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"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
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jeudi 26 mai 2011



Jean-Louis-André-Théodore Géricault (1791-1824. France)




Autoportrait





Masque mortuaire de Théodore Géricault




Né le 26 septembre 1791 à Rouen, mort à Paris le 26 janvier 1824, Théodore Géricault issu d’une famille bourgeoise royaliste, il suit ses parents qui s’installent à Paris en 1796.

Là, il entre au lycée, mais les études ne l’intéressent guère ; il n’a que deux passions : l’art et le cheval. Sa mère meurt en 1808, et grâce à son héritage, le jeune Théodore, entre dans l’atelier de Carle Vernet(1758-1836)peintre spécialisé dans l’étude des chevaux.

Il se lie avec le fils du maître, Horace Vernet. En 1810, il quitte l’atelier pour se joindre à celui de Pierre-Narcisse Guérin, maître de l’école néo-classique, puis le 5 février 1811 à l’école des Beaux-arts de Paris.

Il présente au Salon de 1812 une peinture équestre qui fait sensation, il remporte même une médaille. Mais le Salon suivant ne lui apporte que déceptions : ses oeuvres passent inaperçues.

En 1814, il suit le roi Louis XVIII en fuite à Gand. Après avoir échoué au concours du Prix de Rome en 1816, il voyage en Italie, découvre les peintres de la Renaissance italienne, Michel-Ange, Raphaël et le peintre flamand Rubens. De retour à Paris, il s’installe rue des Martyrs, pas loin de son ami Horace Vernet. Un nouveau salon se prépare au Louvres, Géricault veut y présenter une oeuvre monumentale. Il cherche son inspiration dans les faits divers des journaux. Ce sera le radeau de la méduse.



Le Radeau de la Méduse.



Œuvre majeure dans la peinture française du XIXe siècle, Le Radeau de la Méduse fait figure de manifeste du Romantisme. Il représente un fait divers qui intéressa beaucoup Géricault pour ses aspects humains et politiques, le naufrage d’une frégate en 1816 près des côtes du Sénégal, avec à son bord plus de 150 soldats. Le peintre se documenta précisément puis réalisa de nombreuses esquisses avant de camper sa composition définitive qui illustre l’espoir d’un sauvetage.

Géricault s’inspira du récit de deux rescapés de La Méduse, frégate de la marine royale partie en 1816 pour coloniser le Sénégal. Son commandement fut confié à un officier d’Ancien Régime qui n’avait pas navigué depuis plus de vingt ans, et qui ne parvint pas à éviter son échouage sur un banc de sable. Ceux qui ne purent prendre place sur les chaloupes en nombre insuffisant durent construire un radeau pour 150 hommes, emportés vers une odyssée sanglante qui dura 13 jours et n’épargna que 10 vies. A la détresse du naufrage s’ajoutèrent les règlements de comptes et l’abomination du cannibalisme.

Le peintre a trouvé son inspiration. Il fait construire une maquette grandeur nature du bateau dans son atelier et demande à sept rescapés de la dérive du radeau de venir poser pour lui. Il va jusqu’à exposer dans son atelier des restes humains. Grâce à l’entremise d’un ami médecin à l’hôpital de Beaujon, proche de son atelier, Géricault peut obtenir des bras et pieds amputés, afin de les étudier. De même, il dessine plusieurs fois une tête décapitée, obtenue à Bicêtre, où se trouvait une institution qui était tout à la fois hospice, prison et asile d’aliénés. Selon Charles Clément, son biographe, une puanteur étouffante régnait parfois dans son atelier de la rue du Faubourg-du-Roule.




Dessin d'un homme assis avec un turban (étude pour le radeau de la Méduse), 1818-1819





Etude pour le radeau de la Méduse (dessin)





Etude pour le radeau de la Méduse





Etude à l'encre pour le radeau de la Méduse (cadavres écorchés)





Etude pour le radeau de La Méduse, 1818





Etude de figure pour le Radeau de la Méduse





Etude pour le radeau de La Méduse




Le Radeau de Géricault est la vedette du Salon de 1819 : « Il frappe et attire tous les regards », (Le Journal de Paris) et divise les critiques. L’horreur, la terribilité du sujet, fascinent. Les chantres du classicisme disent leur dégoût pour cet « amas de cadavres », dont le réalisme leur paraît si éloigné du beau idéal, incarné par la Galatée de Girodet qui fait un triomphe la même année. En effet, Géricault exprime un paradoxe : comment faire un tableau fort d’un motif hideux, comment concilier l’art et le réel ? Coupin tranche « M. Géricault semble s’être trompé. Le but de la peinture est de parler à l’âme et aux yeux, et non pas de repousser.».

