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"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
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dimanche 17 novembre 2013





Pierre Molinier, 1900 - 1976. France






C'est entre 1965 et 1976, date de son suicide, que Molinier livre la plus grande partie de son oeuvre. Frénésie créatrice, démence introspective, cette entreprise touche autant au sublime qu'à l'angoisse. Ce n'est pas une quelconque transgression ni la saisie interdite, sans cesse rejouée, d'un objet terrible qui est ici en cause, mais la considérable quantité d'oeuvres qui devient presque inquiétante. 

La multiplication de ces scénarios (auto)-érotiques est comme traversée par une même énergie: vitale, obsessionnelle et finalement destructrice, sorte d'anticipation de l'épuisement de son propre corps. La rigueur et la richesse des compositions, souvent symétriques ou géométriques, renforcent le jeu de miroir narcissique de l'autoportrait et de l'acte photographique. 

L'art de la construction, le découpage méticuleux et le collage animent autant les images qu'un flux continu de magie, d'étrangeté et de liberté. Des années 1960 à nos jours, la fortune critique de son oeuvre a considérablement évolué et a dépassé l'interprétation simpliste et contextuelle du rejet de l'ordre bourgeois. 

Les comparaisons avec le mouvement des actionnistes viennois sont récurrentes, mais ni l'un ni l'autre n'a jamais revendiqué d'influence partagée ou réciproque. Sa postérité est considérable sur la scène française et internationale: Michel Journiac et Jean-Luc Verna ont été marqué par Molinier comme, plus récemment, Anthea Hamilton qui rappelle la fragmentation et surtout la fétichisation de cet ambivalent attrait de la féminité qu'est la jambe. Les longues vidéos performatives du jeune américain Ryan Trecartin qui travestissent à outrance les personnages, brouillant les rôles et les représentations des genres, peuvent aussi s'inscrire dans la filiation de Molinier. 

Caroline Soyez-Petithomme Texte tiré de l'ouvrage AF20.1, Editions Cornette de Saint Cyr, 2011.






Quatre autoportraits avec et sans talon d'amour

Deux autoportraits, assis sur le tabouret; sur le fauteuil. Celui de droite sera réemployé dans un photomontage tardif. Deux autoportraits avec talon d'amour; les jambes croisées. Planche double-face. Planche n°26-27.







Quatre autoportraits dont un détail. Planche n°8.







Sans titre







Six autoportraits dont mon cul.Planche double-face. Planche n°9-10







Skindo. Planche n°33


Quand on demandait à Molinier s'il avait déjà couché avec un homme, il répondait: «Oui, surtout avec Skindo». Mais Skindo était un transsexuel.






Sur le pavois. Planche n°37



Photomontage, planche 26 du Chaman et ses créatures. Épreuve de travail. C'est moins la qualité du tirage qui étonne ici que son format inhabituel «à toute marge». On aperçoit d'ailleurs dans le bas de l'image la pince qui maintient en place la vitre du montage. D'ordinaire l'artiste recadre d'un coup de ciseaux, lequel ripe et dérape... Rappelons que Molinier ne possède ni cisaille ni agrandisseur. Il taille dans le vif. Et jamais de manière rectiligne... Unique exemplaire connu dans ce format.






Tabouret haut et tabouret bas. Planche n°21







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