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"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
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vendredi 20 février 2015




Hervé Guibert, 1955-1991. France










On connait Hervé Guibert surtout comme un écrivain et on s'est beaucoup intéressé à sa littérature décrivant ses années face au SIDA (À l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie, Gallimard, Paris, 1990. Le Protocole compassionnel, Gallimard, Paris, 1991). Le grand public le connait surtout pour avoir été le co-scénariste avec Patrice Chéreau de L'homme blessé (César du meilleur scénario en 1984.) On connait moins le photographe. 

Son travail autour de la photographie est pourtant une part importante de son oeuvre. Tout d'abord en tant que critique, où en 1977, après la collaboration avec plusieurs magazines (Combat, Had, 20 ans, Cinéma, Les Nouvelles littéraires), il entre au service culturel du journal Le Monde où il sera critique photo et cinéma jusqu'en 1985 (ses critiques sont réunies dans un recueil La Photo inéluctablement (Gallimard, 1999)). Et puis en tant qu'artiste photographique. 

Hervé Guibert commence la photographie en 1972, à 17 ans, grâce à un appareil offert par son père. Son deuxième livre (édité en 1980) fut d'ailleurs un roman photo mettant en scène ses deux grandes tantes Suzanne et Louise, un regard porté sur la vieillesse débordant d'amour et d'humanité. 





Tantes Suzanne et Louise



Guibert photographiera presque jusqu’à la fin, au moment ou il abandonne la photo pour un rêve d'enfant, le cinéma, en réalisant son unique film «La pudeur ou l’impudeur», où il filme sa déchéance jusqu'à mars 1991. La première exposition de ces clichés eu lieu quelques mois après sa mort, le 27 décembre 1991, à la gallerie Agathe Gaillard, à Paris. Le premier recueil de ses photographies fut publié aux éditions Gallimard en 1993.


Autant que l'écrivain, le photographe Hervé Guibert est talentueux. Ses photos sont très belles, en noir en blanc, élégantes, douces, fraîches, tendres où flotte parfois une douce morbidité. Comme un prolongement de son oeuvre littéraire elles nous font pénétrer son intimité, comme une illustration de sa prose. 

Il met en scène son univers, ainsi que ses amis où amants dans un journal narcissique où se croisent des instants de la vie quotidienne et des envolées surréalistes (Le portrait de Jeanne d'Arc, Autoportrait rue du Moulin-vert, 1981). Il construit un roman photo de sa vie. Dans son univers où semble flotter des fantômes, le temps semble suspendu et une douce sécurité nous enveloppe. Même si l'on sent la mort roder (comme quand il se met en scène dans son appartement comme sous un linceul), l'espace est serein et empli d'humanité. A mon avis son oeuvre photographique, malheureusement encore peu connue, vaut autant que son oeuvre littéraire.



«Je me défendrai toujours d’être un photographe : cette attraction me fait peur, il me semble qu’elle peut vite tourner à la folie, car tout est photographiable, tout est intéressant à photographier, et d’une journée de sa vie on pourrait découper des milliers d’instants, des milliers de petites surfaces, et si l’on commence pourquoi s’arrêter?»






Autoportrait de lieu et date totalement oubliés, 1990




«Je rêve que la photographie semble un même travail manuel que la calligraphie. Je rêve que les photographes se mettent à écrire et que les écrivains prennent des photos, qu’il n’y ait plus d’intimidation des uns aux autres, que chaque activité soit l’indicible, l’innommable…».Le Mausolée des amants: journal, 1976-1991, Gallimard, Paris, 2001





Autoportrait, 1976








Musée Grévin, 1978








Sienne, 1979








Sans titre, 1979








Thierry, Palerme, 1980-1981








Autoportrait rue du Moulin-vert, 1981








Santa Caterina, 1982








Hans Georg et Thierry à Montecatini, 1983








Écriture, 1983








Thierry, 1983








Autoportrait, rue du Moulin-vert, 1986








Le film porno, 1987-1988








Santa Caterina, 1990









Eugène








Eugène








Napoléon (Musée Grévin)








Nèfertito








La tête de Jeanne d'Arc











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