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"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
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jeudi 20 octobre 2016




POLITIQUE - HOMOPHOBIE




Je reproduis ici ce très intéressant article de Xavier Héraud pour le magazine Yagg sur internet, magazine destiné aux LGBT, qui rencontre malheureusement des difficultés financières et qu'il faut soutenir. Cet article répond à la très droitière et très réac journaliste Eugénie Bastié, que l'on compare déjà à Eric Zemmour, pro-Manif pour tous, qui se plaint des twittes "haineux" des anti-Manif pour tous, postés lors de la manifestation du 16 octobre. Je trouve la réponse de Xavier Héraud pleine de bon sens et si vraie qu'elle résume à elle seule, le fond du débat. Je vous en fait profiter. (lien vers le site)



«Chère Eugénie Bastié», ou de la «haine inouïe» à l’encontre de la «Manif pour tous»


Publié par Xavier Héraud


La journaliste et essayiste conservatrice Eugénie Bastié fustige la «haine inouïe» de certains anti-"manif pour tous".



Chère Eugénie Bastié. Vous vous êtes indignée récemment sur Twitter de la "haine inouïe" des anti-"manif pour tous". A tel point que vous avez renoncé à exprimer vos critiques envers le mouvement de Ludovine de la Rochère. C'est dire. Pour appuyer votre propos, vous avez partagé une série de tweets suggérant à Daech de faire un attentat au milieu des manifestants anti-mariage pour tous-théorie-du-genre-PMA-GPA-etc. De tous les tweets critiquant la "Manif pour tous" et consorts, vous avez choisi de vous arrêter sur les plus imbéciles, émanant de personnes/trolls qui ne représentent qu'eux-mêmes. Soit. Il est indéniable en revanche que sans aller jusqu'à ces extrémités, la Manif pour tous suscite la colère chez de nombreux gays, de nombreuses lesbiennes, de nombreux/euses bi.e.s et de nombreuses personnes trans.

Avant de vous répondre, j'aimerais revenir sur une scène à laquelle j'ai assisté il y a trois ans. Nous sommes à l'extérieur de l'Assemblée Nationale. Quelques minutes auparavant, les député.e.s ont voté définitivement le mariage pour tous. Sur le trottoir, quelques hommes venus assister à ce moment historique prennent à partie Virginie Tellenne, alias Frigide Barjot, présente elle aussi au moment du vote, avec un vocable plutôt fleuri. Il s'en faut même de peu pour qu'ils la bousculent. On peut voir deux de ces hommes à la fin du documentaire La Sociologue et l'ourson expliquer à quel point cela leur a fait du bien de crier leur colère sur la figure de proue du mouvement anti-mariage pour tous. Sur le moment, je me souviens avoir pensé qu'ils exagéraient. Que nous n'avions pas à nous abaisser à de l'insulte ou de l'intimidation.

Le soir même ou le jour d'après, je ne me souviens plus, Mme Tellenne est à nouveau invitée sur un plateau de télévision. Elle se plaint alors de la violence dont elle avait été victime. Et là, cela m'a frappé, pour ainsi dire. Comment cette femme ose-t-elle se plaindre de trois malheureuses insultes après ce qu'elle vient de nous faire subir?

Laissez-moi vous rappeler - ou vous apprendre -, chère Eugénie Bastié, ce que c'est d'être gay ou lesbienne. Beaucoup d'entre nous ont passé leur scolarité à se faire traiter quotidiennement de pédé ou de gouine. Certain.e.s à se faire frapper pour cela. Lisez les rapports de SOS homophobie. Ou si c'est trop vous demander, lisez En finir avec Eddy Bellegueule. Ce n'est pas de la science fiction. C'est une réalité que nous connaissons bien. A la maison, il y a la crainte de dévoiler son homosexualité à sa famille. De peur de les décevoir, de peur d'être rejeté.e. Parce que c'est ce qui se passe encore trop souvent. Voyez l'activité sans cesse grandissante du Refuge. Plus tard au travail, nombre d'entre nous cachent leur homosexualité à leurs collègues et leurs supérieurs, pour éviter les brimades, les ragots ou la discrimination. Lisez les rapports de L'Autre Cercle. Savez-vous ce que c'est d'élaborer des stratégies quotidiennes pour mentir à ses parents, à ses collègues, parfois à soi-même?

