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"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
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mardi 9 mai 2017




PORNOGRAPHIE









Fred Halsted, 1941-1989. USA









L.A. Plays Itself









Même si j’ai évoqué la pornographie dans différents articles, c’était pour la survoler. Je n’ai jamais montré de rapport sexuel, car je pensais que cela n’avait pas sa place sur ce blog. C’était avant que je découvre le film de Fred Halsted, L.A. Plays Itself. Ce film m’a frappé car il y avait bien autre chose au-delà des scènes de sexe; et il y avait même quelque chose dans les scènes de sexe qui n’était pas du sexe. L.A. Plays Itself est un OVNI. Il se rapproche bien plus d’un Scorpio Rising de Kenneth Anger que d’un film de Jeff Stryker. D’ailleurs Halsted le disait, le sexe est sans importance et ne l’intéressait pas en tant que tel, c’était un biais. Même si Halsted était plein de contradictions. 

Certains ont parlé de chef-d’œuvre. A tel point que ce film et son corollaire, selon l’auteur, Sex Garage sont entrés dans les collections du MOMA de New York dès 1974. Un film pornographique gay dans les collections d’un célèbre musée d’art moderne ! Les bras m’en sont tombés. Ce film a été encensé par Salvador Dali, Fernando Arrabal, William Burroughs et d'autres. Fred Halsted n’était pas un cinéaste, mais un jardinier sadique. Il a voulu s’inventer un personnage et une vie à travers la pornographie qu’il voyait comme un art. Tel une comète, il a brûlé sa vie jusqu’au firmament avant de se suicider à 47 ans. Les vies en marge ont toujours un destin tragique. Je vais vous raconter sa vie et celle de son film, L.A. Plays Itself. Et tant pis pour le sexe.






Fred Halsted



Né à Long Beach en 1941, Fred Halsted était le fils d'une mère ouvrière agricole et d'un père travailleur de la construction. Le père abandonna la famille lorsque Fred avait trois ans. Sa mère se remaria avec John Knight, qui viola Fred à l'âge de 8 ans, épisode que décrira plus tard Halsted comme « un tournant dans son identité sexuelle ». Il grandit dans divers endroits en Californie et passa presque toute sa vie adulte à Los Angeles. Il étudia la botanique à Cal State LA, et travailla par la suite comme jardinier dans le secteur des plantes de pépinière; il possédait une pépinière en gros à El Monte, en Californie. Il dit plus tard que ses années de jardinier avaient été les jours les plus heureux de sa vie. Il n'a jamais occupé un emploi régulier et n’avait même pas de numéro de sécurité sociale.








En 1969, l'année où les scènes de sexe masculin ont été diffusées publiquement à East Los Angeles, Fred a décidé de se lancer dans ce domaine, il avait commencé à explorer son sadisme. La Cour suprême des États-Unis n'avait pas encore établi une norme légale pour l'obscénité, donc c'était un champ large, encore trop risqué pour être industrialisé à grande échelle. Mais à l’heure de la libération sexuelle, les lois américaines permettaient de commercialiser les films pornographiques. 































Boys in the Sand







Un an avant le premier film d’Halsted, L.A. Plays Itself, le premier film connu est Boys in the Sand - le premier porno gay largement reconnu qui connut un énorme succès - de Wakefield Poole, avec Casey Donovan, première star de porno gay, en 1971. Avant cela, dans les années 1960, certains films expérimentaux contenaient des scènes entre hommes ou des fantasmes homosexuels comme Scorpio Rising (1963) de Kenneth Anger, My Hustler d'Andy Warhol (1965), ou Flesh (1968) de Paul Morrissey.

Halsted était un bon ami de Kenneth Anger, et il aimait Scorpio Rising.

Halsted parlait de lui-même en ces termes : « je me considère comme un pervers premier et en second homosexuel ». Il disait « le sadisme... plus fondamental pour ma personnalité que l'homosexualité ».







