Kultur, Münster, Allemagne
Paul Klee, 1879-1940. Allemagne
Cubisme - Bauhaus
Paul Klee en 1911
Ernst Paul Klee était un peintre et graphiste allemand, dont l’œuvre variée est rattachée à l’expressionnisme, au constructivisme, au cubisme, au primitivisme et au surréalisme. Il entretenait des relations étroites avec le groupe d’artistes Der Blaue Reiter (le Cavalier bleu).
Paul Klee est né en 1879 à Münchenbuchsee en Suisse. Il a obtenu sa maturité au gymnase littéraire de Berne et a déménagé à Munich, contre la volonté de ses parents, pour étudier l’art. Fils d’un père allemand qui ne s’était jamais préoccupé de le faire naturaliser, Klee était astreint au service militaire durant la première guerre mondiale. Il a échappé à un engagement au front et a donc pu continuer à peindre pendant la guerre.
Inspiré par le cubisme de Picasso et de Robert Delaunay, en 1914, Paul Klee est cofondateur du mouvement artistique « La Nouvelle Sécession de Munich », à l'instigation de Wilhelm Hausenstein avec Alexi von Jawlensky, Vassily Kandinsky, Gabriele Münter et Alexander Kanoldt. La même année, il voyage en Tunisie avec August Macke. C'est là qu'il a la « révélation de la couleur ». À Kairouan, il note dans son journal : « La couleur me possède […] Je suis peintre. »
L’avènement de Hitler précipite son retour à Berne, en 1933. Là, Klee se mesure à Picasso, redécouvert à Zurich lors de la grande rétrospective présentée par le Kunsthaus, en 1932. Il y découvre le « surréalisme » du peintre espagnol, notamment ses grands tableaux de figures féminines et ses métamorphoses biomorphes. Ces deux innovations fécondent le travail de Klee après la période du Bauhaus et stimulent la production de ses dernières années.
En 1939, après avoir résidé cinq ans en Suisse, Klee demande sa naturalisation mais cette « formalité » s'avère complexe, d'autant plus que la Suisse avait aussi un parti-national socialiste qui assimilait l'art moderne à des idées politiques de gauche. Klee fait l'objet d'une surveillance sévère à cause des implications politiques et culturelles de son art. Le conservateur du Kunstmuseum de Berne est prié de faire une expertise. Klee est soumis à des interrogatoires consignés dans un rapport secret, où il est fait état de l'extravagance du peintre « qui pouvait mener à la folie » et que « les peintres suisses considèrent sa peinture comme une insulte à l'art véritable ». Il est noté également que, « dans un intérêt uniquement financier, l'art de Klee est encouragé par des marchands juifs »
Lors de l'exposition de Munich de 1937, 17 œuvres de Paul Klee était présentées. 102 oeuvres de Paul Klee qui étaient dans les collections allemandes ont été confisquées et vendues à l' étranger. Une grande partie des œuvres d'art confisquées a été vendue sur le marché américain par le marchand d'art de Berlin Karl Buchholz, propriétaire de la Buchholz Gallery à New York. Buchholz était le plus gros acheteur de la «Commission pour l'utilisation des produits d' art dégénéré". Il a envoyait les œuvres exclusivement à Curt Valentin qui dirigeait sa succursale à New York.
