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"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
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vendredi 1 novembre 2013





JEAN COCTEAU, 1889-1963. France







Jean Cocteau en 1923



En 1922, Cocteau fuit Paris avec Raymond Radiguet, son grand amour, et se rend au Lavandou dans le sud de la France. Radiguet termine Le diable au corps et commence Le bal du compte d'Orgel. Cocteau écrit Le grand écart entre juillet et octobre.




LE GRAND ECART, 1923







Article de la NRF sur Le grand écart





« Le personnage n’est pas moi, mais il me ressemble par certains côtés. Ce sera un cœur riche et pur mêlé aux bassesses d’une ville et qui marche au bord comme les somnambules au bord d’un toit. Une sensibilité qui désire dans le vague, trouve un jour une réponse courte et se dépense comme s’il s’agissait d’un amour éternel. En somme, les “confessions d’un enfant du siècle” sous une forme très simple et très vivace. » Jean Cocteau.


Jacques Forrestier préparait son baccalauréat. Ses parents, obligés de vivre une année en Touraine, le mirent en pension chez un professeur, monsieur Berlin, rue de l'Estrapade, à Paris. Mais Jacques, qui émeut tant l'imposante madame Berlin, va séduire tout d'abord Louise, qui danse à la Scala. Puis il aimera Germaine, qui elle aussi est dans le spectacle. Puis il y a Nestor, Lazare et Osiris, les amants, les amis, les protecteurs de ces dames. Il y a aussi Paris et la jeunesse qui passe, comme si on faisait un pied de nez au destin.







Edition originale de 1923











Edition de 1926























"N'ayant pas l'apparence qu'il eût souhaitée, ne répondant pas au type idéal qu'il se formait d'un jeune homme, Jacques n'essayait plus de rejoindre ce type dont il se trouvait trop loin. Il enrichissait faiblesses, tics et ridicules jusqu'à les sortir de la gêne. Il les portait, volontiers, au premier plan. A cultiver une terre ingrate, à forcer, à embellir de mauvaises herbes, il avait pris quelque chose de dur qui ne s'accordait guère avec sa douceur.
Ainsi, de mince qu'il était, s'était-il fait maigre ; de nerveux, écorché vif. Coiffant difficilement une chevelure jaune plantée en tous sens, il la portait hirsute"






























« Un samedi soir où tous les élèves étaient sortis, soit dans leur famille, soit au théâtre, Jacques, ayant mal à la gorge, resta seul sur l’étage. Mme Berlin lui monta de la tisane, lui tâta les tempes et le pouls. Jacques s’aperçut vite que la patronne accomplissait la manœuvre de Stopwell ; mais cette fois, au lieu que la froideur suffît à éteindre le feu, elle l’activait, et insensiblement Mme Berlin abandonnait son rôle de seconde mère.
Jacques feignait de n’y rien comprendre et, toussant, poussant les plaintes d’un malade qui cherche le repos, voyait entre les cils Mme Berlin, son esprit dérangé par le désir, comme, à droite, à gauche, son ombre par la bougie, contre les cloisons de la chambre.
Enfin, avec une poigne étonnante, elle lui entraîna la main.
– Jacques ! Jacques ! murmura-t-elle alors, que faites-vous ?
Un bruit de porte cochère le sauva. Mme Berlin lâcha prise, se rajusta, s’envola. »








« Germaine n’était pas de la génération des grandes filles intimidantes qui portent des noms de chevaux de courses. Mais elle avait ce quelque chose d’inaccessible, de surnaturel, qui fait d’un marin sur le quai de Naples ou d’une joueuse de tennis à Houlgate des souvenirs de tristesse. »


























































« Jacques sentait un poids de liège, un poids de marbre, un poids de neige. C’était l’ange de la mort qui accomplissait son œuvre. Il se couche à plat ventre sur ceux qui vont mourir, et pour les statufier guette leur moindre distraction. »













Source : BIU Montpellier



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