Fred a conçu son premier film, L.A. Plays Itself, comme une « déclaration autobiographique et homosexuelle. »

Halsted rencontra l'amour de sa vie, Joseph Yanoska, qui apparaissait dans ses films sous le nom de "Joe Yale", l’année de sortie de son film. Ils s'étaient surnommés « le couple le plus intense du sadomasochisme ». Fred et Joseph ont réalisé un certain nombre de films ensemble. Entre 1976 et 1977, ils ont édité et publié un magazine, Package, « A Journal of Men, Fact & Opinion » comme inscrit en couverture contenant des nouvelles érotiques et sexuelles, des annonces de contact. Six numéros furent publiés.








Ensemble, ils fondèrent le Halsted's, un club de sexe, situé au 2453, boulevard Glendale, Silver Lake, Los Angeles, Californie, qui était, comme il l'a décrit lui-même, un espace industriel nu transformé en « un club de baise debout ». Sa caractéristique la plus distinctive était quatre camions remorques qui étaient garés à l'arrière dans une cour fortifiée (à l'époque, les remorques de camions vides étaient un lieu populaire pour le sexe homosexuel dans le quartier des abattoirs de New York City. Le club n'a duré qu'un an environ; Halsted a admis que « Los Angeles n'avait pas assez de pervers » pour soutenir le club.






La société de Fred Halsted, Cosco, a distribué (et dans la plupart des cas produits) vingt-quatre films pornographiques homosexuels entre 1973 et 1985.







Hasted apparait dans le film Erotikus: A History of the Gay Movie (1974) de Tom DeSimone. Il eut également un rôle important dans El Paso Wrecking Corp., 1977, dirigé par Joe Gage.














El Paso Wrecking Corp., 1977



En 1975, il écrit, produit, dirige, édite, photographie et interprète Sextool, un film qui était destiné à un grand succès. Ce film était voulu comme un « travail d'art » et n'appelant pas immédiatement à être destiné à ceux qui regardent le porno gay à des fins sexuelles. Halsted a choisi d'utiliser un film de 35 mm, en espérant que le film serait montré dans les maisons d’art, mais le film a offensé les responsables de cinéma classique, et peu de cinémas pornos avaient des projecteurs de 35 mm. En conséquence, le film eut une distribution très limitée. Le MOMA, à la suite du succès de la projection de LA Plays Itself and Sex Garage, a acquis une copie de Sextool pour sa collection.























Halsted voulait que ses productions soient plus des déclarations artistiques ou philosophiques sur le sexe, et en particulier le SM, plus que des films de sexe pur. « Dans mes films, je ne suis pas intéressé par les éjaculations ou les érections ou la fellation, ou le sexe. Je m'intéresse davantage à ce qui se passe dans la psyché et non à l'action elle-même. »

Halsted pensait que l'érotisme était transgressif et sacramentel, qu'il était intrinsèquement violent et impliquait des actes de violation. « Le sexe n’est pas « venir [ndlr : éjaculer] » c’est le sexe superficiel, mon cinéma est un cinéma personnel. Je ne baise pas pour avoir un orgasme. Dans les meilleures scènes que je n’ai jamais eues, je n’ai pas eu d’orgasme. Éjaculer ne m’intéresse pas. ... Je m'intéresse à me détendre, à mes émotions […] Je suis intéressé par la satisfaction émotionnelle et la satisfaction intellectuelle. »













Quand LA Plays Itself est projeté au Théâtre de Paris à Los Angeles en juin 1972, le cinéma porno gay ne faisait que commencer lentement à sortir du monde des peep-shows et des magazines beefcake. Le film fut ensuite joué à la 55e Street Playhouse à New York et presque aussitôt qualifié de chef - d'œuvre. Il fut inclus, avec Sex Garage, dans la collection de films du MOMA.








Sex Garage est un court métrage en noir et blanc de 35 minutes. Il était destiné à accompagner L.A. Plays Itself. La plupart du film a été tourné dans un garage dans Hollywood Hills en seulement six heures. Le film défie les conventions de genre, et commence par introduire la bisexualité dans un film porno gay bien avant que le genre bisexuel ne devienne à la mode. La suite est une demi-heure de saleté exubérante, y compris (le plus célèbre) un moment intime entre un motard et un tuyau d'échappement, le tout sur une bande son jouant le morceau Jésus, Que Ma Joie Demeure de Jean Sébastien Bach et " When Tomorrow Comes " de The Emotions. Ce film a été interdit à New York à l'époque parce que la police croyait qu'il s'agissait de « promouvoir l'obscénité ».













