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"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
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lundi 13 novembre 2017



Yves Paradis, 1955. France






Yves Paradis est né en Bretagne en 1955 dans une famille d’agriculteurs pauvres. Il découvre la photographie au collège et ne cessera dès lors de photographier son univers. Après des études d’hôtellerie, il travaille dans le secteur du tourisme avant de se faire embaucher dans un hebdomadaire où il s’occupe du laboratoire photo, un travail plus en adéquation avec sa passion.  De fil en aiguille, il devient journaliste et découvre tous les aspects du métier à travers de ce qu’on appelle la locale.

Parallèlement, il continue de photographier. Il s’intéresse d’abord à la « France profonde » des années 7O et 8O, aux fêtes de village, aux fêtes religieuses, aux bals du samedi soir…  Au tournant des années 8O, son intérêt se concentre sur l’univers des garçons.

A partir de 1985, il travaille régulièrement avec le journal Gai Pied et de nombreuses autres publications. Son travail est remarqué par sa singularité. Son confrère, Joseph Caprio, dit de lui qu’il est « le Robert Doisneau des garçons. » Parce que, comme lui, il exprime toujours une grande empathie pour ses modèles qu’il photographie hors studio, à la lumière naturelle, sans artifice aucun et la plupart du temps en noir et blanc. Ce qui donne à ses images un caractère particulièrement authentique même.

« Les photos d’Yves Paradis racontent toujours une histoire… Ce sont des images simples, dans des décors simples qui suscitent souvent un effet d’identification comme avec des chansons ou des paysages qui nous rappellent des souvenirs… », écrit, Didier Lestrade, journaliste fondateur d’ActUp.

Yves Paradis cesse la prise de vue au début des années 9O pour se concentrer sur son métier, la photographie ne lui permettant pas de vivre. Mais il a méticuleusement veillé sur la bonne conservation de ses archives intactes aujourd’hui. (Biographie : Nicole Canet, Galerie Au bonheur du jour)



Etoile de la Mer, 1986




Héros de Genet, 1986




Nu au grenier, 1985



Ces images nous renvoient aux années 1980, quand les garçons avaient renoncé aux cheveux longs, aux chemises indiennes, pour retrouver le jean standard, le perfecto et, aux beaux jours de l'année et de la drague, le débardeur. À cette époque, Yves Paradis, faisait partie du petit nombre à s'inspirer en plein jour de l'intimité de jeunes hommes pour construire une œuvre, comme en laisseraient des aînés nommés Raymond Voinquel, George Platt-Lynes ou des contemporains signant Bruce Weber ou Herb Ritts. Mais c'est plutôt chez un Raymond Depardon ou une Janine Niépce qu'il faudrait chercher les prolégomènes du travail de ce Breton passé par des études d'hôtellerie, venu à la photographie par le détour d'un hebdomadaire qui le case au laboratoire photo avant de lui laisser faire ses premières armes en reportage et se spécialiser dans la chronique locale des fêtes de village, des processions religieuses et des bals du samedi soir. 

Chemin faisant, l'objectif d'Yves Paradis devient plus sélectif, découvrant chez les garçons un territoire plus proche du sien, et une sensibilité qui, des âpres landes de Pierre-Jakez Hélias et d'Hervé Jaouen passerait vers les chaudes pages de Roger Peyrefitte ou de Jean Genêt. Sans alibi ni fausse honte, Paradis saura collectionner ses modèles, en faire les acteurs d'un bonheur qui se cherche sans nécessairement se trouver, serpentant entre l'allusion érotique d'une carrure en démarche chaloupée et l'essai esthétique d'un dos en maillot rayé, une rêverie aux doubles vitres d'un miroir.

Hervé Le Goff




Après midi trop chaud, 1985





Village du Sud 1986



















Le garçon aux pieds nus, 1986




L'athlète boudeur, 1992




Paris Ponts des Arts, 1986




Delphes, 1984




Dormeur du Val, 1993




Les Garcons de la Piscine, 1986




Le Pisseur du Parking souterrain; 1985




Chambre d’hôtel dans le Sud, 1986.









La sieste dans les hautes herbes, 1993




Le garçon aux reflets multiples, 1987



«  Dans les années 80-90, j’ai photographié avec frénésie des hommes jeunes comme pour arrêter le temps de leur plénitude. D’où le titre de l’exposition d’aujourd’hui qui évoque le temps passé, les souvenirs d’une époque révolue. Celle de notre jeunesse.

Mes photos ne revendiquent rien que le bonheur d’être soi et d’être ensemble.

Elles parlent beaucoup d’amitié, de tendresse, d’amour mais ne plaident pas pour « la cause gay ». Même si leur composante homoérotique est évidente. Elles vont au-delà des modes. Elles témoignent en fait d’une réalité qui a toujours existé et qui existera toujours, du puissant et mystérieux élan qui porte un être vers un autre.

Un élan rare et fragile qui touche au sublime instant d’éternité quand il est partagé. Dans ce sens, elles évoquent plus l’univers de Brokeback Mountain (quoique moins dramatique) que celui du Marais... Elles s’inspirent aussi de mes lectures (Marguerite Yourcenar, Constantin Cavafy, Whalt Whitman, EM Forster, François Augiéras, Michel del Castillo, Daniel Guérin...)

Les hommes que j’ai photographiés ne sont pas des comédiens ou des mannequins sublimes mais des gens simplement ordinaires transfigurés, magnifiés par la magie de la rencontre et de la photographie N et B argentique. Réalisées sans artifice, le plus souvent en extérieur et à la lumière du jour mes photos évoquent la liberté, la nature, la vie... C’est du moins l’esprit dans lequel j’ai voulu les faire»   Yves Paradis


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