Parce que tout n'est pas noir, finalement, nous nous assumons, nous aimons, nous avons nous aussi une famille. Comme tout le monde, nous avons besoin de protéger ceux que nous aimons et de nous protéger nous-mêmes. Un exemple: vous trouveriez insupportable de ne pas avoir votre mot à dire sur l'enterrement de la personne qui a partagé votre vie pendant des années, non? Nous aussi. C'est arrivé si souvent au plus fort de l'épidémie de sida. C'est pourquoi nous avons besoin de droits. Des mêmes droits que le reste de la population. Et à chaque fois que nous demandons aux responsables politiques, que nous aussi nous avons élus, de bien vouloir modifier les lois pour simplement nous faire bénéficier des mêmes droits que les autres, des centaines de milliers de personnes envahissent les rues pour nous signifier que nous sommes des pervers, que nous n'avons pas de famille, que nous allons traumatiser nos enfants, bref que nous sommes inférieurs à elles et à eux.

Dans le cas du mariage pour tous, il y a eu plusieurs manifestations et au quotidien nous avons dû subir les insultes sur les plateaux télés, dans les journaux, mais aussi sur les réseaux sociaux (et souvent du même tonneau que celles que vous dénoncez, beaucoup n'ont pas le langage policé de Mme de la Rochère). Pendant des mois. Vous pensez qu'être contre le mariage pour tous est une opinion comme une autre? Appliquez-vous les arguments de la Manif pour tous: votre famille n'en est pas une, votre couple n'en est pas un, lorsque vous voulez un enfant, c'est égoïste (alors que chez les autres, c'est forcément une volonté désintéressée, ou mieux il n'a pas été désiré, c'est un cadeau de la vie), et si vous en avez un, vous allez en faire de la chair à psy, si votre conjoint meurt, et bien ça n'est pas votre conjoint donc de quoi vous mêlez-vous? Et surtout répétez-vous ça pendant des années, voire une vie entière. Alors, vous comprendrez peut-être mieux d'où vient cette «haine inouïe» qui vous a tant scandalisée.

Le jour où la "Manif pour tous" et ses amis cesseront de combattre les gays, les lesbiennes, les bi.e.s, et les personnes trans et de défiler contre leurs droits, le jour où les personnalités publiques ouvertement gays comme Ian Brossat, Jean-Luc Romero ou bien d'autres ne recevront plus de menaces de mort sur les réseaux sociaux en raison de leur orientation sexuelle, les insultes à l'égard de Christine Boutin, Ludovine de la Rochère et leurs amis disparaîtront comme par magie. Parce que, croyez-le ou non, nous avons mieux à faire qu'aller défiler contre les droits des autres le dimanche après-midi ou crier notre colère sur Twitter ou Facebook contre les homophobes. En attendant, souffrez, chère Eugénie Bastié, que le boomerang revienne parfois à la figure de ceux qui l'envoient.




La manif pour tous n'est pas homophobe... Quoi-que... Florilège











































































Et pour finir, assainissons l'atmosphère avec un peu d'humour.




Si tu es gentil avec moi...je t'emmènerai à la manif anti-pédés.





2 commentaires:

  1. Ho mon dieu que vous êtes en arrière de ce qui se passe ici, au Canada et surtout au Québec.
    Le mariage gai et les adoptions sont devenus si «normal» ici. On en parle même plus dans les médias.

    La France me semble dominé par la droite religieuse et ces «déplorables» qui n'évoluent pas.

    Courage.

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  2. Oui, c'est affreux! Alors que dans beaucoup de pays, et même certains qu'on attendait pas, la loi est passée sans faire de vague, en France, pays des droits de l'homme et des Lumières, ça a réveillé de vieux relents réactionnaires nauséabonds. Je ne comprends pas. Je suis atterré. Mais il règne chez nous en ce moment un climat malsain. On voit notamment cela avec l'accueil des réfugiés du moyen-orient dont personne ne veut et la montée de l’extrême droite. J'ai peur pour l'avenir. Dans quelques mois nous changeons de président et il est maintenant possible que nous ayons une présidente d'extrême-droite. La gauche n'existe plus, la droite se dit "décomplexée" pour expliquer qu'elle tend de plus en plus vers des valeurs d’extrême droite, les gens se renferment, se replient dans leur petit milieu, deviennent de plus en plus égoïstes, la violence est de plus en plus présente, le chômage explose, les institutions ne sont plus respectée. Toutes les conditions, comme celles juste avant la deuxième guerre mondiale, sont réunies pour en créer une troisième. On vit actuellement dans un sale pays, alors qu'il peut être si beau. J'ai peur pour l'avenir. Nous avons la première génération qui vivra moins bien que leurs parents, c'est inédit. Mais comme disait l'autre, en cas de guerre mondiale, je me casse à l'étranger.

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