Homodesiribus

samedi 2 avril 2016

Jimmy De Sana, 1949-1990. USA

Portrait with Dog

Jimmy De Sana, mort du SIDA à l'age de 40 ans, était un artiste personnage clé de la scène artistique punk de l'East Village des années 1970 et 1980. La photographie de De Sana a été décrite comme de l' "anti-art" et sa manière de capturer des images du corps humains allant de «sauvagement explicite à purement symbolique" (Andy Grundberg, New York Times, 1991). Contemporain de Robert Mapplethorpe et David Wojnarowicz, De Sana fait partie d'une génération d'artistes photographes comme Cindy Sherman ou Nan Goldin. Il a publié des portraits dans le Soho Weekly News, the East Village Eye et the New York Rocker.

Jimmy De Sana par Laurie Simmons, 1987

Noose (self-portrait), 1974

Cette photo de De Sana nu, pendu, en érection pour la couverture du magazine Vol. 1 n ° 4 de VILE (à l'origine prise pour FILE en 1974), intrigua William Burroughs, et fut à l'origine d'une importante correspondance entre les deux artistes.

Le résultat de cette stratégie anti-art est que ses images sont presque embarrassantes parce que trop intimes, comme si elles étaient les rush de la première session d'un pornographe de banlieue. Les poses sont humoristiques, l'éclairage est fait au flash direct qui donne un côté fantomatique aux modèles. Il emploie des accessoires souvent incongrus, dans des situations absurdes, au bord de l'autodérision.

Andy Warhol Photographing Victor Hugo. X Motion Picture Magazine, February 1978

Il a passé son enfance à Atlanta, où déjà, dés l'adolescence, il a commencé à photographier ses ami(e)s dévêtu(e)s dans des postures étranges, avachis sur un canapé ou en équilibre sur une table de salle à manger, rendant une atmosphère irréelle. Il déménagea à New York en 1973 où il approfondit son travail sur le corps. Il arrive à New York avec une série de clichés "101 Nudes", réalisée à l'age de 20 ans, composée de reproductions médiocres en demi-teinte imprimées de façon volontairement maladroite sur papier en noir et blanc.

101 Nudes, 1972

101 Nudes

101 Nudes fut le prélude à son travail suivant, Submission. William S. Burroughs dont les écrits avaient été une influence significative sur l'artiste dans son jeune âge, a écrit l'introduction à sa collection de photographies de Submission qui a été auto-publié en 1980. Dans ces images, il a exploré l'esprit du sadomasochisme, produit de son propre désir érotique, rendu dans une sorte de surréalisme punk, avec notamment les clichés d'une femme attachées dans un réfrigérateur (Refrigerator, 1975), ou un homme avec un masque de cuir dans des toilettes (Toilet, 1978). Il contraint le corps pour en faire des installations ou des sculptures comme dans son cliché appelé Télévision.

William S. Burroughs, 1981

Toilet, 1978

Refrigerator, 1975

Television, 1978

String, from the series Submission, 1977

Bathtub, 1978

Billy Idol, 1978

Egg, 1977-78

Eric Mitchell

Joan Schwartz

Masking Tape, 1978, from the série Submission

Pliers, 1978

untitled, 1977-78

Coat Hanger, 1982

Cowboy Hat (autoportrait from A.H. Series 1984)

Les années 80 voient l'apparition de la couleur dans son travail. Des couleurs flashy avec des lumières très étudiées, avec toujours la même volonté de maîtrise des corps et de leur entrave comme dans la photo où un homme est à quatre pattes les membres entravés dans des cônes de signalisation. Même si son travail devient plus commercial, il garde son esprit punk. Jimmy De Sana refusait de voir de l'érotisme dans son travail. "Je pense le corps presque comme un objet. J'ai essayé d'utiliser le corps, mais sans l'érotisme que certains photographes utilisent fréquemment. Je pense que je l'ai beaucoup dés-érotisé." Ces photos reste un témoignage de la ferveur électrique artistique du New York des années 80.