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"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
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vendredi 13 décembre 2013




Michael Ayrton, 1921 - 1975. Angleterre




Verlaine et Rimbaud 




Illustrations pour le recueil de poèmes Hombres écrit en 1891 par Paul Verlaine, 1972





Femmes et Hombres ont été composés en 1889 et 1891. Publié d'abord sous le titre D'Aulcunes et sous pseudonyme, Femmes fut saisi par la police ; Hombres paraît seulement en 1903, après la mort de Verlaine, avec la mention : « Imprimé sous le manteau et ne se vend nulle part. » Longtemps mis à l'index, les poèmes qui composent ce recueil sont d'une sensualité extrême, empreinte d'élégante luxure.








Dans ce café




Dans ce café bondé d’imbéciles, nous deux
Seuls nous représentions le soi-disant hideux
Vice d’être « pour homme » et sans qu’ils s’en doutassent
Nous encagnions ces cons avec leur air bonasse,
Leurs normales amours et leur morale en toc,
Cependant que, branlés et de taille et d’estoc
A tire-larigot, à gogo, par principes
Toutefois, voilés par les flocons de nos pipes,
(Comme autrefois Héro copulait avec Zeus),
Nos vits tels que des nez joyeux et Karrogheus
Qu’eussent mouchés nos mains d’un geste délectable,
Éternuaient des jets de foutre sous la table.








Verlaine et Rimbaud



LE SONNET DU TROU DU CUL

Par Arthur Rimbaud et Paul Verlaine


En forme de parodie d’un volume d’Albert Mérat, intitulé l’Idole, où sont détaillées toutes les beautés d’une dame : Sonnet du front, sonnet des yeux, sonnet des fesses, sonnet du..... dernier sonnet.


Paul Verlaine Fecit
Obscur et froncé comme un œillet violet
Il respire, humblement tapi parmi la mousse
Humide encor d’amour qui suit la fuite douce
Des fesses blanches jusqu’au bord de son ourlet.

Des filaments pareils à des larmes de lait
Ont pleuré, sous l’auteur cruel qui les repousse,
A travers de petits caillots de marne rousse,
Pour s’en aller où la pente les appelait.

Arthur Rimbaud Invenit
Ma bouche s’accouple souvent à sa ventouse
Mon âme, du coït matériel jalouse,
En fit son larmier fauve et son nid de sanglots

C’est l’olive pâmée et la flûte câline
C’est le tube où descend la céleste praline
Chanaan féminin dans les moiteurs éclos.








Ô ne blasphème pas, poète




O ne blasphème pas, poète, et souviens-toi.
Certes la femme est bien, elle vaut qu’on la baise,
Son cul lui fait honneur, encor qu’un brin obèse
Et je l’ai savouré maintes fois, quant à moi.

Ce cul (et les tétons) quel nid à nos caresses !
Je l’embrasse à genoux et lèche son pertuis
Tandis que mes doigts vont fouillant dans l’autre puits
Et les beaux seins, combien cochonnes leurs paresses !

Et puis, il sert, ce cul, encor, surtout au lit
Comme adjuvant aux fins de coussins, de sous-ventre,
De ressort à boudin du vrai ventre pour qu’entre
Plus avant l’homme dans la femme qu’il élit,

J’y délasse mes mains, mes bras aussi, mes jambes,
Mes pieds. Tant de fraîcheur, d’élastique rondeur
M’en font un reposoir désirable où, rôdeur,
Par instant le désir sautille en vœux ingambes.

Mais comparer le cul de l’homme à ce bon cu
À ce gros cul moins voluptueux que pratique
Le cul de l’homme fleur de joie et d’esthétique
Surtout l’en proclamer le serf et le vaincu,

« C’est mal, » a dit l’amour. Et la voix de l’Histoire.
Cul de l’homme, honneur pur de l’Hellade et décor
Divin de Rome vraie et plus divin encor,
De Sodome morte, martyre pour sa gloire.

Shakspeare, abandonnant du coup Ophélia,
Cordélia, Desdémona, tout son beau sexe
Chantait en vers magnificents qu’un sot s’en vexe
La forme masculine et son alleluia.

Les Valois étaient fous du mâle et dans notre ère
L’Europe embourgeoisée et féminine tant
Néanmoins admira ce Louis de Bavière,
Le roi vierge au grand cœur pour l’homme seul battant.

La Chair, même, la chair de la femme proclame
Le cul, le vit, le torse et l’œil du fier Puceau,
Et c’est pourquoi d’après le conseil à Rousseau,
Il faut parfois, poète, un peu « quitter la dame ».







Balanide I



C’est un plus petit cœur
Avec la pointe en l’air ;
Symbole doux et fier
C’est un plus tendre cœur.