La morbidité et l'érotisme sous-jacents déterminèrent l'accueil défavorable de l'oeuvre. Personne en France ne voulut acheter le Radeau de la Méduse. Il fallut qu'un ami de Géricault, Pierre-Joseph Dedreux-Dorcy, l'achète puis fasse des pressions pour que le Louvre consentisse à l'acheter.

L’œuvre est en fait au cœur de tensions sociales, politiques et artistiques auxquelles Géricault participe mais qu’il subit aussi, il s'agit donc d'une prise de position contre l’État monarchiste, qui a voulu étouffer l'affaire.

Éreinté par la critique, Géricault quitte Paris pour l’Angleterre.




Le Radeau de La Méduse (détail), 1817-1819






Le Radeau de La Méduse (détail de torse d'un noyé), 1817-1819






Le Radeau de la Méduse, 1817-1819



Les études de nu.



L'oeuvre du peintre est chargé d'un souffle érotique, homoérotique même, étant exclusivement attiré par la représentation du corps masculin. Sa série d'étude de nus masculins en est le témoignage.Incarnation du tempérament romantique, fougueux, emporté, Géricault est un des rares artistes du XIXe à avoir su retrouver l'énergie virile de l'art classique. Ces académies qui faisaient dire à son maître Guérin, quelque peu déconcerté par la brosse fougueuse de son jeune élève : "Vos académies ressemblent à la nature, comme une boîte à violon ressemble à un violon". Mots piquants qui sous-entendaient que Géricault et son interprétation de l'anatomie masculine - l'éloge du muscle - violaient délibérément les règles classiques de la bienséance.




Etude d'homme au torse nu, vu de dos





Etude de personnages (La mort d'Hector?), c. 1817





Les parents en deuil de leur fils mort, 1819





Les boxeurs, 1818





Etude d'homme nu (date?)





Etude d'académie d'homme, 1817





Etude d'homme nu, 1816-1818





Etude de nu





Etude d'homme, Vers 1810-1811





Homme nu debout, 1810-1812





Dessin préparatoire pour l'homme nu renversé sur le sol





Homme nu renversé sur le sol ; Figure pour la Course des Barberi, 1817





Etude de nu masculin





Soldat nu avec une lance





Etude d'homme nu





Etude de nu





Courses de chevaux sans cavalier (détail), 1817





Etude d'homme nu





Un naufragé, 1818



Les études des monomanes.




A la fin de sa vie, dans les années 20, le peintre revient à Paris. A la demande de médecins tels que Pinel, Esquirol et Étienne-Jean Georget, médecins psychiatres à la Salpétrière, il realise une série de portrait de "fou", dont la célèbre série des monomanes. Un des traits du romantisme a été de s'interroger sur la raison humaine et la folie. Les romantiques, comme les médecins de cette époque, pensaient qu'on pouvait lire sur les traits du visage la répercussion des altérations mentales. Géricault peint ici des êtres qui ont franchi les limites de la conscience et de la raison, des êtres placés dans une situation extrême.

Géricault a peint des monomanes, fous qui focalisent leur déséquilibre sur un aspect précis tout en demeurant normaux dans le reste de leurs activités. Il a représenté le monomane du vol d'enfant (Springfield Museum of Art), du commandement militaire (Winterthur, Collection Oskar Reinhart), du vol (Gand, musée des Beaux-Arts et Lyon, musée des Beaux-Arts), du jeu (musée du Louvre), de l'envie (Muséee des beaux-arts de Lyon).





La Monomane de l'envie, dit aussi La Hyène de la Salpêtrière, 1819-1820





Le Monomane du vol, 1820





La monomane du jeu, 1819-1822





Le Monomane du commandement militaire, 1819-1822




Outre ses peintures à l’huile, Géricault réalise également des lithographies, des sculptures, rares mais remarquables, et des centaines de dessins. Il meurt le 26 janvier 1824, à l'age de 33 ans, après une longue agonie consécutive à une chute de cheval. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise à Paris.Géricault introduit dans la peinture le mouvement, la couleur, et les thèmes réalistes qui permettent de parler, à partir de Delacroix son héritier spirituel, d’une nouvelle école : le romantisme.


