Leni Riefenstahl (1902 - 2003. Allemagne)
Olympia, le cinéma de propagande
« Artistiquement, elle est un génie, et politiquement, elle est un crétin »
Liam O'Leary, historien du cinéma
Leni Riefenstahl a été l’un des fers de lance de la propagande Nazis durant la guerre. Née à Berlin, elle est tout d’abord danseuse dans les années 20, et connaissant un certain succès, elle est engagée en 1926 par Arnold Fanck pour son premier rôle en tant qu’actrice dans La Montagne sacrée (Der heilige Berg).
Elle acquiert une grande popularité, et attire l’attention de Joseph Goebels, ministre du Reich à l’Éducation du peuple et à la Propagande, en 1929. Ils se rencontrent en 1932. Joseph Goebbels s'intéresse très tôt au potentiel du cinéma comme instrument de propagande.
Elle acquiert une grande popularité, et attire l’attention de Joseph Goebels, ministre du Reich à l’Éducation du peuple et à la Propagande, en 1929. Ils se rencontrent en 1932. Joseph Goebbels s'intéresse très tôt au potentiel du cinéma comme instrument de propagande.
Ayant acquis auprès d’Arnold Fanck les bases de la réalisation, du cadrage et du montage, elle se lance finalement elle-même dans la réalisation. Après avoir fondé en 1931 sa propre agence de réalisation, le « Leni Riefenstahl Produktion », elle réalise en 1932 son premier film La Lumière bleue (Das blaue Licht), dans lequel elle tient le rôle principal.
Ce film, qui constitue un appel à la tolérance et au respect d’autrui, des plus faibles en particulier, recevra le Lion d'argent à la Mostra de Venise. Ce film attira l’attention d’Hitler qui décide de rencontrer la réalisatrice la même année.
Ce film, qui constitue un appel à la tolérance et au respect d’autrui, des plus faibles en particulier, recevra le Lion d'argent à la Mostra de Venise. Ce film attira l’attention d’Hitler qui décide de rencontrer la réalisatrice la même année.
Elle décide alors de travailler pour la propagande nazie, et réalise La Victoire de la Foi (Sieg des Glaubens, 1933) et surtout Le Triomphe de la volonté (Triumph des Willens, 1934), encore interdit en Allemagne.
En 1936, Leni Riefenstahl, alors au faîte de sa gloire, réalise Les Dieux du stade (titre allemand Olympia) un documentaire sur les Jeux olympiques de Berlin. Pour le réaliser elle met en œuvre une technique jusqu’alors inédite, elle filme les différentes épreuves. Le travail de montage, qui durera 18 mois, donnera naissance à deux parties distinctes du film Olympia : Fête des peuples (Fest der Völker) et Fête de la beauté (Fest der Schönheit).
La première partie commence par l’histoire des anciens Jeux dans la ville d’Olympie et les traditions, véritable hymne à l’antiquité ainsi qu’à l‘homoérotisme, et relate les épreuves d’athlétisme. La deuxième partie montre la fin des épreuves d’athlétisme ainsi que celles de gymnastique, d’escrime, de voile, d’équitation et de plongeon. Les deux films totalisent une durée de quatre heures.
Ces Jeux Olympiques furent une véritable oeuvre de propagande pour le régime hitlérien ; l'Allemagne écrase ses concurrents, avec un total de 89 médailles, les Etats-unis n'arrivant que deuxième avec 56 médailles. 49 nations et 3963 athlètes y participèrent et ces Jeux furent l'occasion pour le Troisième Reich de prouver sa puissance et la "suprématie de la race aryenne".
Ces Jeux renforcèrent en eux-mêmes le régime nazi, malgré le boycott par une partie du monde sportif et par les Fronts populaires français et espagnols qui organisèrent des Olympiades populaires à Barcelone la même année.
Ces Jeux renforcèrent en eux-mêmes le régime nazi, malgré le boycott par une partie du monde sportif et par les Fronts populaires français et espagnols qui organisèrent des Olympiades populaires à Barcelone la même année.