Le Poisson d'or, 1925. Huile et aquarelle sur papier, 50 x 69 cm. Kunsthalle, Hambourg (Allemagne)
Colorful Meal (Bunte Mahlzeit)1928 Private collection
Das Vokaltuch der Kammersängerin Rosa Silber (L'étoffe vocale de la cantatrice Rosa Silber), 1922. Aquarelle et encre sur tissu plâtré monté sur carton, 62,3 x 52,1 cm
Der Angler, 1921. Transfert d'huile, aquarelle et encre sur papier, 50,5 x 31,8 cm. MOMA, NY
La Chambre du fantome avec la grande porte (Nouvelle Version), 1925. Aquarelle, encre sur papier bordé de gouache et encre, monté sur carton61 x 42,2 cmMet Museum
Tempelgärten (Les jardins du temple), 1920. Gouache et des traces d'encre sur trois feuilles de papier monté sur carton, 23,8 × 30,2 cm.metmuseum
Wohin?, Junger Garten, 1920. Huile et crayon sur papier sur carton, 23 , 5 x 29,5 cm. Pinacoteca Comunale Casa Rusca, Locarno
Sumpflegende, 1919. Huile sur carton, 47 × 41 cm. Städtische Galerie im Lenbachhaus
Sumpflegende sur le mur Dada lors de l'exposition de Munich, 1937
Ce tableau a été acheté peu de temps après son achèvement par Paul Küppers, directeur de la Hannoversche Künstlerverein et son épouse Sophie Lissitzky-Küppers directement de l'atelier de l'artiste dans le château de Suresnes à Munich. En 1926, Sophie Lissitzky-Küppers l'a prêtée, avec 15 autres oeuvres de peintres contemporains au Musée provincial de Hanovre. Le 5 Juillet 1937, la toile a été saisie dans le contexte de « l' art dégénéré » par la commission de l'art nazi.
Sumpflegende a été acheté en 1941 par le marchand d'art Hildebrand Gurlitt pour 500 francs suisses . Il est réapparu en 1962 dans la collection de la maison de vente aux enchères Lempertz à Cologne, en dépit d'une référence sur l'origine et l'hypothèse selon laquelle il était revendiqué comme étant la propriété de Sophie Lissitzky-Küppers. Il a été vendu aux enchères au collectionneur suisse Ernst Beyeler. Il a ensuite été vendu à la galerie Rosengart à Lucerne, qui le détenait de 1973 à 1982. Puis, il a été acheté pour 700.000 DM par la Gabriele Münter et la Fondation Johannes Eichner et a été remis à la ville de Munich, pour la Städtische Galerie im Lenbachhaus, où il se trouve toujours.
Jen Lissitzky, le fils de Sophie Lissitzky-Küppers, a intenté un procès en 1992 devant la Cour du district de Munich. Cette action a été rejeté. Les principes d'une abrogation de la loi de prescription après la Déclaration de Washington, à laquelle les musées publics en Allemagne se sont engagés, n'est pas applicable dans ce cas, car il est à la Lenbachhaus, une fondation privée. Fin Mars 2012, les héritiers ont à nouveau intenté une action en restitution contre la ville de Munich, au motif qu'il existe un nouveau document comme élément de preuve. L'action est toujours en cours.
Rudolf Wilhelm Heinisch (1886-1956. Allemagne), Portrait Paul Hindemith, 1931, Huile sur toile, 60 x 39 cm (Exposée à l'origine au Staedelsche Museum, Frankfurt, cette toile a été saisie et détruite)
Vincent van Gogh (1853–1890. Pays-Bas) Autoportrait dédicacé à Gauguin, Arles septembre 1888. Huile sur toile, 61,5 × 50,3 cm. Fogg Art Museum, Cambridge, Massachusetts, États-Unis
Le portrait de van Gogh dans la salle de stockage (En dessous, un Picasso)
Wassily Kandinsky, 1866-1944. Russie, France
Abstraction
Wassily Kandinsky, Dresden, 1933, par Hugo Erfurth
Vassily Kandinsky (en russe : Василий Васильевич Кандинский, Vassili Vassilievitch Kandinski), né à Moscou le 4 décembre (22 novembre) 1866 et mort à Neuilly-sur-Seine, le 13 décembre 1944, est un peintre, graveur, théoricien de l’art, poète et dramaturge allemand puis français, d'origine russe.
