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"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
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mardi 28 avril 2015





Gustav Klimt, 1862-1918. Autriche




LA SÉCESSION VIENNOISE







Gustav Klimt





Der Zeit ihre Kunst. Der Kunst ihre Freiheit 

( « À chaque âge son art, à chaque art sa liberté »). Devise de la Sécession







Affiche pour la première exposition de la Sécession, 1897




A la fin du 19ième siècle, un courant pictural révolutionnaire naît en Autriche pour se confronter à un art aux codes archaïques. Faisant suite à la Sécession allemande de 1892 organisée autour de Fritz von Uhde, Wilhelm Trübner, Franz von Stuck, la Sécession viennoise se crée en 1897 autour de Joseph Hoffmann (1870-1956), architecte et directeur des ateliers viennois, Josef Olbrich, autre architecte et Gustav Klimt, qui en sera le président, sous le nom de Secessionsstil. Ces artistes se révoltent contre la vision de l'époque qui dissocie arts mineurs et arts majeurs et prônent un art total. Ils affirment vouloir un échange international des idées pour lutter contre l’élan nationaliste des pays européens. Pour asseoir leurs conceptions, il leur faut un palais. Ce sera le palais de la Sécession construit par Josef Maria Olbrich en 1897. Oskar Kokoschka (1886-1980), Egon Schiele (1890-1918) rejoindront le mouvement mené par un charismatique Klimt. 






Palais de la Sécession, Vienne







Palais de la Sécession, Vienne




En 1902 Klimt réalise dans le palais de la Sécession une fresque, véritable exemple d'oeuvre totale. Cette frise a été réalisée pour la quatorzième exposition du Pavillon de la Sécession qui s'est tenue du 15 avril au 27 juin 1902.




LA FRESQUE BEETHOVEN



Cette fresque murale de 34,14 mètres de long sur 2,15 mètres de haut divisées en sept panneaux représente une allégorie de la Neuvième Symphonie de Beethoven. Elle était au départ destinée à être éphémère et détruite après l'exposition. Elle représente l'aspiration au bonheur de l'humanité souffrante, qui cherche son apaisement dans les arts. Intégrant différents matériaux à la peinture comme la feuille d'or et les pierres fines, la fresque réunit la peinture avec la musique et l'architecture. Il va de soit, comme à chaque fois que l'art prend un tournant, que cette fresque a été considérée par ses contemporains comme incompréhensible, scandaleuse et obscène.






La fresque en 1902





MUR LATERAL GAUCHE



Les trois murs peints forment un récit continu qui commence sur le mur de gauche. La description de ce mur au catalogue de l'exposition de 1902 est la suivante:


"L'Aspiration au Bonheur (symbolisée par les personnages féminins flottants du premier panneau). La Faible Humanité souffrante (le couple agenouillé et la jeune fille debout derrière). Ses supplications adressées à l'Invincible Guerrier (l'homme en armure dorée tenant une épée) comme motivations extérieures, la Pitié et la Hardiesse (les personnages féminins debout derrière le Guerrier) comme motivations intérieures qui incitent le Guerrier à combattre pour le Bonheur."






Les Génies flottants























La Faible Humanité souffrante et l'Invincible Guerrier
















la Pitié et la Hardiesse















L'Invincible Guerrier





MUR CENTRAL




"Les forces hostiles. Le géant Typhon, que même les dieux n'ont pas réussi à vaincre (le monstre aux yeux de nacre qui couvre l'ensemble du mur central avec ses ailes bleues et ses extrémités anguiformes) ; ses filles, les trois gorgones (les trois femmes debout à gauche de typhon). Maladie, folie, mort (les visages féminins ressemblant à des masques, au-dessus des gorgones). Volupté, luxure et intempérance (le groupe des trois femmes à droite de typhon ; l'intempérance porte une jupe bleue aux motifs décoratifs voyants et ornée d'applications). Chagrin déchirant (la femme recroquevillée). Les désirs et aspirations s'envolent." (Catalogue de l'exposition)














Die feindlichen Gewalten (Les puissances hostiles)







Typhon, représenté en singe monstrueux muni de queues de serpents et d'ailes





Les Gorgones, filles de Typhon avec au dessus d'elles, La Maladie, La Folie et La Mort




Les Gorgones, filles de Phorcis et de Ponto ( ou de Céto) , elles étaient trois soeurs: Sthéno (la perversion sociale), Euryale (la perversion sexuelle) et Méduse (la vanité), monstres terrifiants qui vivaient près du pays des Hespérides. Elles symbolisent l’ennemi à combattre. Les déformations monstrueuses de la psyché sont dues aux forces perverties des trois pulsions : sociabilité, sexualité et spiritualité.
La plus connue est Méduse, la seule mortelle des trois. A l’origine jeune et belle, sa magnifique chevelure séduisit Poséidon (Dieu de la Mer) qui, métamorphosé en oiseau, l’enleva et s’unit à elle dans un temple d’Athéna. Courroucée à la suite de cette profanation, la déesse la changea en monstre ailé au regard menaçant qui pétrifiait les hommes, lui donna des défenses de sanglier pour dents, des griffes de bronze et une chevelure de serpents sifflants et repoussants et la relégua aux confins du monde occidental.






Volupté, Luxure et Intempérance 








Volupté, Luxure

















 Chagrin déchirant





















PANNEAU DROIT




Le baiser au monde entier. L'Aspiration au Bonheur trouve l'Apaisement dans la Poésie (la joueuse de lyre). La Frise présente ensuite un espace vide ; en 1902, de larges ouvertures permettaient ici de voir la statue de Beethoven. Les Arts nous guident vers cet Univers idéal où, seul, nous trouverons Joie, Bonheur, Amour véritable (les cinq femmes dont les trois plus hautes tendent le bras vers la scène finale illustrant l'Ode à la Joie de Schiller). Chœur des anges du paradis. « Joie, belle étincelle des dieux ».





 

Diesen Kuss der ganzen Welt (Ce baiser pour le monde entier)







Genien und Poesie (Génie et Poésie)






































Joie, Bonheur, Amour véritable







Chœur des anges du paradis








Diesen Kuss der ganzen Welt (Ce baiser pour le monde entier)












La frise est acquise en 1907 par Carl Reininghausstraße puis en 1915 par la famille de l'industriel juif August Lederer. Après sa spoliation par les Nazis en 1938, l'État autrichien la restitue aux Lederer, assortissant cette restitution d'une interdiction d'exportation, puis finalement l'achète en 1972, après de longues négociations, pour 15 millions de schillings (près d'un million d'euros). La fresque est exposée dans le palais de la Sécession depuis 1986.







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