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"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
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dimanche 10 novembre 2013





CRUiSiNG, 1980










États-Unis, scénariste et réalisateur William Friedkin. Avec Al Pacino, Paul Sorvino, Karen Allen










1980, New York est la scène d’une série de meurtres d’homosexuels dont on retrouve le torse démembré. La police patine. Le capitaine Edelson (Paul Sorvino) demande alors à Steve Burns (Al Pacino), jeune policier ambitieux qui correspond au profil des victimes d’infiltrer le milieu homosexuel afin d’y traquer l’assassin. Y voyant l’opportunité d’intégrer la criminelle, Burns accepte. Mais cette plongée dans le milieu interlope des boites cuirs SM de New York va entrainer le jeune homme dans un abîme de doute qui va bouleverser sa vision de sa propre identité.










Le réalisateur William Friedkin n’en est pas à son premier film, puisqu’il a déjà réalisé les films cultes, French Connection en 1971 et L’Exorciste en 1973. Cruising raconte le voyage initiatique sombre d’un jeune newyorkais hétérosexuel, sûr des valeurs de la classe moyenne américaine qu’il incarne, dans le monde souterrain du SM Gay. Tout y est. Ce film sent la sueur, la biere et le poppers. Friedkin est allé prospecter dans les bars de West village et les zones de drague de Central Park. Et l’atmosphère obscure du monde de la nuit gay du début des années 80 est extrêmement bien rendue.










Contrairement au roman originel de Gerald Walker où est dépeint un milieu homo beaucoup plus aseptisé, Friedkin décrit de façon crue le comportement de ces hommes en pleine libération sexuelle. Le culte du corps, les clones bodybuildés en T-shirt, l’odeur du cuir, les chaines, les menottes, les bars et les parcs de drague, le réalisateur fait un tour d’horizon d’un milieu encore inconnu du grand public en 80.










Ce que Steve Burns pensait être une enquête un peu spéciale dans un milieu inconnu va se révéler être une plongée dans un gouffre qui va progressivement lui faire perdre ses repères, le rendre vulnérable et le faire douter de ses propres émotions, de ses désirs, de ses pulsions et au final de son identité. Nouant des contacts, des relations puis progressivement des amitiés avec ces acteurs de la nuit homosexuelle, le jeune flic va faire tomber ses préjugés et s’interroger sur ce qu’il est vraiment. La traque du tueur devient celle de son identité.










L’ambiguité finit par l’emporter, de spectateur Burns va devenir acteur, sexuel tout d’abord dans une scène où on le voit disparaitre dans les fourrés, mais aussi sentimental, dans la relation qu’il noue avec Ted, son voisin, un dramaturge gay. Le film a reçu un violent rejet de la part des ligues de vertu bien évidemment, mais aussi des associations homosexuelles qui craignaient une image désastreuse, et ceux-ci ont tout fait pour retarder le tournage en sabotant les prises de vue, faisant du chahut lors des tournages extérieurs, utilisant des réflecteurs.









Même si l’histoire est ténue, le film reposant sur son atmosphère et sa plongée dans le milieu gay SM, il reste tout de même un film violent et angoissant où la tension nerveuse se superpose à la tension sexuelle. Et on le reçoit effrayé mais fasciné. Ce qui peut déplaire encore aujourd’hui est que c’est un film qui dépeint une sexualité agressive et violente où les hommes déambulant dans un milieu souterrain sombre et angoissant sont des clones abaissés au rang d’objet sexuels pour qui tout est permis. Une image restrictive qui peut agacer. Mais ce film a par ailleurs un côté prémonitoire. Il y a effectivement un tueur en série en 1980 dans la communauté homosexuelle. C’est celui du virus du SIDA qui rode. Et combien de ces hommes seront fauchés ?






























BANDE ANNONCE








































































































































































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