Considéré comme l’un des artistes les plus importants du XXe siècle aux côtés, notamment, de Picasso et de Matisse, il est un des fondateurs de l'art abstrait : il est généralement considéré comme étant l’auteur de la première œuvre non figurative de l’histoire de l’art moderne, une aquarelle de 1910 qui sera dite « abstraite ». Certains historiens ou critiques d'art ont soupçonné Kandinsky d'avoir antidaté cette aquarelle pour s'assurer la paternité de l'abstraction, au motif qu'elle ressemble à une esquisse de sa Composition VII, de 1913.
La création par Kandinsky d’une œuvre purement abstraite n’est pas intervenue comme un changement abrupt, elle est le fruit d’un long développement, d’une longue maturation et d’une intense réflexion théorique fondée sur son expérience personnelle de peintre et sur l'élan de son esprit vers la beauté intérieure et ce profond désir spirituel qu’il appelait la « nécessité intérieure », et qu’il tenait pour un principe essentiel de l’art.
La jeunesse et la vie de Kandinsky à Moscou lui apportent une multitude de sources d’inspiration. Il se souvient plus tard qu’étant enfant, il était fasciné et exceptionnellement stimulé par la couleur. C’est probablement lié à sa synesthésie, qui lui permettait littéralement de transformer les sons en couleurs. Sa fascination pour les couleurs continue à augmenter pendant son enfance à Moscou. Il pratique seul la joie du dessin, bien qu’il n’eût, semble-t-il, jamais tenté de faire des études artistiques.
Kandinsky éprouve un choc en apprenant, en 1897, que le physicien Joseph John Thomson a prouvé expérimentalement l'existence des électrons. Cette découverte, qui contredit le principe de l'indivisibilité de l'atome (grec ancienἄτομος [atomos], « insécable »), remet en cause sa confiance en la science et ébranle jusqu'à sa conception de la réalité. Pour lui, cela condamne le positivisme et son pendant en art pictural, le naturalisme.
Une peinture fondamentale de Kandinsky de ces années 1900 est probablement Le Cavalier bleu (Der Blaue Reiter, 1903), qui montre un personnage portant une cape chevauchant rapidement à travers une prairie rocailleuse. Kandinsky montre le cavalier davantage comme une série de touches colorées que par des détails précis. En elle-même, cette peinture n’est pas exceptionnelle, lorsqu’on la compare aux tableaux d’autres peintres contemporains, mais elle montre la direction que Kandinsky va suivre dans les années suivantes, et son titre annonce le groupe qu’il va fonder quelques années plus tard.
En plus de la peinture elle-même, Kandinsky se consacre à la constitution d’une théorie de l’art. Il a contribué à fonder l’association des Nouveaux Artistes de Munich, dont il devint le président en 1909. Le groupe fut incapable d’intégrer les approches les plus radicales, comme celles de Kandinsky, du fait d’une conception plus conventionnelle de l’art et le groupe se dissout fin 1911. Kandinsky fonde alors une nouvelle association, Le Cavalier bleu (Der Blaue Reiter), avec des artistes plus proches de sa vision de l’art, tels que Franz Marc. Cette association réalise un almanach, appelé L’Almanach du Cavalier Bleu, qui connut deux parutions.
Almanach Le Cavalier bleu, en 1912. La couverture est une gravure de Kandinsky.
Kandinsky reçut en 1921 la mission de se rendre en Allemagne, au Bauhaus de Weimar, sur l’invitation de son fondateur, l’architecte Walter Gropius. L’année suivante, les Soviétiques interdirent officiellement toute forme d’art abstrait, car jugé nocif pour les idéaux socialistes.
Confronté à l’hostilité des partis de droite, le Bauhaus quitta Weimar pour s’installer à Dessau-Roßlau, dès 1925. À la suite d'une campagne de diffamation acharnée de la part des nazis, le Bauhaus est fermé à Dessau en 1932. L’école poursuit ses activités à Berlin, jusqu’à sa dissolution en juillet 1933. Kandinsky quitte alors l’Allemagne pour venir s’installer à Paris.