Fred Halsted s'est inventé comme artiste et comme personnage. Il a su faire de sa faiblesse, sa force. Il n’a jamais appris la réalisation et a dit enfin avoir fini d’apprendre son métier en 1975. Ses films sont des collages déchiquetés d'images sans narration, avec des sons ambiants (parfois incompréhensibles), des doubles expositions confuses et des récits non linéaires, des ruptures brutales. Il utilise volontiers la musique classique ou traditionnelle comme bande sonore. Ce sont davantage des fantasmes fétichistes underground que des récits commerciaux que présentent les autres productions pornographiques de l’époque. Ces récits au style primitif à la qualité filmique médiocre donnent à ses films une puissance brute et immédiate inédite dans l’industrie du porno. Les films de Halsted ne sont pas du porno, c’est autre chose. Quand il sort LA Plays Itself, à l'âge de trente et un ans, Halsted propose un film qui s'inspire de l'érotisme expressionniste surréaliste de Kenneth Anger.












LA Plays Itself a une relation intéressante avec l'histoire. C'est un documentaire involontaire sur les circonstances de son tournage, et cet « effet documentaire » ne s'accroît qu'avec des années passées. La première moitié du film, comme un simulacre de pastorale est une scène entre deux jeunes gens, le brun Jim Frost et le blond Rick Coates, à Malibu Canyon dont les ébats sont interrompus par des bulldozers qui avancent sur le désert qui les abrite. Les scènes de sexe sont entrecoupées de longs plans sur la faune locale, les insectes et les salamandres.






















Une musique solennelle de cérémonie japonaise accompagne les premiers plans de papillons qui ressemblent à la splendeur naturelle d'un jardin moderne d'Eden. Les amants font l'amour sur la Symphonie n° 6 de Beethoven et célesta de Bartók. Leur échange charnel progresse graduellement en harmonie avec la musique. Les bulldozers rugissants déchirant le sol interrompent brutalement cet instant suspendu au Paradis, le temps de l'innocence a pris fin.








Une rupture brutale et déconcertante nous projette dans les rues sombres de Los Angeles où l’on retrouve Halsted parcourant les rues en voiture à la recherche d’une proie. Il repère un garçon, qui n’est autre que Joe Yale son amant dans la vie, et l'attire, l'avertissant des dangers qui se cachent à chaque coin de la rue. Scène qui contraste avec la liberté et l'hédonisme de la première moitié dans la nature. « Le film affirme que le plaisir et la douleur, la beauté et la laideur sont des états psychiques complémentaires, tous deux présents dans la culture gay. »

Une voix off nous apprend que c’est un jeune prostitué fraîchement arrivé du Texas. Il se retrouve dans un logement et commence alors une séance de SM où Halsted, qui est le maître attache son disciple et l’entraîne dans un rituel sadique qui comprendra des moments fugaces d’urophilie et de fist-fucking qui seront coupés sur la plupart des copies existantes.













Tout ceci entrecoupé de scènes de rues où déambulent des prostitués et des vagabonds et de Griffith Park, un lieu de drague gay de L.A.. Halsted finira par enfermer sa proie, rôle rappelé en écho par les insectes épinglés sur les planches d’entomologie accrochées au mur, nue, dans un placard. Il finira ce film en se masturbant tandis qu’un plan sur la une d’un journal nous apprend qu’un homme a été retrouvé mort, ligoté, bâillonné et torturé.











Halsted a décrit son film ainsi: « C’était bien d'être ouvertement gay, mais entrer dans le SM était un autre voyage. L'un des buts de LA Plays Itself était d'avoir le SM et les perversions sur l'écran où les gens pouvaient les regarder, y pensez, les analyser, les laisser les affecter, tout ce qu'ils veulent, mais ne plus les cacher, et laisser une ouverture là où les gens peuvent y faire face facilement ».