Il verse ah ! que de pleurs
Corrosifs plus que feu
Prolongés mieux qu’adieu,
Blancs comme blanches fleurs!

Vêtu de violet,
Fait beau le voir yssir,
Mais à tout le plaisir
Qu’il donne quand lui plaît!

Comme un évêque au chœur
Il est plein d’onction
Sa bénédiction
Va de l’autel au chœur.

Il ne met que du soir
Au réveil auroral
Son anneau pastoral
D’améthyste et d’or noir.

Puis le rite accompli,
Déchargé congrûment,
De ramener dûment
Son capuce joli.






Il est mauvais coucheur




Il est mauvais coucheur et ce m’est une joie
De le bien sentir, lorsqu’il est la fière proie
Et le fort commensal du meilleur des sommeils
Sans fausses couches — nul besoin ? et sans réveils,
Si près, si près de moi que je crois qu’il me baise,
En quelque sorte, avec son gros vît que je sens
Dans mes cuisses et sur mon ventre frémissants
Si nous nous trouvons face à face, et s’il se tourne
De l’autre côté, tel qu’un bon pain qu’on enfourne
Son cul délicieusement rêveur ou non,
Soudain, mutin, malin, hutin, putain, son nom
De Dieu de cul, d’ailleurs choyé, m’entre en le ventre,
Provocateur et me rend bandeur comme un { chantre,
                                                                  { diantre,
Ou si je lui tourne semble vouloir
M’enculer ou, si dos à dos, son nonchaloir
Brutal et gentil colle à mes fesses ses fesses,
Et mon vît de bonheur, tu mouilles, puis t’affaises
Et rebande et remouille, — infini dans cet us.

Heureux moi ? Totus in benigno positus :








Monte sur moi




Monte sur moi comme une femme
Que je baiserais en gamin
Là. C’est cela. T’es à ta main?
Tandis que mon vit t’entre, lame

Dans du beurre, du moins ainsi
Je puis te baiser sur la bouche,
Te faire une langue farouche
Et cochonne et si douce, aussi!

Je vois tes yeux auxquels je plonge
Les miens jusqu’au fond de ton cœur
D’où mon désir revient vainqueur
Dans une luxure de songe.

Je caresse le dos nerveux,
Les flancs ardents et frais, la nuque,
La double mignonne perruque
Des aisselles et les cheveux!

Ton cul à cheval sur mes cuisses
Les pénètre de son doux poids
Pendant que s’ébat mon lourdois
Aux fins que tu te réjouisses,

Et tu te réjouis, petit,
Car voici que ta belle gourle
Jalouse aussi d’avoir son rôle,
Vite, vite, gonfle, grandit,

Raidit... Ciel! la goutte, la perle
Avant-courrière vient briller
Au méat rose : l’avaler,
Moi, je le dois, puisque déferle

Le mien de flux, or c’est mon lot
De faire tôt d’avoir aux lèvres
Ton gland chéri tout lourd de fièvres
Qu’il décharge en un royal flot.

Lait suprême, divin phosphore
Sentant bon la fleur d’amandier,
Où vient l’âpre soif mendier,
La soif de toi qui me dévore

Mais il va, riche et généreux,
Le don de ton adolescence,
Communiant de ton essence,
Tout mon être ivre d’être heureux.







Ô mes amants




Ô mes amants,
Simples natures,
Mais quels tempéraments !
Consolez-moi de ces mésaventures
Reposez-moi de ces littératures,
Toi, gosse pantinois, branlons-nous en argot,
Vous, gas des champs, patoisez moi l’écot,
Des pines au cul et des plumes qu’on taille,
Livrons-nous dans les bois touffus
La grande bataille
Des baisers confus.
Vous, rupins, faisons-nous des langues en artistes
Et merde aux discours tristes,
Des pédants et des cons.
(Par cons, j’entends les imbéciles,
Car les autres cons sont de mise
Même pour nous, les difficiles,
Les spéciaux, les servants de la bonne Église
Dont le pape serait Platon
Et Socrate un protonotaire
Une femme par-ci, par-là, c’est de bon ton
Et les concessions n’ont jamais rien perdu
Puis, comme dit l’autre, à chacun son dû
Et les femmes ont, mon dieu, droit à notre gloire
Soyons-leur doux,
Entre deux coups
Puis revenons à notre affaire).
Ô mes enfants bien aimés, vengez-moi
Par vos caresses sérieuses
Et vos culs et vos nœuds régals vraiment de roi,
De toutes ces viandes creuses
Qu’offre la rhétorique aux cervelles breneuses
De ces tristes copains qui ne savent pourquoi.
Ne métaphorons pas, foutons
Pelotons nous bien les roustons
Rinçons nos glands, faisons ripailles
Et de foutre et de merde et de fesses et de cuisses.









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