Homodesiribus

dimanche 1 décembre 2013

Philip Lorca DiCorcia, 1951. USA

Hustlers, Santa Monica Boulevard, Los Angeles, 1990 - 1992

Au début des années 90, le photographe américain Philip Lorca DiCorcia a réalisé à Santa Monica une série de portraits de prostitués masculins dans leurs univers, les rues, les chambres d’hôtel. Le titre de chaque photo mentionne leur nom, leur age, la région d'où ils viennent et le prix de leur passe, prix qu'il leur a payé pour réaliser ses clichés. Le photographe avait d'abord voulu intituler cette série Trade pour symboliser l'acte central de la série qui était l'échange d'argent. « C'était un moyen pratique de faire ce travail, parce que ces gars vendaient leur temps ». Au départ, DiCorcia shootait ses modèles dans les lieux où ils vendaient leur corps. Puis petit à petit il les a photographié dans le décor des rues, les mettant en scène dans une situation artificielle. Une vision ambiguë entre réalité et fiction de la photographie documentaire.

Tim Morgan Jr., 21 Years Old, Los Angeles, California, $25, and Joe Egure, 18 Years Old, Los Angeles, California, $25

C'est une série assez cynique, où les jeunes gens sont assimilés à des objets, et la mention du tarif des passes résonne comme une provocation. " Les gars se vendaient, et les produits ont un prix. " Dit-il. Il a voulu travailler débarrassé de toute émotion et le fait de payer le shooting comme n'importe qu'elle autre prestation augmente encore la distance entre le sujet et le photographe.les visages vides d'expression créent un sentiment de flottement et de dérive face à ces êtres en marge de la société. Tout l'inverse d'un autre maître du portrait américain, Diane Arbus qui pouvait mettre des jours, des semaines voire des mois pour nouer une relation avec son modèle avant de le photographier. Malgré la mention de leur nom, leur age et leur origine, ces prostitués sont des anonymes dont nous ne savons rien et seuls quelques détails de la prise de vue peuvent nous inviter à imaginer une histoire.