Léonard Sarluis, 1874 - 1949. France
Né Salomon-Léon Sarluis à La Haye d'une famille juive, il change son prénom en Léonard en hommage à Vinci. Il renonce à une carrière commerciale et se lance dans la peinture. Sarluis s'installe à Paris à l'age de 20 ans. Par l'entremise d'Armand Point, célèbre peintre symboliste, il fréquente l'avant garde belge. Grace à Joséphin Paladan, il expose deux tableaux au Salon de la Rose-Croix esthétique en 1896.
Affiche de l'exposition au Salon Rose-Croix en 1896, Armand Point & Léonard Sarluis. Représentant Persée tenant la tête d'Emile Zola, l'ennemi des symbolistes, elle fit scandale.
Sous l'influence d'Armand Point qui fut élève de Gustave Moreau, il s'oriente vers les sujets mythologiques et bibliques dans la veine symboliste. Son style est troublant, sensuel, ambigu, où les hommes sont représentés de manière très féminine, avec des courbes, des hanches gynoïdes, presque hermaphrodites et les femmes sans sein. L’ambiguïté sexuelle est frappante. Il semble d'après les description qu'il était lui même beau et androgyne. La revue homosexuelle Akademos publie l'un de ses dessins, Inquiétude en 1909. Homosexuel, bisexuel, asexuel? L'histoire ne le dit pas mais sa sexualité transparait dans ses toiles.
Sarluis aime travailler sur de grands formats, pendant des années il peindra une série, « Mystique de la Bible », comprenant 360 tableaux qu'il ne réussit pas à exposer à paris. Il se rend alors à Londres pour l'exposer en 1928. Il y rencontre Oscar Wilde et deviennent amis. En 1919, il se fait naturaliser français et organise sa première exposition solo à la galerie Bernheim-Jeune. En 1923, il illustre la nouvelle édition de l'ouvrage Voyage au pays de la quatrième dimension de Gaston de Pawlowski (Fasquelle), oeuvre dont on dit qu'elle aurait inspiré Marcel Duchamp pour La Mariée mise à nu par ses célibataires, même ou Le grand verre.
Persécuté durant la Seconde Guerre mondiale, il est obligé de quitter son atelier de l'avenue de Villiers. Totalement oublié, il se suicide en 1949 à l'age de 74 ans.
Marcel Duchamp. La mariée mise à nu par ses célibataires, même (Le Grand
Verre) 1915-1923, Plaques de verre, peinture à l’huile, vernis, feuille et fil
de plomb, poussières, 277.5 cm × 175.9 cm Philadelphia Museum of Art.
Androgynes, 1916
Cupidon
Deux anges veillant un prophète
Ephèbe à la chevelure rousse, 1919
Adonis, 1900
(Homme, femme?)
Illustrations pour le livre de Gaston de Pawlowski
Voyage au pays de la quatrième dimension, 1923
...En vertu de quelle matérialisation d'idées cette gare inutile et absurde se trouvait-elle là?
Le Léviathan...microcéphale colossal, supérieur aux hommes et les enveloppant comme autant de cellules de son corps gigantesque.
...de grossières caricatures, inspirées par les sensations du moment, remplaçaient les types éternels rêvés par les artistes de l'antiquité...
...on vit comme une queue énorme et poilue se dresser hors des vagues et s'agiter tandis qu'une langue d'eau démesurée balayait les berges et venait mourir jusqu'aux pieds du maître épouvanté.
Le Solipède bondit bientôt en avant, entraînant le visionnaire dans sa course folle.
...on télégraphia avec effroi de l'Equateur que les hommes et les choses n'adhéraient plus à la surface du sol.
Tantôt c'étaient des larves immondes, des animaux terrifiants, tantôt des protozoaires visqueux...
Et ce fut un spectacle infiniment répugnant que de voir s'amonceler dans les rues des milliers de longs serpents argentés, de crabes immondes, d'éponges visqueuses...
Souvent elle faisait venir le vieil Hydrogène, le doyen des savants absolus, et s'entretenait longuement avec lui.
...en masse on détruisit les homuncules...on exécuta ces êtres mystérieux armés de toutes pièces par l'industrie humaine.
Le monde ne format plus qu'une même âme vivant d'une même vie, qu'une émanation d'une même pensée diverse que l'on nomma, en souvenir des naïves croyances d'autrefois, l'Aigle d'Or.
L'idée invente le monde qui se développe comme un héros de roman.