Pierre Guénin, 1927-2017. France
pionnier de la presse gay française
Après une carrière de journaliste de cinéma à Cinémonde, où il impose l’érotisme au masculin, non sans provoquer les railleries, les quolibets de ses confrères hétéros, l’homophobie lui donne le courage de lancer, dans les années 60, des revues homosexuelles : Eden, Olympe, Hommes, In, Jean-Paul, Off au grand émoi de la police mondaine qui le convoque chaque trimestre pour lui demander de supprimer des rubriques qu’elle juge provocantes ou licencieuses.
Guénin reçoit un nombre énorme de courriers d’homosexuels, surpris et heureux de trouver dans la presse, des journalistes qui osent répondre à leur attente. Il les informe de toute l’actualité des arts, des spectacles, des livres gays dans In Magazine, et sur les lieux de rencontre dans le précieux Guide In, ce qui lui vaut deux interdits en 1978 (In et Olympe) sous Giscard d’Estaing et la mise en péril de ses éditions.
Dans les années 50, l'interview au magnétophone dans la rue des passants est une première. Guénin a apporté à CINEMONDE des concepts d'interviews et reportages originaux avant l'heure. Le "micro-trottoir" deviendra un phénomène télévisuel...
Pierre s’attaque a un tabou : le nu masculin. Alors que les starlettes en bikini occupent la couverture de Cinémonde et les trois-quarts des numéros, le fait d’étaler des acteurs à moitié nus, voilà une chose que l‘on ne peut concevoir à l’époque. La rubrique Biceps-appeal obtient un certain succès, surtout auprès du lectorat homosexuel. L’érotisme au masculin est né dans la presse.
Guénin reçoit un nombre énorme de courriers d’homosexuels, surpris et heureux de trouver dans la presse, des journalistes qui osent répondre à leur attente. Il les informe de toute l’actualité des arts, des spectacles, des livres gays dans In Magazine, et sur les lieux de rencontre dans le précieux Guide In, ce qui lui vaut deux interdits en 1978 (In et Olympe) sous Giscard d’Estaing et la mise en péril de ses éditions.
Dans les années 50, l'interview au magnétophone dans la rue des passants est une première. Guénin a apporté à CINEMONDE des concepts d'interviews et reportages originaux avant l'heure. Le "micro-trottoir" deviendra un phénomène télévisuel...
Pierre s’attaque a un tabou : le nu masculin. Alors que les starlettes en bikini occupent la couverture de Cinémonde et les trois-quarts des numéros, le fait d’étaler des acteurs à moitié nus, voilà une chose que l‘on ne peut concevoir à l’époque. La rubrique Biceps-appeal obtient un certain succès, surtout auprès du lectorat homosexuel. L’érotisme au masculin est né dans la presse.
Biceps-appeal
Marlon Brando
Rock Hudson
Rock Hudson
Paul Newman
Steeve Reeves
Tarzan (Miles Keeffe)
Tony Curtis et Laurence Olivier (Spartacus, de Stanley Kubrick, 1960.)
Rudolf Valentino
Anthony Perkins
Marlon Brando
Rock Hudson
Rock Hudson
Paul Newman
Steeve Reeves
Tarzan (Miles Keeffe)
Tony Curtis et Laurence Olivier (Spartacus, de Stanley Kubrick, 1960.)
Rudolf Valentino
Anthony Perkins
La simple idée de transgresser le tabou du nu masculin incite Pierre Guénin à éditer en 1966, EDEN, revue "naturiste" qui plaît beaucoup aux jeunes gays de l'époque tous perturbés par la société qui les condamnait à une certaine clandestinité. EDEN est alors très surveillée par la police mondaine.
EDEN - 1966 (4 numéros - 20 000 exemplaires)
"Au départ, je ne voulais pas faire une revue exclusivement pour les homosexuels. J’ai donc lancé EDEN, une revue disons bisexuelle. Il y avait autant de femmes que d’hommes. Cela noyait le poisson par rapport à la censure. Si le journal n’avait proposé que des hommes, les choses auraient été moins faciles. EDEN était très bien affichée en kiosques, elle a connu un grand succès mais que j’ai rapidement arrêté..."
