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"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
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mercredi 10 août 2016




Vincent van Gogh, 1853-1890. Pays-Bas







Le bon Samaritain (d’après Delacroix), St Rémy, 1890. Huile sur toile, 73x59,5cm. Vincent Kröller-Müller Museum, Otterlo







Eugène Delacroix. Le Bon Samaritain, 1849. Huile sur toile, 37 x 30 cm






Lettre de Vincent à Theo van Gogh. Saint-Rémy-de-Provence, le 2 Mai 1890 où il évoque cette toile 


















Mon cher Theo,

encore une fois je t’ecris pour dire que la santé continue à aller bien, pourtant je me sens un peu éreinté par cette longue crise et j’ose croire que le changement projeté me rafraichira davantage les idées.

Je crois que le mieux sera que j’aille moi-même voir ce médecin à la campagne le plus tôt possible; alors on pourra bientôt décider si c’est chez lui ou provisoirement à l’auberge que j’irai loger; et ainsi on évitera un séjour trop prolongé à Paris, chôse que je redouterais.–

Tu te rappelles qu’il y a 6 mois je te disais après une crise que si cela se répétait je te demanderais de changer.– Nous en sommes là – quoique je ne me sens pas capable de porter un jugement sur la façon qu’ils ont ici de traiter les malades – il suffit que je sens ce qui me reste de raison et de puissance de travailler absolument en danger. tandis qu’au contraire je me fais fort de prouver à ce médecin duquel tu parles que je sais encore travailler logiquement et lui me traitera en conséquence, et puisqu’il aime la peinture il y a assez de chance qu’il en résulte une amitié solide.

Je ne crois pas que M. Peyron s’opposera à un très prompt départ. je me persuade d’ailleurs que le plaisir de passer quelques jours avec toi me remettra beaucoup.– Et dès lors nous pouvons bien compter sur une période de santé relative. Ne tarde donc pas à prendre les mesures nécessaires pour que cela ne traîne pas.–

Une fois là-bas je pourrai faire venir mon lit qui est à Arles.
D’ailleurs je changerais quand même, préférant être dans un asile où les malades travailleraient, à cette affreuse oisiveté d’ici qui reellement me parait simplement comme un crime. Enfin tu me diras qu’on voit cela un peu partout et que même à Paris cela abonde. Quoi qu’il en soit j’espère que nous nous reverrons sous peu.

Les eaux fortes que tu m’as envoyé sont bien belles. Ci contre j’ai griffonné un croquis d’après une peinture que j’ai faite de trois figures qui sont dans le fond de l’eau forte du Lazare.
Le mort et ses deux soeurs.– La grotte et le cadavre sont violet, jaune, blanc. La femme qui ôte le mouchoir de la face du ressucité a une robe verte et des cheveux orangés, l’autre a une chevelure noire et un vetement rayé. Vert & rose. Derriere une campagne, des collines bleues, un soleil levant jaune. La combinaison de couleurs ainsi parlerait par elle-même de la même chose qu’exprime le clair obscur de l’eau forte.

J’aurais encore à ma disposition le modèle qui a posé la berceuse et l’autre dont tu viens de recevoir le portrait d’après le dessin de Gauguin, alors certes j’essayerais à exécuter en grand cette toile, les personalités étant ce que j’aurais rêvé comme caractères. Mais laissant de côté des motifs de ce genre, il restera là-bas l’étude d’après nature de paysans et paysages quand je serai de retour dans le nord.
Pour ce qui est de la commande de couleurs. si c’est que je reste ici encore quelques jours, expédies en je te prie une partie de suite.– si toutefois je pars de ces jours ci – ce que j’espère – tu peux bien la garder à Paris.

Ecris moi de ces jours ci dans tous les cas; j’espère que tu auras reçu les toiles en bon ordre. j’en ai fait encore une d’un coin de verdure qui me parait avoir quelque fraîcheur. J’ai aussi essayé une copie du bon Samaritain de Delacroix. Je crois d’après une note dans le Figaro que le père Quost doit avoir un tableau rudement bien au salon.

Bien des chôses à ta femme, je me fais une fête de faire enfin sa connaissance et bonne poignée de main en pensee.




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