Lors de l'exposition de Munich de 1937, sont exposées dans une salle, au côté de 5 toiles de Johannes Molzahn, 14 toiles de Kandinsky sans aucune information ou détail sur l'œuvre. Cette salle est intitulée " Wahnsinn wird Methode " : " La folie devient la méthode ". 57 de ses oeuvres ont été confisquées dans les différents musées allemands par la commission sur l'" Art dégénéré ".
Composition II, 1928. Aquarelle, encre, crayon, papier, 39,2 x 45,6 cm
Kreuzform (La forme de la croix). 1926. Huile sur toile, 52.0 × 45.0 cm. Münster, Deutschland LWL-Museum für Kunst und Kultur
Moscou, la place Rouge, 1916. Huile sur toile, 51,5 × 49,5 cm
Plusieurs cercles, 1926. Huile sur toile, 140 x 140 cm. Guggenheim Museum, New York, USA
Wilhelm Lehmbruck, 1881-1919. Allemagne
Wilhelm Lehmbruck en 1905
Wilhelm Lehmbruck est un sculpteur allemand et un pionnier de la sculpture du xxe siècle. Le sujet traité principalement par Wilhelm Lehmbruck est le corps humain et ses premières sculptures sont de style naturaliste. Sa période parisienne, sous l'influence des artistes sculpteurs fréquentés comme Constantin Brâncuşi, Alexandre Archipenko, Auguste Rodin, Aristide Maillol, Amadeo Modigliani., marque une évolution et son œuvre est alors d'une grande expressivité et intériorité. Lehmbruck, qui avait servi comme infirmier pendant la première guerre mondiale, ne s'est jamais remis des cruautés dont il avait été témoin. Il s'est suicidé en 1919.
Tête de penseur, 1918
Sculpture de femme lors de l'exposition de Munich
Sie hatten vier Jahre Zeit
Cette phrase, au dessus de la sculpture de Lehmbruck sonne comme une sentence et une condamnation. Sie hatten vier Jahre Zeit, ils avaient quatre ans! Cette phrase sous-entend que les artistes "dégénérés" avaient quatre ans, depuis l’avènement du nazisme en 1933, pour changer et se conformer aux canons de l'esthétique et à la politiques des nazis. Cette fausse sollicitude, cynique, atroce tombe comme un couperet. L'état a été indulgent et magnanime durant quatre ans. Maintenant les "fautifs", "dégénérés", seront punis. Et la punition sera terrible puisqu'elle aboutira à l'autodafé géant d’œuvres majeures dans la cour de la caserne des pompiers de Berlin en mars 1939.
En mai 1938 fut crée une commission chargé de l’exploitation des œuvres d’art dégénérés qui avaient été confisquées. Alfred Rosenberg, Adolf Ziegler, Heinrich Hoffmann, Karl Haberstock et Robert Scholz en devinrent les responsables directs. Puis une salle de vente fut ouverte au château de Niederschonhausen, près de Berlin, où quatre marchands réputés; Karl Buchholz, Bernhard Boehmer, Hildebrand Gurlitt et Ferdinand Möller, furent chargés de revendre ces oeuvres à des prix intéressants. De même, le 30 juin, la galerie Fisher organisa à Lucerne une vente de 126 œuvres d’art dégénéré, et c’est d’ailleurs à cette occasion que la ville de Liège acquiert, entre autres, la toile « La Maison Bleue » de Marc Chagall.
Les responsables nazis se sont par ailleurs servi dans le butin pour leur usage privé : par exemple, Hermann Göring a pris quatorze pièces de grande valeur, dont un Van Gogh et un Cézanne. En Mars 1939, les sapeurs - pompiers de Berlin a brûlé environ 4000 peintures, dessins et gravures qui avaient apparemment peu de valeur sur le marché international.