OLYMPE, revue bisexuelle, paraîtra de 1968 à 1978. (25 000 exemplaires)
"A ce moment-là, les NMPP (unique diffuseur des journaux de l’époque) ne payaient qu’au bout du quatrième numéro. N'ayant aucune publicité rémunératrice, c'était un vrai pari financier. J’ai pris la décision d'arrêter EDEN pour connaître le fruit réel des ventes, rassuré, j’ai lancé OLYMPE en février 1968..."
HOMMES,
primitivement appelée "NOUS, LES HOMMES", paraîtra de 1969 à 1995. (30 000 exemplaires)
primitivement appelée "NOUS, LES HOMMES", paraîtra de 1969 à 1995. (30 000 exemplaires)
"HOMMES s’adressait plus nettement aux gays... De plus en plus hard à cause de la concurrence des revues américaines mises sur le marché par David Girard, je me suis désintéressé de ce magazine fin des années 80 pour me consacrer à la peinture. Jérôme Dodd prend la direction de la revue."
IN
le magazine des arts arts et des spectacles marginaux, paraîtra de 1970 à 1979. (35 000 exemplaires)
le magazine des arts arts et des spectacles marginaux, paraîtra de 1970 à 1979. (35 000 exemplaires)
"Ce titre a beaucoup mieux marché que les autres parce que beaucoup de femmes le lisaient aussi. Chaque numéro consacrait plusieurs pages à la danse. Nombre de lecteurs homosexuels me demandaient d’ailleurs pourquoi j’y accordais une telle place."
JEAN-PAUL,
le magazine de l'homme libéré, paraîtra de 1979 à 1995. (20 000 exemplaires)
le magazine de l'homme libéré, paraîtra de 1979 à 1995. (20 000 exemplaires)
"D'abord très soft et naturiste, en 1988 le magazine traitera des sujets liés à la vidéo X alors en plein essor."
OFF spectacles,
paraîtra de 1979 à 1989. (25 000 exemplaires)
paraîtra de 1979 à 1989. (25 000 exemplaires)
"Mes revues ont permis la diffusion d’une esthétique gay. Mon ambition, c’est de montrer tout ce qui n’était pas trop connu et un peu érotique dans tous les domaines artistiques. Il y a le Off-Broadway... ce que nous faisions, c’était le Off-Paris. On explorait tout. Il fallait être au courant de tout. C’était à la fois épuisant et passionnant.
Au moment du lancement des revues, le nu gay n’existait pas. Il y avait peu d’artistes qui travaillaient dans ce domaine et beaucoup d’entre eux avaient du mal à gagner leur vie.
Moi, avec quatre titres, je permettais à certains jeunes photographes et créateurs de débuter, de gagner leur vie. Cela a été assez long, au début, de trouver des collaborateurs puis peu à peu beaucoup sont venus me voir. Ce que je peux dire, c’est que nous n’avons jamais pu compter sur la publicité. Nous avions été voir Cardin ou Saint-Laurent, sans succès. Avec de la publicité, nous aurions pu faire des journaux très différents. J’ai un regret de cela."
Au moment du lancement des revues, le nu gay n’existait pas. Il y avait peu d’artistes qui travaillaient dans ce domaine et beaucoup d’entre eux avaient du mal à gagner leur vie.
Moi, avec quatre titres, je permettais à certains jeunes photographes et créateurs de débuter, de gagner leur vie. Cela a été assez long, au début, de trouver des collaborateurs puis peu à peu beaucoup sont venus me voir. Ce que je peux dire, c’est que nous n’avons jamais pu compter sur la publicité. Nous avions été voir Cardin ou Saint-Laurent, sans succès. Avec de la publicité, nous aurions pu faire des journaux très différents. J’ai un regret de cela."
En plus d'être un militant (un prix contre l'homophobie porte son nom), un éditeur, Pierre Guénin est aussi un écrivain, un artiste peintre et un dessinateur. Pour en savoir plus, rendez-vous sur son site.
(Source: site de Pierre Guénin)