Riefenstahl qui avait déjà trainé des pieds pour réaliser Le Triomphe de la volonté, exige des moyens exceptionnels pour réaliser une œuvre novatrice. Hitler lui donne les pleins pouvoirs, une équipe de 300 personnes, et un budget de 1.8 millions de marks.
L’innovation technique et artistique va révolutionner le documentaire sportif. De nouvelles techniques de cadrage et de montage, font du film une œuvre d’art à part entière. Riefenstahl a beaucoup innové, notamment avec les matériaux (un nombre infini de types de pellicules pour capter la lumière selon les moments de la journée), et les techniques.
L’innovation technique et artistique va révolutionner le documentaire sportif. De nouvelles techniques de cadrage et de montage, font du film une œuvre d’art à part entière. Riefenstahl a beaucoup innové, notamment avec les matériaux (un nombre infini de types de pellicules pour capter la lumière selon les moments de la journée), et les techniques.
Elle inventa, entre autre, des caissons submersibles afin de pouvoir filmer à la fois hors et dans l’eau, pendant les événements aquatiques. La bande-son, elle-même, est une trouvaille d’innovation.
L’homoérotisme de ces films est flagrant, et imprègne la pellicule, notamment dans les scènes antiquisantes du début, où la glorification de la beauté masculine et de la force virile est censée exalter le spectateur. Conservant moins de 10 % des images filmées lors de la compétition, Riefenstahl met l’accent sur l’esthétisme des corps, et notamment sur celui du porteur de flamme du début dont elle fera, un temps, son amant.
« J'ai tourné Olympia comme une célébration de tous les athlètes et un rejet de la théorie de la supériorité de la race aryenne. »
L'athlète noir américain Jesse Owens est présent dans le film, tout comme l'ensemble des autres vainqueurs « non aryens ». Elle filme également les défaites de l’Allemagne. Elle filme longuement Jesse Owens, qui remporta quatre médailles d’or lors des quatre épreuves de course auxquelles il participa, et curieusement l’hymne que l’on entend le plus souvent dans le film est l’hymne américain et non l’hymne allemand au grand damn d’Hitler.
Le film remportera de nombreux prix, en Allemagne, en Suède, en Italie, en Suisse.
A partir de 1939, Hollywood organise un boycott des films de Riefenstahl. Après la Seconde Guerre mondiale, le film est avant tout considéré comme une œuvre de propagande du Troisième Reich avant d’être reconnu bien des années plus tard, dans les années 70, comme un chef d’œuvre artistique. il est aujourd’hui, la propriété du Comité international Olympique.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, elle tourne le film « Tiefland » pour lequel elle fait sortir des tziganes des camps de concentration. Ils y retourneront à la fin du tournage. Elle fut acquitté après la guerre dans un premier procès en 1948 l'accusant de ne pas avoir rétribué ces Roms.
La défaite allemande entraîne la disparition des protecteurs de la cinéaste. Arrêtée à plusieurs reprises par les Américains, elle s’évade et finit par rejoindre sa maison de Kitzbühel où les troupes alliées sont installées. Elle est emprisonnée, interrogée, confrontée aux images de la Shoah et déclare n’avoir « jamais pensé à la politique du Führer et eu pour seule conviction [sa] conception de l’art auquel [elle s'est] consacrée et pour lequel [elle a] vécu ».
En 1946, Leni Riefenstahl sera emprisonnée en France pendant quatre ans pour sa participation dans la deuxième guerre mondiale et notamment pour la réalisation du Triomphe de la volonté.
En 1953, Leni Riefenstahl tente un come-back et termine le film «Tiefland» commencé en 1940. Mais ce film s’avère être un échec commercial. Elle essaie de monter plusieurs projets, mais tous resteront inachevés. Leni part alors au Soudan, d’où elle ramènera une série de photographies sur la tribu Nuba, qui connaitra alors un grand succès (A suivre...)
Elle meurt le 9 septembre 2003, à Poecking, en allemagne à l’age de 101 ans.
Elle meurt le 9 septembre 2003, à Poecking, en allemagne à l’age de 101 ans.