Liste (non exhaustive) des artistes qui ont été estampillés "dégénérés"
Adler, Jankel
Barlach, Ernst
Bauer, Rudolf
Bauknecht, Philipp
Baum, Otto
Baumeister, Willi
Bayer, Herbert
Beckmann, Max
Belling, Rudolf
Bindel, Paul
Brün, Theo
Burchartz, Max
Burger-Mühlfeld, Fritz
Camenisch, Paul
Caspar, Karl
Caspar-Filser, Maria
Cassel, Pol
Chagall, Marc
Corinth, Lovis
Davringhausen, Heinrich
Dexel, Walter
Diesner, Johannes
Dix, Otto
Drexel, Hans Christoph
Dreisch, Johannes
Eberhard, Heinrich
Ernst, Max
Feibusch, Hans
Feininger, Lyonel
Felixmüller, Conrad
Freundlich, Otto
Fuhr, Xaver
Gies, Ludwig
Gilles, Walter
Gleichmann, Otto
Grossmann, Rudolph
Grosz, George
Grunding, Hans
Haizmann, Richard
Hausmann, Raoul
Hebert, Guido
Heckel, Erich
Heckrott, Wilhelm
Heemskerck, Jacoba van
Heister, Hans Seibert von
Herzog, Oswald
Heuser, Werner
Hoerle, Heinrich
Hoefer, Karl
Hoffman, Eugen
Itten, Johannes
Jawlensky, Alexej von
Johansen, Eric
Kallmann, Hans Jürgen
Kandinsky, Wassily
Katz, Hans
Kirchner, Ernst Ludwig
Klee, Paul
Klein, Cesar
Kleinschmidt, Paul
Kokoschka, Oskar
Lange, Otto
Lehmbruck, Wilhelm
Lissitzky, El
lüthy, Oskar
Marc, Franz
Marcks, Gerhard
Matare' Ewald
Meidner, Ludwig
Metzinger, Jean
Mitschke-Collande, Constantin von
Moholy-Nagy, Laszlo
Moll, Margarethe
Moll, Oskar
Molzahn, Johannes
Mondrian, Piet
Muche, George
Meuller, Otto
Nagel, Erich
Nauen, Heinrich
Nay, Ernst Wilhelm
Neistrath, Karel
Nolde, Emil
Pankok, Otto
Pechstein, Max
Watenphul, Max Peiffer
Purrmann, Hans
Rauh, Max
Richter, Hans
Röder, Emy
Rohlfs, Christian
Scharff, Edwin
Schlemmer, Oskar
Schlichter, Rudolph
Schmidt-Rottluff, Karl
Scholz, Werner
Schreyer, Lothar
Schubert, Otto
Schwitters, Kurt
Segal, Lasar
Skade, Friedrich
Stukenberg, Friedrich (Fritz)
Thalheimer, Paul
Tietz, Johannes
Topp, Arnold
Völker, Karl
Voll, Christoph
Wauer, William
Wollheim, Gert
De bien belles œuvres dans cette exposition, qui a été un succès colossal : les Allemands s'y sont précipités non pour se moquer mais pour admirer cette réunion exceptionnelle d'art contemporain. Les Nazis l'ont finalement compris, en arrêtant l'itinérance, et en pillant ce qu'ils disaient vouloir brûler.
RépondreSupprimerA chaque fois qu'un état veut contrôler l'Art, c'est une catastrophe.
Mon dieu, quel dossier bien étoffé.
RépondreSupprimerJe suis un grand fan de Kandinsky qui est le premier artiste à avoir osé l'abstraction.
Merci pour tout cela,cher Snoopy ! Je comprends maintenant l'absence de posts pendants ces quelques jours.
RépondreSupprimerMerci à vous. Oui, effectivement un gros, gros boulot. Mais un sujet passionnant.
RépondreSupprimerWat 'n besonderse oorsig van die ontaarde kunsuitstalling wat die Nazi's in Duitsland gehou het.
RépondreSupprimer'n Waarskuwing aan die wereld van sensuur en onkunde. Baie insiggewend.
Praetorius