(sources: wikipédia, site du Louvres, Encyclopédie de l'Agora, l'histoire en ligne, Christies.com)

mardi 24 mai 2011

Retour sur... Jean Cocteau





Illustration de "Querelle de Brest" de Jean Genet (1947)
Léonor Fini (1908-1996)



Illustrations pour le livre de Jean Genet, La Galère. 1927



Voir un article plus complet sur ce livre sur le site de "Bibliothèque Gay"










Pietro Buonacorsi, dit Perino del Vaga. (1501-1547.Italie)




Ferdinand Flor (1793-1881. Allemagne)






Badende jungen in der blauen grotte auf capri, 1837
Richard Grune (1903-1983. Allemagne)





Richard Grune, vers 1922





L’artiste Richard Grune, officiellement formé à l'école du Bauhaus à Weimar avec des enseignants comme Paul Klee et Wassily Kandinsky, s'installe à Berlin en Février 1933, après la prise du pouvoir nazi. Grune et d'autres homosexuels en Allemagne ont ressenti l’impact du nouveau régime à quelques semaines de la nomination d’Adolf Hitler au poste de chancelier en Janvier 1933. En Février, la police des sections d’assaut a commencé à appliquer les ordres de fermer les bars et clubs homosexuels. Au cours des mois suivants, la plupart des lieux de rassemblement pour les homosexuels hommes et femmes ont été fermés, perturbant fondamentalement leur vie publique.

Grune lui-même a été arrêté en Décembre 1934, l'un des 70 hommes pris dans une vague de dénonciations. Lors de l'interrogatoire, Grune admis être homosexuel. Il a été maintenu en détention préventive pendant cinq mois, puis revint dans sa maison d'enfance sur la frontière germano-danoise pour son procès pour violation de l’article 175. En Septembre 1936, Grune a été reconnu coupable et condamné à la prison pour un an et trois mois, minoré du temps déjà passé en préventive.

À sa libération, la Gestapo a remis Grune en détention préventive, en affirmant que sa peine avait été trop indulgente. Au début Octobre 1937, Grune a été envoyé au camp de concentration de Sachsenhausen, où il resta jusqu'à ce qu'il soit transféré à Flossenbürg au début d'avril 1940.

Presque exactement cinq ans plus tard, alors que les forces américaines approchaient, Grune s’est échappé du camp de Flossenbürg et a rejoint sa sœur à Kiel. Il a passé une grande partie du reste de sa vie en Espagne, puis est revenu, à Kiel, où il mourut en 1983.

Le désir de Richard Grune d’attirer l'attention sur la terreur des camps de concentration a conduit à la parution, en 1947 d'un portfolio en édition limitée de ses lithographies, Passion des XX. Jahrhunderts (Passion du XXe siècle). Son travail reflète son expérience personnelle dans les camps de concentration de Sachsenhausen et Flossenbürg; d’autres images sont fondées sur des informations provenant d'autres survivants. Ce portfolio est l'un des enregistrements visuels les plus importants du cauchemar quotidien des camps de concentration parus dans l’immédiate après-guerre.
(source: United States Holocaust Mémorial Muséum)








Le triangle rose (deuxième colonne à partir de la droite) était le badge des camps pour distinguer les prisonniers homosexuels, comme le montre ce tableau non daté intitulé «Distinguer les marques pour les détenus en isolement protecteur." En plus de l'insigne de base (en haut), des variations distinguaient les récidivistes (deuxième ligne), les prisonniers des bataillons de punition (prisonniers de droit pénal, troisième ligne), et les Juifs homosexuels (triangle jaune sur triangle rose, quatrième ligne). Les autres couleurs identifiaient les prisonniers politiques, les criminels récidivistes, les émigrants, les Témoins de Jéhovah, et les «asociaux ». (source:Dokumentationsarchiv des österreichischen Widerstandes, Vienna/UNITED STATES HOLOCAUST MEMORIAL MUSEUM #098)






Prisonniers sous-alimentés au bain, 1945





Sans titre





Voeux Saxons





Solidarité. Gravure de la série "Passion du 20e siècle", 1947.





Gravure de la série "Passion du 20e siècle", 1947.





Les prisonniers incapables de travailler sur la voie du crématorium





Prisonnier dans la clôture électrique,





Suspendu à une colonne, 1945











Quatre Kapos battant un prisonnier, 1945





Dortoir dans le camp de concentration, 1945





lundi 23 mai 2011

David et Jonathan




A la mort de Jonathan, son ami David le pleura en ces termes:



"Ton amour pour moi était admirable,
au dessus de l'amour des femmes."