LA Plays Itself a créé une sensation énorme quand il a été projeté à New York. Le film a été loué par Fernando Arrabal, William Burroughs et Al Goldstein, mais a été mal compris par la plupart des homosexuels et des critiques de cinéma.



















Halsted réalisera son troisième « grand » film, Sextool en 1975. A la fin des années 70, diminué par l’alcool et la drogue, il ne tournera plus de film autre que des successions de scènes pornographiques et fera des apparitions dans quelques films pornos. Son compagnon, Joe Yale, mourra du SIDA en 1986, laissant Halsted ruiné par le chagrin. Il se suicidera en 1989, à l’age de 47 ans, laissant pour lettre d’adieu ces quelques mots : « J'ai eu une bonne vie ... J'ai eu des regards, un corps, de l'argent, du succès et des triomphes artistiques. J'ai eu l'amour de ma vie. Je ne vois aucune raison de continuer. »

Dans sa dernière année, Fred a écrit une autobiographie intitulée Why I Did It, dont le manuscrit semble avoir été perdu. Il est mort sans testament, et son œuvre est entre les mains d'une famille qui n'a manifesté aucun intérêt à s'occuper de son héritage.








Halsted serait probablement tombé dans l'oubli si l’écrivain et réalisateur William E. Jones ne lui avait pas consacré une biographie en 2011, Halsted Play Himself, publié chez Semiotext(e).































William E. Jones a accepté une interview de Caroline Maccloskey pour le site transgressor magazine que je vous livre ici avec ma traduction.




















Quand il s’est suicidé en 1989 à l’age de 47 ans, Fred Halsted était alcoolique et sans ressource, s’en sortant avec des petits boulots de gardiennage et de maintenance. Toujours en deuil de son amour de toujours et collaborateur Joey Yale, mort d’une maladie liée au SIDA trois ans plus tôt. Halsted - un réalisateur autodidacte formellement considéré comme l’une des voix les plus radicales du porno gay expérimental – avait tout perdu. « Maintenant je suis un has-been et je ne peux plus rien produire » écrit-il dans sa lettre de suicide. « J’avais un regard, un corps, de l’argent, du succès et un triomphe artistique. J’ai connu l’amour de ma vie. Je ne vois aucune raison de continuer. » 

Halsted commença à imaginer L.A. Plays Itself en 1972, qui décrit des couples SM face aux tensions difficiles de la ville entre le paradis naturel et le développement urbain, créant une sensation par son rythme particulier et sa poésie expérimentale, si bien que la scène de fist entre Halsted et Yale aurait été la première représentation d’homme-à-homme à jamais être sortie en salles. Dans les collections du MOMA, admiré par Salvador Dali et Jones Mekas, le film fit d’Halsted un pionnier du SM underground. Il cimenta cette réputation tout au long de la décade suivante en dirigeant et jouant dans de nombreux films comme The Sex Garage, A Night at Halsteed’s et Sextool, produisant un magazine appelé Package et ouvrant l’Halsted, le « club de la baise debout » à Silver Lake au début des années 80.

Les films d’Halsted restent peu vus et sont difficiles à trouver, et dans les années qui suivirent sa mort, son héritage fut en danger d’être perdu. Mais en 2011, Semiotext(e) publia Halsted Play Himself, une biographie de l’écrivain et réalisateur William E. Jones qui contribue grandement à corriger cette erreur.

Nous avons discuté avec William E. Jones à Silver Lake, Los Angeles.

Les éditeurs.








L.A. Plays Itself est l’un des premiers films pornos que je n’ai jamais vus, et j’ai réalisé que la plupart était inintéressante. Je ne savais pas tout à fait ce que je regardais. J’ai dû admettre que ma première réaction n’était pas avisée. Mais considérant que vous regardez quelque chose et que vous réfléchissez. Je ne savais pas où placer ça, dans quelle catégorie le placer. C’est souvent le début de quelque chose de réellement important.















