Homodesiribus

mercredi 10 juin 2015

George Platt Lynes, 1907-1955. USA

Nicolas Magallanes et Francisco Moncion dans les poses du ballet Orphée, 1950

Manuel Cantoral

Muerte de Heliogabalo, 2008. Huile sur toile, 80x80 cm

MANDATE

1987

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mardi 9 juin 2015

Pierre Klossowski, 1905-2001. France

"Les dieux ont enseigné aux hommes à se contempler eux-mêmes dans le spectacle comme les dieux se contemplent eux-mêmes dans l'imagination des hommes". Le Bain de Diane (1972)

Pierre Klossowski est né en 1905, à Paris d'un père peintre et historien de l'art, et d'une mère élève de bonnard. Il est l'ainé de Balthasar qui naitra en 1908. Bien évidemment, les amis de la famille sont des artistes et notamment Rilke et Gide. Quoi donc de plus normal que les enfants s'orientent vers une carrière artistique. Pour Balthasar ce sera la peinture, sous le nom de Balthus, le peintre des jeunes filles ambiguës semblant avoir tout juste perdu leur innocence, et pour Pierre, ce sera la littérature. Durant ses études secondaires, dans le sélect Lucée Janson de Saillis, Pierre sera guidé par André Gide (éraste et éromène?).

«Mes compositions attirèrent l'attention de mes professeurs, mais effrayèrent Gide par les confidences que j'y livrais.» Klossowski fait parvenir à Gide des dessins homoérotiques.

Romancier, essayiste, philosophe, traducteur (Nietzsche, Virgile, Hölderlin), Klossowski a créé une oeuvre littéraire emprunte de sexe et d'une crise religieuse et existentielle. Après avoir écrit sur Sade, fréquenté George bataille et André Breton, s'être intéressé à la psychanalyse, il se tourne durant l'occupation, vers Dieu et entreprend des études de théologie. En quête de spiritualité, cette expérience le décevra. Il s'en suivra une errance théologique, rejoignant tour à tour les dominicains, les franciscains, les protestant puis les luthériens qu'il abjurera. A la libération il épouse Denise Morin et publie un nouvel ouvrage sur Sade. Nietzsche et Sade seront les deux grandes influences de son oeuvre.

Klossowski dessinait depuis les années 50. Durant les 20 dernières années de sa vie, du milieu des années 70 au milieu des années 90, Klossowski s'est consacré exclusivement au dessin, à la mine de plomb, mais surtout aux crayons de couleurs sur de grands formats avoisinant les 2 mètres sur 1,5 mètres.

«Quitte à faire sentir mes visions à mes contemporains plutôt qu'à les leur faire comprendre.»

Il a traversé trois décennies, exposant ses fantasmes sur le papier. Au début, on y voit autant de femmes que d'hommes. Pour les femmes, en dehors des personnages mythologiques, on retrouve une principale représentante, Roberte, personnage clef de son oeuvre écrite et dessinée, image fantasmée de sa femme Denise. Celle que son mari prostitue selon ses lois de l'hospitalité dans Roberte, ce soir, 1954. Peu à peu avec la découverte des crayons de couleur, celle-ci s'estompera au profit des jeunes gens.

Roberte. Les barres parallèles, crayon sur papier, 1978-79

Pierre Klossowski et Jean-Paul Reti (sculpture) - Roberte aux barres paralleles, 1993

On suit durant le développement de son oeuvre sur trois décennies tout une série de personnages récurrents, Le jeune Ogier, Lahire, Damien, Le Baphomet, Gilles, Le petit rose, Malvoisie, Le commandeur, et pour les personnages mythologiques ou historiques, Le faune, Ganymède, Pan, David et Goliath, l'Hermaphrodite, Gilles de Rais, le fils de Guillaume Tell.

Son fantasme concernant les hommes est représenté par un adolescent gracile, imberbe, androgyne comme le sont les jeunes adolescents (Le petit rose), et offert, souvent en compagnie d'hommes plus âgés (son frère fera de même avec les jeunes filles). Les jeunes gens, quand ils ne s'amusent pas entre eux, sont souvent dominés par le commandeur, Le grand maître, Gilles de Rais, Malvoisie (Klossowski qui s'incarne?) qui les soumettent mais toujours sans violence; et c'est tout un jeu subtile de séduction où le dominé n'est pas toujours celui que l'on croit.

Son trait est fin et souple, gracile comme ses éphèbes, les couleurs estompées rendent plus irréelles des scènes souvent oniriques. On devine au travers de l'estompe des dessins ses fantômes. Y règne tout de même, une sérénité, une sécurité pour une sexualité totalement assumée dans le plaisir et la joie. Pas de pathos, pas de rédemption ou de culpabilité morbide. L'auteur s'amuse avec malice du corps des garçons qu'il aime jeunes en un jeu amoureux où tour à tour chacun mène la danse.

Hétérosexualité, homosexualité, bisexualité, sadisme, questionnement sur l'existence de Dieu, le monde de Klossowski est multiple et complexe. L'artiste aura couché sur le papier une vie de tiraillements et de fantasmes, assouvis où non, les errances sincères d'un homme face à la vie. Il dévoile entièrement et sans tabou une vie de questionnement sur les sujets de l'existence, la vie, la mort, la spiritualité, l'amour et le sexe.

LES DESSINS DE KLOSSOWSKI - PARTIE I

Les années 70