2 Samuel 1:26





La relation entre David et Jonathan est presqu'entièrement rapportée dans le premier livre de Samuel de l'Ancien Testament, mais la fin de leur histoire se trouve dans le livre second de Samuel.

David, le plus jeune fils de Jessé, possédant « de beaux yeux et bonne apparence», fut élevé auprès de Saül, roi d'Israël, et terrassa Goliath, le guerrier géant des Philistins, avec une seule pierre lancée d'une fronde. Jonathan, l'aîné de Saül, fut immédiatement sous le charme dès leur première rencontre : « Or il advint, dès que David eut achevé de parler à Saül, que l'âme de Jonathan se lia à l'âme de David et que Jonathan l'aima comme lui-même. » Ce même jour, «Jonathan conclut une alliance avec David, parce qu'il l'aimait comme lui-même» ; alors «[il] se dépouilla du manteau qu'il avait sur lui et il le donna à David, ainsi que ses effets et jusqu'à son épée, son casque et sa ceinture.»

Les gens d'Israël acceptèrent rapidement David parmi eux, non sans provoquer la colère et la jalousie de Saül qui essaiera à plusieurs reprises de tuer David. Apprenant l'une de ces tentatives, Jonathan avertit David et lui demanda de se cacher parce qu'il «avait beaucoup d'affection pour David.» Finalement David choisit la fuite, cherchant du réconfort auprès de Jonathan, et une nouvelle fois forcé de fuir devant les tentatives de Saül d'attenter à sa vie. Un moment, alors qu'ils se retrouvent seuls, David dit à Jonathan, «Ton père sait bien que j'ai trouvé grâce à tes yeux.»

« Alors Jonathan dit à David : "Ce que toi-même tu diras, je le ferai pour toi." [...] Ainsi Jonathan conclut une alliance avec la maison de David. Puis Jonathan recommença à adjurer David, au nom de son amour pour lui, car il l'aimait comme lui-même.»

David accepta de se cacher jusqu'à ce que Jonathan puisse affronter son père et se rendre compte si, pour sa sécurité, David pouvait demeurer ici. Jonathan approcha son père pour plaider la cause de David : «Alors la colère de Saül s'enflamma contre Jonathan et il lui dit : "Fils d'une femme à conduite perverse, est-ce que je ne sais pas que tu prends parti pour le fils de Jessé, à ta honte et à la honte de la nudité de ta mère ?"»

Jonathan en fut si peiné qu'il en perdit l'appétit plusieurs jours de suite. Il alla retrouver David dans sa cachette pour lui faire part de la situation, dangereuse pour ce dernier, et le priant de fuir. « David se leva d'à côté du tertre, il tomba le nez contre terre et se prosterna trois fois. Puis ils s'embrassèrent l'un l'autre et ils pleurèrent l'un sur l'autre, jusqu'à ce qu'il fût grand temps pour David. Alors Jonathan dit à David : "va en paix, puisque nous avons juré entre nous deux par le nom de Iahvé, en disant : Iahvé sera entre moi et toi, entre ma race et ta race à jamais!" David se leva et s'en alla, tandis que Jonathan rentrait dans la ville. »

Saül continua à pourchasser David[16]. David et Jonathan renouvelèrent leur alliance, et finalement Saül et David se réconcilièrent. Quand Jonathan est tué sur le mont Guelboé par les Philistins, David pleure sa mort en s'écriant, « Je suis en détresse à cause de toi, mon frère Jonathan, tu m'étais très cher, ton amour était pour moi plus merveilleux que l'amour des femmes!» (source: wikipédia)






Les princes bibliques David et Jonathan s'embrassant, illustration de La Somme le roy, manuscrit français vers 1300





Saül essayant de tuer David par Julius Schnorr von Carolsfeld, 1850





jonathan amoureux prenant congé de David, Julius Schnorr von Carolsfeld











David et Jonathan, Cima da Conegliano, 1505





David et Jonathan par Pierre et Gilles





Jonathan embrassant David, par Caspar Luiken





David et Jonathan regardés par le roi Saül, anonyme (allemand), moitié 19ième.

dimanche 22 mai 2011

Retour sur...Pierre-Yves Trémois






Illustration de "Endymion" de Marcel Jouhandeau. Gravure de TRÉMOIS.
Paris, Bibliophiles de l'Union Francaise, 1953