Dans les années 70 Los Angeles était simultanément plus rural et plus sordide. C’était un endroit pas tout à fait urbanisé. La police de Los Angeles était vraiment fasciste dans sa persécution des homosexuels, et c’était un endroit très répressif à bien des égards. Mais par la suite, il y eut une autre résistance, une résistance secrète. La scène cuir et SM fleurit à Los Angeles avant d’autres villes en Amérique, contrairement à ce que certains peuvent imaginer. Cela avait certaines relations avec le comportement terrible de la police, mais également avec le fait que LA. était comme une toile vide à peindre pour les gens. C’était un endroit ouvert au gens pour se réinventer.

Par-dessus tout cela, la répression était associée aux Star Système d’Hollywood et aux média. Par exemple beaucoup de gens connaissaient Rock Hudson et l’avaient vu dans des soirées où peut-être avaient eu des relations sexuelles avec lui, Mais l’avaient vu à différentes étapes de sa vie – quand il était jeune et beau, quand il était plus vieux et se détériorait, quand il était encore plus vieux et rejeté. Imagine aller à une soirée fist avec un tas d’adeptes de la magie noire et Rock Hudson. Vous ne trouverez jamais cela ailleurs.















Halsted commença à réaliser des films à un moment où il n’était pas clair dans quelle direction les choses allaient aller. Il y avait la possibilité d’une nouvelle, sexuellement explicite, création de films gays qui était expérimentale dans la forme, et je pense qu’Halsted, dans son espoir fou, pensait que cela irait indéfiniment, que c’était la nouvelle façon de faire des films qui étaient commercialement viables. Et les évènements suivants prouvèrent que c’était faux. Maintenant, quand nous regardons en arrière, nous voyons bien sûr qu’un film gay avec une sexualité explicite et des scènes SM hardcore ne va pas plaire à une large audience, mais je pense qu’il y a un moment où cela a pu sembler possible à des gens particulièrement optimistes.














Un des aspects les plus attirants de Fred pour moi était qu’il était un garçon de la classe ouvrière qui n’avait pas appris à faire des films et voulait le faire. Il voulait devenir célèbre. Et il travailla pour cela avec ce qu’il avait : Il avait sa beauté, il avait son charme, il avait une capacité à la prostitution (dans tous les sens du terme) et il avait la caméra de son ami. C’était un peu comme la genèse de Pink Flamingos, quand John Waters dit à Divine, « Tu veux être célèbre, je veux être célèbre, qu’est-ce que nous devons faire ? Faisons un film où tu manges une merde de chien à la fin ! D’accord, faisons-le ! » C’était la façon de penser de Fred : D’accord, je veux être célèbre, je vais faire un film porno gay et il va y avoir du fist dedans. Et cela passera dans les cinémas.















J’ai été heureusement surpris que tant de ses associés soient encore en vie. Et j’ai été réellement assez surpris qu’il y avait peu de sources qui voulaient être mis en avant et enregistrées. Ceux-là avaient tendance à être des gens qui travaillaient dans le marché de la vidéo adulte, mais ils ne le connaissaient pas si bien – ils avaient juste travaillé avec lui. Les amis réellement proches étaient réservés, ils étaient prêts à participer mais voulaient avoir un pseudonyme.

Je pense que Fred avait une certaine sorte de charisme qui lui permettait de faire sortir des choses des gens. Et parfois c’étaient des choses que les gens avaient eux-mêmes l’occasion de regretter.















Les films comme L.A. Plays Itself ou Sex Garage ne se produisent pas tous les ans ou les 10 ans. Fred arriva d’une époque entre les magazines confidentiels, qui pouvaient détruire la carrière des gens par des détails scandaleux, et la télé-réalité. C’était une époque géniale, un moment très particulier, un moment très difficile à imaginer maintenant parce que les choses sont devenues réactionnaires par certains côtés. Quelqu’un qui ne vient de rien et s’invente réellement lui-même de cette façon mettrait beaucoup plus de temps à être célébré par le Museum of Modern Art. Cela pourrait arriver à nouveau je suppose, mais dans des circonstances différentes.















Je ne sais pas si je pourrais rencontrer quelqu’un pour se mettre d’accord sur une chose à son sujet. Mais j’ai ma propre idée. Je pense que la religion de sa mère, le Doukhobors*, a été plus important qu’on ne peut réaliser. Il avait cette attitude contradictoire qui est le produit d'une éducation religieuse dissidente. Je pense que cela est pervers. Beaucoup seraient d’accord au sujet de sa contradiction. Beaucoup de gens pensaient qu’il était un cœur tendre.

Il était aussi une personne très tourmentée qui, comme l'a dit un ami, alternait entre le sentiment qu’il ne pourrait rien faire et le sentiment qu’il ne pourrait rien faire du tout.

Fred était un peu passif. Il avait cette personnalité agressive sans peur mais dans ses rapports aux autres, il était un petit chat, et je pense que cette attitude encourageait les gens à le prendre en charge, prendre des décisions pour lui, l’aider. C’est une chose intéressante – d’autres personnes étaient prêtes à l’aider financièrement pour son agence. Et d’autres étaient juste jaloux. Bien qu’ils avaient de quoi être jaloux. Je ne suis pas sûr. Il était assez tourmenté. Des gens attendaient quelque chose de lui et il ne donnait rien. C’était triste, tragique et ordinaire.



*Les Doukhobors (russe: Духоборы/Духоборцы) sont une communauté chrétienne d'origine russe, vivant au Canada et en Géorgie. Eux-mêmes appellent leur organisation « Union des Communautés spirituelles du Christ » (anglais : Union of Spiritual Communities of Christ ). Doukhobors signifie lutteurs de l'esprit en russe. Les doukhobors rejettent le gouvernement des hommes, le clergé, les icônes, tous les rituels ecclésiastiques, les écrits bibliques autres que les quatre Évangiles et le caractère divin de Jésus de Nazareth. Ils sont persuadés que nul n'a besoin d'intermédiaire entre Dieu et l'homme, car chaque homme porte en lui un morceau de divinité. Ils sont d'ardents pacifistes, ce qui leur valut à double titre, religieux et politique, une dure répression dans l'Empire russe et plus encore en Union soviétique, subissant tortures, déportation et privations de liberté.















Pour moi, il n’est pas intéressant de faire un autre livre sur Marilyn Monroe. Pour moi ce qui est intéressant est de sauver la réputation de quelqu’un qui peut être oublié ou connu seulement d’une petite poignée de personnes. Je veux que les gens connaissent Fred.

Larry Flint possède les droits de L.A. Plays Itself, et il pourrait les rendre plus disponibles s’il le voulait. Il est improbable que Sextool ne ressorte jamais parce que c’est du sexe hardcore dans sa tonalité et je ne connais réellement pas un distributeur suffisamment téméraire pour le faire. C’est le vrai film perdu. La copie que j’ai vue au MOMA est très délavée. C’est le seul enregistrement que je n’ai jamais vu ou dont j’ai entendu parlé. Il doit y avoir une version vidéo mais je n’en n’ai jamais vu de copie. Et j’ai cherché ! (Source : transgressormagazine)




L.A. Plays Itself

LE FILM




























Réalisation : Fred Halsted
Scénario : Fred Halsted
Photographie : Fred Halsted
Montage : Fred Halsted

Musique : musique japonaise traditionnelle au shakuhachi, Symphonie n° 6 de Beethoven, Musique pour cordes, percussion et célesta de Bartók
Société de production : Eight of Clubs
Sociétés de distribution : Halsted Distribution
Langues : anglais
Format : Couleur - 1.33 : 1/16 mm - son monophonique
Genre : Film expérimental-Film pornographique
Durée : 51 minutes

Dates de sortie : avril 1972

Distribution

Jim Frost : l'autostoppeur
Rick Coates : le garçon dans la nature
Fred Halsted : le conducteur de la Ford Ranchero
Joey Yale : le jeune nouvellement arrivé en ville
Paul Barresi
Bob Blount 


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